Théo Hakola
Paris [Festival Quartiers D'été, Parc De Belleville] - vendredi 04 août 2006 |
Certains lieux peuvent faire beaucoup pour la magie des concerts. Et le festival 'quartiers d'été' les choisit plutôt bien, les lieux. Le parc de Belleville, c'est un peu mon havre de paix, quand je suis vraiment en manque de verdure, sans possibilité d'excursion extra-muros : je monte jusqu'à la maison de l'air, et je surplombe et le parc, et Paris. Le pied.
Juste à côté de la maison de l'air, il y a un amphi en béton. Et le 4 août dernier, devant cet amphi, il y avait des amplis et une batterie. Je ne passais pas là par hasard, c'était marqué dans Lylo: Théo Hakola, concert gratuit au Parc de Belleville. Le temps de prévenir quelques potes qui ne viendront jamais, et me voici sur place. Tout seul, un peu en surplomb : je regarde devant moi, la scène; je tourne la tête à droite, la Tour Eiffel, la Tour Montparnasse, la butte Montmartre.
Théo Hakola, il a fallu que je google un peu pour le remettre. Et écouter quelques trucs vite fait. Ah oui, le pote de Noir Dés', l'auteur de "Il N'Y A Pas De Jolies Filles A Droite", etc... Bon, tant pis, pas le temps, on verra sur place, de toute façon c'est gratuit. Et maintenant, il est à 100 mètres de moi, je le regarde de haut (et hop, un coup d'œil à droite sur Paris): un grand maigre assez élégant, avec un costard noir à la Nick Cave, le même genre de pasteur sataniste mais en blond. Ses musicos -une violoniste, une bassiste, un batteur, un gratteux- sont fringués plutôt clean : on dirait un orchestre de blues. Rien à voir avec ce que j'imaginais de l'univers de ce 'poète maudit'.
Ca démarre doucement: le groupe semble mal à l'aise devant ces bobos avec enfants qui le regardent attentivement, assis sagement sur les marches de l'amphithéâtre de verdure. Quelques blagues intellos - et néanmoins foireuses - du frontman suffisent pourtant à établir le lien qui manquait durant le premier morceau. Le maître de cérémonie peut maintenant commencer sa transe, très intérieure mais réelle. Son chant, limite techniquement, s'insère comme par miracle dans un swamp rock bien cajun, bien sombre, mais très maîtrisé: une espèce de croisement improbable entre Gun Club et Kat Onoma. Le violon fait son effet, mais ce sont bien les guitares qui sont en avant ; Théo n'hésite pas à la martyriser la sienne avec des solos rageurs au bottleneck. L'écriture est travaillée, car les morceaux m'embarquent bien que je n'en connaisse aucun. Beaucoup sont en anglais, même si son répertoire francophone est plutôt étendu pour un américain.
Evidemment, vu la sérénité du lieu, ce n'est pas un concert fusionnel et torride; de plus, Théo Hakola n'est ni Nick Cave, ni Jeffrey Lee Pierce. Pourtant, en moins de deux, il a imposé son univers et mis le public dans sa poche avec ses intermèdes bavards et humoristiques, à la limite de l'autodérision. Après un rappel et un bel hommage du public, le groupe disparaît définitivement dans la petite tente. Je redescends les marches dans la verdure, et je me rends compte que cet enfoiré de ricain a réussi à s'incruster dans ma contemplation de Paris : il est bien parti pour hanter mes prochaines visites en ce lieu.
Juste à côté de la maison de l'air, il y a un amphi en béton. Et le 4 août dernier, devant cet amphi, il y avait des amplis et une batterie. Je ne passais pas là par hasard, c'était marqué dans Lylo: Théo Hakola, concert gratuit au Parc de Belleville. Le temps de prévenir quelques potes qui ne viendront jamais, et me voici sur place. Tout seul, un peu en surplomb : je regarde devant moi, la scène; je tourne la tête à droite, la Tour Eiffel, la Tour Montparnasse, la butte Montmartre.
Théo Hakola, il a fallu que je google un peu pour le remettre. Et écouter quelques trucs vite fait. Ah oui, le pote de Noir Dés', l'auteur de "Il N'Y A Pas De Jolies Filles A Droite", etc... Bon, tant pis, pas le temps, on verra sur place, de toute façon c'est gratuit. Et maintenant, il est à 100 mètres de moi, je le regarde de haut (et hop, un coup d'œil à droite sur Paris): un grand maigre assez élégant, avec un costard noir à la Nick Cave, le même genre de pasteur sataniste mais en blond. Ses musicos -une violoniste, une bassiste, un batteur, un gratteux- sont fringués plutôt clean : on dirait un orchestre de blues. Rien à voir avec ce que j'imaginais de l'univers de ce 'poète maudit'.
Ca démarre doucement: le groupe semble mal à l'aise devant ces bobos avec enfants qui le regardent attentivement, assis sagement sur les marches de l'amphithéâtre de verdure. Quelques blagues intellos - et néanmoins foireuses - du frontman suffisent pourtant à établir le lien qui manquait durant le premier morceau. Le maître de cérémonie peut maintenant commencer sa transe, très intérieure mais réelle. Son chant, limite techniquement, s'insère comme par miracle dans un swamp rock bien cajun, bien sombre, mais très maîtrisé: une espèce de croisement improbable entre Gun Club et Kat Onoma. Le violon fait son effet, mais ce sont bien les guitares qui sont en avant ; Théo n'hésite pas à la martyriser la sienne avec des solos rageurs au bottleneck. L'écriture est travaillée, car les morceaux m'embarquent bien que je n'en connaisse aucun. Beaucoup sont en anglais, même si son répertoire francophone est plutôt étendu pour un américain.
Evidemment, vu la sérénité du lieu, ce n'est pas un concert fusionnel et torride; de plus, Théo Hakola n'est ni Nick Cave, ni Jeffrey Lee Pierce. Pourtant, en moins de deux, il a imposé son univers et mis le public dans sa poche avec ses intermèdes bavards et humoristiques, à la limite de l'autodérision. Après un rappel et un bel hommage du public, le groupe disparaît définitivement dans la petite tente. Je redescends les marches dans la verdure, et je me rends compte que cet enfoiré de ricain a réussi à s'incruster dans ma contemplation de Paris : il est bien parti pour hanter mes prochaines visites en ce lieu.
Parfait 17/20 | par Myfriendgoo |
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