The Do
Biarritz [Festival Roxy Jam - Port Vieux] - dimanche 13 juillet 2008 |
Ah Biarritz ! Son air marin baigné de soleil, ses compet' de surf, sa faune bourgeoise qui parade armée de sourires ultra-bright, sa grande plage squattée au centimètre carré près, ses parkings souterrains où tu peines à garer ta voiture Pierrafeu entre deux Porsche Cayenne... Au Port Vieux, le festival de surf féminin Roxy Jam bat son plein avec une petite soirée de concert... gratuite s'il vous plaît (ça fait moins étalage de richesses j'en conviens).
Arrivée à la bourre vers 20h40 donc, après avoir attendu comme des couillons sur la place Saint Eugénie, croyant que ça se passait là bas ! Un peu dégoûtés, on débarque vers la fin du set en solo de Shara Worden alias My Brightest Diamond, regret d'autant plus important que je venais avant tout pour voir la miss à l'œuvre. En bas de l'amphithéâtre, on trace notre chemin pour nous poser dans le sable à quelques mètres de la petite scène. Le soleil en pleine face, mais quand même heureux de pouvoir imprimer ces quelques instants dans la rétine et les tympans, on se délecte des interprétations très audacieuses de l'"Hymne à l'amour" façon Shara qui reprend Buckley qui reprend Piaf (clair qu'elle doit être dingue de Jeff depuis longtemps, son jeu en est clairement inspiré) ou encore de Prince ("When Doves Cry"). Quelques minutes seulement suffisent pour être conquis par le génie encore trop méconnu émanant de cette dame, bien que les trois quarts du public semblent s'en foutre et n'y accorder au mieux qu'une attention digne d'un apéro-concert de campagne profonde. Il y a des fois où le monde semble câblé à l'envers, comme cet instant, où la voix de Shara accompagnant un overdrive de guitare cradingue me scie sur place – il fallait oser faire ça – alors que les gens alentours n'ont pas l'air spécialement réceptifs. Une histoire de sensibilité, de bon goût ? Le diamant s'éclipse derrière la scène trop rapidement pour ma part. Une seule envie à ce moment : revoir My Brightest Diamond dans des conditions qui rendront justice à son talent hors du commun.
S'ensuit un set DJ mené, si j'ai bien compris, par deux fondateurs du journal des Inrocks, excusez du peu. Si le mix se révèle agréable d'écoute quand c'est un vieux sample de Public Enemy qui fait vibrer le sol sableux, l'affaire tourne vite à l'enchaînement best-of méga-hit propice au déhanchement des biarrottes bronzées sur la plage. "Justin Timberlake meets Estelle powa", il est bon ton de contenter tout le monde vous me direz... Mais il faut voir les deux là sur la scène : deux vrais DJ Winamp, bidons de chez bidons, qui semblent taper la discute pendant une réinstallation de Windows sur leur laptop. Next !
J'avais quelques doutes sur les capacités de The Dø à titiller la fibre émotive du sceptique que j'incarne vis à vis des dernières hypes propulsées par les médias, mais il faut bien avouer qu'il m'a fallu peu de temps pour être amadoué par le duo (trio sur scène) ! Evidemment, quand la belle Olivia débarque avec sa strat' blanche, sous une sorte de manteau gris trop grand pour elle, on fait les yeux doux, on esquisse un sourire. C'est la séance de charme qui débute, face à une petite scène décidément très appropriée (au son parfait), laissant apercevoir les vagues à l'horizon sous un soleil couchant : le cadre idéal ! Musicalement, tout ça respire le rock simple et attachant mais joué subtilement, avec ce qu'il faut d'énergie déployée dans l'interprétation pour éviter les baillements contrariants. A ce titre, le groupe débride ses chansons par rapport aux versions studio, et n'hésite pas à faire durer "The Bridge Is Broken" de longues minutes durant, pour le plus grand plaisir d'une foule de minots captivée par cette débauche d'électricité, pas évidente sur album. Le tube qu'est "On My Shoulders" sera bien évidemment joué, mais on retiendra surtout des pépites telles que l'imparable "At Last", magnifiée par la douceur estivale qui règne ici, "Crazy", superbe reprise des Gnarls Barkley à la sauce mélancolique, ou encore "Stay", ballade fondant sous la langue jouée à la gratte sèche. Et bien que la belle soit obligée de s'y prendre à deux fois avant de débuter la chanson, on adhère à cette justesse, à cet équilibre entre réserve timorée et feeling rock'n'roll lorsqu'elle harangue le public. Les deux autres briscards ne sont pas en reste puisque son acolyte Dan à la basse, aux faux airs de Johnny Depp, injecte son propre sens du groove et du jeu de scène dansant, à donner des coups de pied dans son arbre à clochettes, et Jérémie s'amuse à marteler l'énorme structure faite de plats métalliques entourant son kit de batterie. Rigolo !
Bonheur d'être là très communicatif, charisme naïf, fraîcheur et originalité dans une scène musicale bien souvent terne ou empêtrée dans ses manières, The Dø balaye d'un revers de manche tous les à priori et vous captive instantanément. Il est vrai que pour le coup, le terme "hype" est un peu réducteur...
Arrivée à la bourre vers 20h40 donc, après avoir attendu comme des couillons sur la place Saint Eugénie, croyant que ça se passait là bas ! Un peu dégoûtés, on débarque vers la fin du set en solo de Shara Worden alias My Brightest Diamond, regret d'autant plus important que je venais avant tout pour voir la miss à l'œuvre. En bas de l'amphithéâtre, on trace notre chemin pour nous poser dans le sable à quelques mètres de la petite scène. Le soleil en pleine face, mais quand même heureux de pouvoir imprimer ces quelques instants dans la rétine et les tympans, on se délecte des interprétations très audacieuses de l'"Hymne à l'amour" façon Shara qui reprend Buckley qui reprend Piaf (clair qu'elle doit être dingue de Jeff depuis longtemps, son jeu en est clairement inspiré) ou encore de Prince ("When Doves Cry"). Quelques minutes seulement suffisent pour être conquis par le génie encore trop méconnu émanant de cette dame, bien que les trois quarts du public semblent s'en foutre et n'y accorder au mieux qu'une attention digne d'un apéro-concert de campagne profonde. Il y a des fois où le monde semble câblé à l'envers, comme cet instant, où la voix de Shara accompagnant un overdrive de guitare cradingue me scie sur place – il fallait oser faire ça – alors que les gens alentours n'ont pas l'air spécialement réceptifs. Une histoire de sensibilité, de bon goût ? Le diamant s'éclipse derrière la scène trop rapidement pour ma part. Une seule envie à ce moment : revoir My Brightest Diamond dans des conditions qui rendront justice à son talent hors du commun.
S'ensuit un set DJ mené, si j'ai bien compris, par deux fondateurs du journal des Inrocks, excusez du peu. Si le mix se révèle agréable d'écoute quand c'est un vieux sample de Public Enemy qui fait vibrer le sol sableux, l'affaire tourne vite à l'enchaînement best-of méga-hit propice au déhanchement des biarrottes bronzées sur la plage. "Justin Timberlake meets Estelle powa", il est bon ton de contenter tout le monde vous me direz... Mais il faut voir les deux là sur la scène : deux vrais DJ Winamp, bidons de chez bidons, qui semblent taper la discute pendant une réinstallation de Windows sur leur laptop. Next !
J'avais quelques doutes sur les capacités de The Dø à titiller la fibre émotive du sceptique que j'incarne vis à vis des dernières hypes propulsées par les médias, mais il faut bien avouer qu'il m'a fallu peu de temps pour être amadoué par le duo (trio sur scène) ! Evidemment, quand la belle Olivia débarque avec sa strat' blanche, sous une sorte de manteau gris trop grand pour elle, on fait les yeux doux, on esquisse un sourire. C'est la séance de charme qui débute, face à une petite scène décidément très appropriée (au son parfait), laissant apercevoir les vagues à l'horizon sous un soleil couchant : le cadre idéal ! Musicalement, tout ça respire le rock simple et attachant mais joué subtilement, avec ce qu'il faut d'énergie déployée dans l'interprétation pour éviter les baillements contrariants. A ce titre, le groupe débride ses chansons par rapport aux versions studio, et n'hésite pas à faire durer "The Bridge Is Broken" de longues minutes durant, pour le plus grand plaisir d'une foule de minots captivée par cette débauche d'électricité, pas évidente sur album. Le tube qu'est "On My Shoulders" sera bien évidemment joué, mais on retiendra surtout des pépites telles que l'imparable "At Last", magnifiée par la douceur estivale qui règne ici, "Crazy", superbe reprise des Gnarls Barkley à la sauce mélancolique, ou encore "Stay", ballade fondant sous la langue jouée à la gratte sèche. Et bien que la belle soit obligée de s'y prendre à deux fois avant de débuter la chanson, on adhère à cette justesse, à cet équilibre entre réserve timorée et feeling rock'n'roll lorsqu'elle harangue le public. Les deux autres briscards ne sont pas en reste puisque son acolyte Dan à la basse, aux faux airs de Johnny Depp, injecte son propre sens du groove et du jeu de scène dansant, à donner des coups de pied dans son arbre à clochettes, et Jérémie s'amuse à marteler l'énorme structure faite de plats métalliques entourant son kit de batterie. Rigolo !
Bonheur d'être là très communicatif, charisme naïf, fraîcheur et originalité dans une scène musicale bien souvent terne ou empêtrée dans ses manières, The Dø balaye d'un revers de manche tous les à priori et vous captive instantanément. Il est vrai que pour le coup, le terme "hype" est un peu réducteur...
Très bon 16/20 | par Head |
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