Syd Matters

Lyon [Ninkasi-Kao] - mercredi 14 avril 2004

La porte du métro se referme derrière moi, criarde, et alors que déjà les visages fuyants des passagers s'évanouissent dans le conduit noir, je gravis les quelques marches qui me ramènent à la lumière. Une interminable avenue, des autos clinquantes, des sonos qui crépitent et produisent un amas de sons distordus... J'avance sur quelques mètres puis me ravise... Etrange sensation d'inconnu. Et l'heure qui invariablement dévore la vie...Bien décidé à ne pas rater l'entrée en scène des musiciens, j'entame une course difficile vers le lieu convoité. Devant l'entrée, un petit groupe de jeunes filles s'attache consciencieusement à ôter du mur les affiches du concert annonçant en lettres rouges clinquantes le programme de la soirée : Rhesus + Mellow + Syd Matters... tête d'affiche prometteuse ! Encore essoufflé, je pénètre enfin dans la petite salle du Ninkasi...Reprenant mon souffle, avachi nonchalamment sur le bar, je prête l'oreille à la musique qui culmine au dessus du brouhaha ambiant. Bien mal m'en prenne. C'est en effet la dernière "soupe"de Placebo-Despentes" qui tourne...et en boucle encore. Radicalement anti-euphorisant. C'est donc avec une moue prononcée que je débute le concert...Heureusement, ce dégoût ne sera que passager, Rhesus arrivant à me redonner le sourire grâce à une prestation énergique, bien qu'un peu impersonnelle. Les titres s'enchaînent, sans fioritures, secs et mélodieux, avec en point culminant un(e) "Adjani", tout en sensualité et en retenue, couplé à un "Your Smile Is A Commercial Food" où la délicieuse Laura (basse, synthé et voix) se laisse aller à des chuchotements évocateurs et troublants... Le délicat et volatil "Electricity" vient clore un set plus qu'honorable. La suite le sera tout autant, Mellow s'attachant à distiller une pop colorée, bucolique, aux accents enfantins, surfant entre ballade psyché et folk hivernal, dans une contrée féerique où se côtoient les anges islandais de Mùm et les lutins délicats de Syphone, dans une sorte d'atmosphère souple, légère, fragile et si émouvante. Peu à peu, la musique nous entraîne dans une romance "sucrée salée" radicalement euphorisante, qui aurait pu être carrément jouissive si un foutu c.... n'avait pas hurlé le temps d'une pause, avec un sourire gras : "Vous voulez que je vous remplace ?". Essaye un peu que je me marre, petit cul terreux...Puis vînt le moment d'allégresse qui devait transformer cette soirée en un doux rêve, captivant et sibyllin. Jonathan Morali apparaît, suivi de ces musiciens (j'eu la stupeur de voir un garçon avec lequel je venais d'échanger quelques mots autour d'un verre !!!), s'installe derrière un mini synthé dernier cri, règle son micro, jette un coup d'œil distrait à la salle qui soudain semble attentive et passionnée, puis susurre un "merci", avant de débuter un "Automatic" éthéré, pénétrant, aux sublimes arrangements, électrisant instantanément un parterre émerveillé. La délicatesse et l'émotion sont au rendez-vous et Syd Matters le sait. La joie se lie dans l'expression de chacun des ces musiciens irréprochables, inspirés, à l'ardeur communicative. Un mélange troublant de chaleur et de délicatesse gagne la salle, invariablement. "Battle Of Olympus" et ses gammes chantantes, ses arômes chauds, pénètrent le cœur, avant que "Black & White Eyes", ode à l'amour, ait raison des dernières réticences et mette à nue la raison et l'âme. "Bones", berceuse torturée, serre le cœur, mais ici, tout n'est que bonheur. Aucune douleur, seulement de l'allégresse. En scrutant les gens qui m'entourent, je reconnais les musiciens de Mellow, qui, béats, se laissent transporter par la mélodie tragiquement belle de "Have A Nice Day". Dans une atmosphère intime, "Love & Sleep" fait l'effet d'une merveilleuse déclaration d'amour, d'un artiste et d'un groupe à son public, qui le lui rend bien. Les yeux s'embuent à l'écoute de "End & Start Again", les craintes s'évanouissent et seul reste le plaisir certain d'un moment magique. Pour un rappel mérité (auquel Rhesus se joint bien volontiers), Jonathan et ses amis nous offres un "Stone Man" au sommet. Du plaisir et de du bonheur à foison pour une soirée de grande intensité musicale...


Excellent !   18/20
par Funny Valentine


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