La Route Du Rock
Saint-Malo [Fort De Saint-Père] - samedi 13 août 2016 |
La Route du rock, ce n'est pas que des concerts. Je le savais, mais il m'aura tout de même fallu huit éditions avant de découvrir la conférence de Christophe Brault. Mais une conférence sur le shoegaze, ça ne se rate pas, malgré les appétissantes galettes dans les crêperies et le soleil éclatant qui inonde la plage, comme le fait remarquer le conférencier lui-même dans son introduction. Armé d'un diaporama sur grand écran, d'un paperboard anti-sèche et d'un I-pod branché sur une grosse enceinte, elle-même relayée par la sono du théâtre Chateaubriand, le petit bonhomme branché sur 220 volts arpente la scène frénétiquement, pris dans son sujet, et navigue à vue entre la "grande" histoire de l'universitaire, les petites histoires du fan et des écoutes de morceaux (très bien) choisis, agrémentées de solos de air guitar. Après avoir balayé le concept (un croisement des mélodies des Beach Boys avec le bruit du Velvet, ou plus près de nous de la pop-punk des Ramones et des Buzzcocks avec la dream-pop onirique des Cocteau Twins), et le contexte (les évolutions technologiques, la crise du rock et l'émergence du rap, de la musique électronique et du métal), il rentre dans le vif du sujet avec le premier single bien abrasif de Jesus & Mary Chain. En bon historien, il définit (pour simplifier) deux époques : celle de la noisy-pop (1985-1988), plus aventureuse, et celle du shoegaze proprement dit (1989-1992), plus produit. My Bloody Valentine occupe une place particulière dans cette histoire, puisque la première mouture est plutôt rattachée à la première époque, tandis que l'arrivée de Bilinda Butcher au chant et le soin croissant à la production en fait le groupe majeur de la seconde époque. Tout en présentant les groupes emblématiques (Pale Fountains, Pale Saints, House of Love, Ride, Lush, Swervedriver...), il ne néglige pas les pièce rapportées (The Wedding Present, The Boo Radleys...), et s'arrête également sur des second couteaux talentueux (The Charlottes et leur fabuleuse reprise de " Venus "), ou les très rares rejetons américains (Ultra Vivid Scene, Medicine). Il termine en évoquant la mort du mouvement, enseveli sous la vague grunge américaine et dissous dans la britpop naissante, puis le revival des dix dernières années des deux côtés de l'Atlantique (A Place to Bury Strangers, The Pains of Being Pure at Heart, No Age...). Un exposé brillant et instructif par un personnage éminemment sympathique, une dizaine d'extraits et une trentaine de groupes évoqués, un des grands moments de cette Route du rock de mon point de vue. D'autant que j'ai pu acheter en avant-première son ouvrage consacré au rock garage, sorti quelques jours plus tard...
Il me reste un peu de temps pour aller me baigner sur la plage Bonsecours (rebaptisée "Swatch" par les rois du marketing) avec la surf-pop mélancolique de Requin Chagrin en fond sonore. Le nom ne m'inspirait pas des masses, mais le peu que j'en entend me donne envie d'y jeter une oreille supplémentaire. Loin d'être hors-sujet en tout cas après la conférence.
L'apéro intra-muros s'étant prolongé, je rate Ulrika Spacek (avec regrets) et LUH (sans regrets) pour arriver un peu avant le début du concert des Tindersticks. Il faut savoir que tous les ans, la Route du rock invite l'homme le plus classe du monde ; l'an dernier c'était Father John Misty, en 2012 le chanteur des Walkmen. Cette année, comme en 2008 (et en 2006 en solo au Palais du Grand Large), c'est Stuart Staples qui s'y colle. Quelque part entre Leonard Cohen et Marvin Gaye, il nous susurre une soul music très belle, très lente et plutôt désespérée ; pas très pêchu pour un samedi soir.
Heureusement pour la majorité du public venue pour s'amuser, c'est La Femme qui prend le relais. Une sorte d'électro-pop-punk déjantée dans l'attitude mais somme toute très classique musicalement. J'écoute de très loin leurs hymnes aux mycoses et leurs "Est-ce que vous êtes rock?" trop fréquents (le premier était déjà superflu) et je profite de l'accalmie aux stands de bouffe pour m'envoyer un chili (pas bon), pendant qu'une chenille géante peine à se mettre en place dans la fosse.
Après cette pause festive, retour à une musique cérébrale : la blonde Anika débarque sur la scène des remparts avec son nouveau projet Exploded View. N'étant pas très familier de son kraut-rock-post-punk assez lent et peu mélodique, je décroche assez rapidement. Elle était censée passer avant La Femme, mais le groupe serait arrivé en retard, d'où le changement d'ordre. Au moins, elle aura préparé nos oreilles pour Suuns, qui évolue dans un registre assez proche bien qu'un peu plus accessible. Je suis agréablement surpris par la prestation des montréalais, vue la teneur de plus en plus synthétique de leurs albums. L'abus du son de Didgeridoo en conserve se ressent aussi en live, mais la présence de morceaux du premier album et l'implication du groupe laissent une impression d'ensemble plutôt positive. Malheureusement, l'annulation tardive de The Field n'a permis d'avancer le concert de Battles que de 20 minutes, et je n'ai pas le courage de poireauter 50 minutes au milieu des fêtards pour voir enfin ce groupe abonné aux clôtures de soirées de festoches.
Une soirée plutôt frustrante au bout du compte, puisque j'ai raté deux des groupes que j'attendais le plus, bêtement positionnés en ouverture et en clôture. Mais je m'endors un peu moins inculte grâce à Christophe Brault et ça, ça n'a pas de prix.
Il me reste un peu de temps pour aller me baigner sur la plage Bonsecours (rebaptisée "Swatch" par les rois du marketing) avec la surf-pop mélancolique de Requin Chagrin en fond sonore. Le nom ne m'inspirait pas des masses, mais le peu que j'en entend me donne envie d'y jeter une oreille supplémentaire. Loin d'être hors-sujet en tout cas après la conférence.
L'apéro intra-muros s'étant prolongé, je rate Ulrika Spacek (avec regrets) et LUH (sans regrets) pour arriver un peu avant le début du concert des Tindersticks. Il faut savoir que tous les ans, la Route du rock invite l'homme le plus classe du monde ; l'an dernier c'était Father John Misty, en 2012 le chanteur des Walkmen. Cette année, comme en 2008 (et en 2006 en solo au Palais du Grand Large), c'est Stuart Staples qui s'y colle. Quelque part entre Leonard Cohen et Marvin Gaye, il nous susurre une soul music très belle, très lente et plutôt désespérée ; pas très pêchu pour un samedi soir.
Heureusement pour la majorité du public venue pour s'amuser, c'est La Femme qui prend le relais. Une sorte d'électro-pop-punk déjantée dans l'attitude mais somme toute très classique musicalement. J'écoute de très loin leurs hymnes aux mycoses et leurs "Est-ce que vous êtes rock?" trop fréquents (le premier était déjà superflu) et je profite de l'accalmie aux stands de bouffe pour m'envoyer un chili (pas bon), pendant qu'une chenille géante peine à se mettre en place dans la fosse.
Après cette pause festive, retour à une musique cérébrale : la blonde Anika débarque sur la scène des remparts avec son nouveau projet Exploded View. N'étant pas très familier de son kraut-rock-post-punk assez lent et peu mélodique, je décroche assez rapidement. Elle était censée passer avant La Femme, mais le groupe serait arrivé en retard, d'où le changement d'ordre. Au moins, elle aura préparé nos oreilles pour Suuns, qui évolue dans un registre assez proche bien qu'un peu plus accessible. Je suis agréablement surpris par la prestation des montréalais, vue la teneur de plus en plus synthétique de leurs albums. L'abus du son de Didgeridoo en conserve se ressent aussi en live, mais la présence de morceaux du premier album et l'implication du groupe laissent une impression d'ensemble plutôt positive. Malheureusement, l'annulation tardive de The Field n'a permis d'avancer le concert de Battles que de 20 minutes, et je n'ai pas le courage de poireauter 50 minutes au milieu des fêtards pour voir enfin ce groupe abonné aux clôtures de soirées de festoches.
Une soirée plutôt frustrante au bout du compte, puisque j'ai raté deux des groupes que j'attendais le plus, bêtement positionnés en ouverture et en clôture. Mais je m'endors un peu moins inculte grâce à Christophe Brault et ça, ça n'a pas de prix.
Sympa 14/20 | par Myfriendgoo |
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