Kevin Morby
Paris [Le Trabendo] - vendredi 11 novembre 2016 |
Le onze novembre dernier, j'ai pleuré.
Pourtant, c'est en voulant réchauffer mon coeur que je me suis rendu au Trabendo pour voir l'ami Kevin Morby, tête d'affiche de cette soirée organisée par la Route du Rock. Embarqué dans une longue tournée pour défendre son impeccable troisième album, c'est la quatrième fois que le jeune troubadour nous rend visite cette année. Fan de la première heure, je ne pouvais pas le manquer. Pas après une semaine aussi déprimante. Pas après Trump. Pas un an après le Bataclan. Pas quand j'ai appris au réveil la disparition de Leonard Cohen. Après une longue journée pluvieuse à réécouter le poète canadien, j'ai trouvé le courage de me lever pour chercher réconfort auprès de son jeune héritier américain.
En retard, j'ai manqué la prestation de Meg Baird qui, tout comme Kevin, a quitté l'Est du pays pour s'exiler en Californie et composer d'intemporelles ritournelles folk. Résident toujours à New York et visiblement secoué par les résultats de l'élection américaine, Steve Gunn monte sur scène le visage creusé, la mine défaite. Le temps d'accorder sa guitare, il prévient que le coeur n'y est pas mais qu'il reste la musique. La sienne est pleine de contrastes et, le long d'un set traversé de silences pesants, de doux arpèges succéderont à de féroces cavalcades. L'ancien guitariste de Kurt Vile a le regard perdu au loin, on ne sait pas s'il aperçoit de sombres nuages ou un horizon plus lumineux. Les amateurs du Loner et de John Fahey apprécient cette performance orageuse, intense et sans concessions.
Quand Kevin Morby monte sur scène, l'atmosphère s'apaise. Parfaite introduction au dernier album, "Cut Me Down" fonctionne aussi très bien pour ouvrir le set. Accompagné de musiciens soudés et qu'il mène avec une vraie fougue, Morby pioche dans les trésors de sa courte discographie et n'hésite pas à donner un coup de fouet à ses morceaux les plus lancinants - les chansons fleuves "Harlem River" et "Singing Saw", traversées de jams furieuses où toute la troupe s'en donne à coeur joie. Enthousiaste, le public acclame les tubes évidents ("Dorothy", "I Have Been to the Mountain") et a les yeux qui brillent face aux ballades douce-amères ("All of My Life", "Destroyer).
Déjà bien ému par ce chaleureux rassemblement, je commence à avoir les mains qui tremblent quand Kevin mentionne son bonheur d'être ici, de jouer chaque soir dans ce monde de merde. Je commence à me dire qu'être venu ici vaut bien tous les concerts de Sting au Bataclan. Que oui, aussi évident que ça puisse paraître, il faut parfois le redire : la musique est le meilleur des remèdes à la mélancolie. Le mal par le mal. Et tiens, en passant, "fuck Trump". Ses cheveux longs lui barrant le visage, le barde entonne alors "Beautiful Strangers", son hymne à l'amour qui nique la mort :
"Pray for Paris
They cannot scare us
Or stop the music
If I die too young, if the gunmen come, I'm full of love"
Alors je pleure. Je pleure parce que je pense à la mort. Je pense aux autres. Je pense à la suite. Et pour enfoncer le clou, le voilà qui se lance dans une reprise de Cohen, le trop rare "Passing Through" (à réécouter sur Live Songs). Oui, on ne fait que passer. Parfois heureux, parfois triste. Tout ce qu'on peut faire, c'est de notre mieux avec le temps qui nous est imparti. J'ai bien fait de venir en ce soir d'armistice. D'espoir ?
Pourtant, c'est en voulant réchauffer mon coeur que je me suis rendu au Trabendo pour voir l'ami Kevin Morby, tête d'affiche de cette soirée organisée par la Route du Rock. Embarqué dans une longue tournée pour défendre son impeccable troisième album, c'est la quatrième fois que le jeune troubadour nous rend visite cette année. Fan de la première heure, je ne pouvais pas le manquer. Pas après une semaine aussi déprimante. Pas après Trump. Pas un an après le Bataclan. Pas quand j'ai appris au réveil la disparition de Leonard Cohen. Après une longue journée pluvieuse à réécouter le poète canadien, j'ai trouvé le courage de me lever pour chercher réconfort auprès de son jeune héritier américain.
En retard, j'ai manqué la prestation de Meg Baird qui, tout comme Kevin, a quitté l'Est du pays pour s'exiler en Californie et composer d'intemporelles ritournelles folk. Résident toujours à New York et visiblement secoué par les résultats de l'élection américaine, Steve Gunn monte sur scène le visage creusé, la mine défaite. Le temps d'accorder sa guitare, il prévient que le coeur n'y est pas mais qu'il reste la musique. La sienne est pleine de contrastes et, le long d'un set traversé de silences pesants, de doux arpèges succéderont à de féroces cavalcades. L'ancien guitariste de Kurt Vile a le regard perdu au loin, on ne sait pas s'il aperçoit de sombres nuages ou un horizon plus lumineux. Les amateurs du Loner et de John Fahey apprécient cette performance orageuse, intense et sans concessions.
Quand Kevin Morby monte sur scène, l'atmosphère s'apaise. Parfaite introduction au dernier album, "Cut Me Down" fonctionne aussi très bien pour ouvrir le set. Accompagné de musiciens soudés et qu'il mène avec une vraie fougue, Morby pioche dans les trésors de sa courte discographie et n'hésite pas à donner un coup de fouet à ses morceaux les plus lancinants - les chansons fleuves "Harlem River" et "Singing Saw", traversées de jams furieuses où toute la troupe s'en donne à coeur joie. Enthousiaste, le public acclame les tubes évidents ("Dorothy", "I Have Been to the Mountain") et a les yeux qui brillent face aux ballades douce-amères ("All of My Life", "Destroyer).
Déjà bien ému par ce chaleureux rassemblement, je commence à avoir les mains qui tremblent quand Kevin mentionne son bonheur d'être ici, de jouer chaque soir dans ce monde de merde. Je commence à me dire qu'être venu ici vaut bien tous les concerts de Sting au Bataclan. Que oui, aussi évident que ça puisse paraître, il faut parfois le redire : la musique est le meilleur des remèdes à la mélancolie. Le mal par le mal. Et tiens, en passant, "fuck Trump". Ses cheveux longs lui barrant le visage, le barde entonne alors "Beautiful Strangers", son hymne à l'amour qui nique la mort :
"Pray for Paris
They cannot scare us
Or stop the music
If I die too young, if the gunmen come, I'm full of love"
Alors je pleure. Je pleure parce que je pense à la mort. Je pense aux autres. Je pense à la suite. Et pour enfoncer le clou, le voilà qui se lance dans une reprise de Cohen, le trop rare "Passing Through" (à réécouter sur Live Songs). Oui, on ne fait que passer. Parfois heureux, parfois triste. Tout ce qu'on peut faire, c'est de notre mieux avec le temps qui nous est imparti. J'ai bien fait de venir en ce soir d'armistice. D'espoir ?
Parfait 17/20 | par Dylanesque |
Setlist:
Cut Me Down
Dorothy
Harlem River
All of My Life
Destroyer
I Have Been to the Mountain
Tiny Fires
Miles, Miles, Miles
Singing Saw
Beautiful Strangers
Black Flowers
Passing Through (Leonard Cohen cover)
>>>>
Parade
The Ballad of Arlo Jones
Cut Me Down
Dorothy
Harlem River
All of My Life
Destroyer
I Have Been to the Mountain
Tiny Fires
Miles, Miles, Miles
Singing Saw
Beautiful Strangers
Black Flowers
Passing Through (Leonard Cohen cover)
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Parade
The Ballad of Arlo Jones
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