Sunn O)))
Toulouse [Vent Du Sud] - dimanche 19 février 2006 |
Le concert chroniqué ici se trouve faire suite à celui de Earth. Autant dire que Sunn O))) aura fort à faire pour convaincre, tant le précédent set fut flamboyant (voir chronique).
Pour se remettre doucement, rafraichissements alcoolisés et commentaires enthousiastes de la claque mise par Carlson se succèdent. Je reste un peu sceptique sur la capacité du groupe à enchaîner derrière leur maitre, même si leurs derniers albums respectifs demontrent deux personnalités maintenant bien differenciées.
Provient alors des hauts parleurs de la salle une melopée plaintive, lancinante, des chants religieux, que mon maigre bagage théologique ne me permet pas de situer: messe, chants tibetains, polyphonies corses atonales ? Toujours est-il que le procédé est habile: la salle se tourne peu à peu vers la scène et vient se placer lentement devant l'autel, prête à sacrifier ses dernières capacités auditives. Ici ou là, on commence à se caler des hosties dans les oreilles, parce que quand même, vu le mur d'amplis, faut pas déconner... On sourit tous un peu, gentiment, aux chants susmentionnés, dans l'attente. Des canons à fumée commencent alors à s'activer. Peu à peu, la tension monte: le déversement est continu, l'opacité de la scène se fait totale, je ne vois plus que mon voisin, à un mètre de moi. Les sourires se font ricanements, l'effet est réussi, une sorte de malaise, dû à la perte de repère, s'immisce sourdement dans l'assistance... Dans le mur de fumée, je distingue deux points incandéscents: nos précheurs sont sur scène, clopes au bec, la messe est sur le point de commencer.
On distingue encore à peine les silhouettes quand un riff monstrueux, atonal me transperce de part en part: la puissance du son est monumentale. Les muscles bandés, on tente inutilement les premières secondes de resister à l'agression sonique, puis, de guerre lasse, on se laisse pénétrer par les vibrations. Il est impossible de s'apercevoir à l'écoute de l'album combien la musique (?) de Sunn O))) est physique. On est ici véritablement ''habité'' par le son, tant celui-ci s'inscrit au plus profond de nos chairs, muscles et viscères. Noyé dans le bruit, on est empli du liquide noir, toxique, abrasif, que vomissent en torrents les amplis, devenus des vannes, deversant une lave glaciale et psychotrope... Le monstre quadricéphale (deux guitares, une basse, un moog) est bientôt rejoint d'un cinquième encapuchonné, chanteur (?) famélique et visiblement dérangé de Xasthur. Il harangue la foule, medusée, de râles monocordes, tandis qu'O Malley sacrifie sa guitare au Dieu Ampli, produisant des larsens déchirants. Il est maintenant impossible de savoir quand tout ceci à debuté, comment on va s'en sortir: plus personne ne se regarde, plus personne ne parle, plus personne ne bouge. Le monstre nous tient dans sa gueule et nous secoue pour nous déchiqueter, patiemment, balançant sa gigantesque tête de droite à gauche, sans qu'aucune résistance ne soit envisageable. Chaque accalmie, qui laisserait entrevoir une porte de sortie à ce mauvais trip d'acide est bouchée dans l'instant par un riff, un hurlement, qui vous replaque au sol pour être sur d'en finir avec vous...
Et soudain tout s'arrête, plus de bruit, plus de noir, le corps vibre encore, les oreilles saignent, nos yeux vitreux se réacclimatent, difficilement, au monde extérieur.
On s'assoit alors au sol, le plus proche d'un mur où s'adosser, avec l'impression d'avoir vécu une experience innénarrable, comme une messe ''Cthulhienne'', dédiée à une religion interdite et malsaine, où l'on aurait vendu son âme contre un peu de cette drogue si violente... Inoubliable.
Pour se remettre doucement, rafraichissements alcoolisés et commentaires enthousiastes de la claque mise par Carlson se succèdent. Je reste un peu sceptique sur la capacité du groupe à enchaîner derrière leur maitre, même si leurs derniers albums respectifs demontrent deux personnalités maintenant bien differenciées.
Provient alors des hauts parleurs de la salle une melopée plaintive, lancinante, des chants religieux, que mon maigre bagage théologique ne me permet pas de situer: messe, chants tibetains, polyphonies corses atonales ? Toujours est-il que le procédé est habile: la salle se tourne peu à peu vers la scène et vient se placer lentement devant l'autel, prête à sacrifier ses dernières capacités auditives. Ici ou là, on commence à se caler des hosties dans les oreilles, parce que quand même, vu le mur d'amplis, faut pas déconner... On sourit tous un peu, gentiment, aux chants susmentionnés, dans l'attente. Des canons à fumée commencent alors à s'activer. Peu à peu, la tension monte: le déversement est continu, l'opacité de la scène se fait totale, je ne vois plus que mon voisin, à un mètre de moi. Les sourires se font ricanements, l'effet est réussi, une sorte de malaise, dû à la perte de repère, s'immisce sourdement dans l'assistance... Dans le mur de fumée, je distingue deux points incandéscents: nos précheurs sont sur scène, clopes au bec, la messe est sur le point de commencer.
On distingue encore à peine les silhouettes quand un riff monstrueux, atonal me transperce de part en part: la puissance du son est monumentale. Les muscles bandés, on tente inutilement les premières secondes de resister à l'agression sonique, puis, de guerre lasse, on se laisse pénétrer par les vibrations. Il est impossible de s'apercevoir à l'écoute de l'album combien la musique (?) de Sunn O))) est physique. On est ici véritablement ''habité'' par le son, tant celui-ci s'inscrit au plus profond de nos chairs, muscles et viscères. Noyé dans le bruit, on est empli du liquide noir, toxique, abrasif, que vomissent en torrents les amplis, devenus des vannes, deversant une lave glaciale et psychotrope... Le monstre quadricéphale (deux guitares, une basse, un moog) est bientôt rejoint d'un cinquième encapuchonné, chanteur (?) famélique et visiblement dérangé de Xasthur. Il harangue la foule, medusée, de râles monocordes, tandis qu'O Malley sacrifie sa guitare au Dieu Ampli, produisant des larsens déchirants. Il est maintenant impossible de savoir quand tout ceci à debuté, comment on va s'en sortir: plus personne ne se regarde, plus personne ne parle, plus personne ne bouge. Le monstre nous tient dans sa gueule et nous secoue pour nous déchiqueter, patiemment, balançant sa gigantesque tête de droite à gauche, sans qu'aucune résistance ne soit envisageable. Chaque accalmie, qui laisserait entrevoir une porte de sortie à ce mauvais trip d'acide est bouchée dans l'instant par un riff, un hurlement, qui vous replaque au sol pour être sur d'en finir avec vous...
Et soudain tout s'arrête, plus de bruit, plus de noir, le corps vibre encore, les oreilles saignent, nos yeux vitreux se réacclimatent, difficilement, au monde extérieur.
On s'assoit alors au sol, le plus proche d'un mur où s'adosser, avec l'impression d'avoir vécu une experience innénarrable, comme une messe ''Cthulhienne'', dédiée à une religion interdite et malsaine, où l'on aurait vendu son âme contre un peu de cette drogue si violente... Inoubliable.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par William bla(k)e |
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