Fatalists
Wayward Navigation |
Label :
Gamma Proforma |
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En 2017, il faut se faire une raison, le noise-rock n'est pas franchement à la mode. Mais une mode ça passe, et le démodé finira bien par revenir sur le devant de la scène! Enfin, il faut bien admettre que notre bon vieux noise-rock devrait peut-être y mettre aussi un peu du sien. C'est pourtant pas ce qui manque des disques jouant sur ce registre! Mais quoi alors...? Est-ce qu'il ne compterait pas un peu trop sur ses acquis? Est-ce qu'il n'aurait quand même pas un peu tendance à rester dans sa zone de confort? Bon, on ne demande pas non plus une révolution! Mais qu'au moins on cesse de ne compter que sur tel ou tel plan répété, comme dans tel ou tel morceau culte de tel ou tel artiste culte...sans rien d'autre à coté. Le poids des illustres figures est-il trop lourd à dépasser? On dirait bien, on a vraiment du mal à sortir des schémas clichés du genre dans le noise-rock en 2017.
Parmi les quelques disques intéressants arrivant à s'en sortir plus qu'honorablement voici donc Fatalists, un groupe discret en provenance de Edimbourg qui part sur un pourtant très classique basse-batterie-guitare. Wayward Navigation est déjà leur troisème album, un assez court neuf titres qui pourtant fourmille de petits trucs en plus. Chacun des instruments est richement exploité, et on sent que les mecs y sont terriblement attachés. Ici point d'application à enchaîner gratuitement les formules gagnantes. Les trois de Fatalists cherchent avant toute autre chose à nous construire une petite histoire unique à chaque morceau. C'est une approche assez mentale, il faut bien l'avouer. Jamais, ou rarement, un morceau de Fatalists ne s'embarque ni ne se lâche. La maîtrise de la barque est le mot d'ordre, et même si les morceaux changent très souvent de direction, ça n'est jamais dans l'urgence. Tout est finement et lentement développé. Anti-punk alors Fatalists? Oh que non, car il y a sur toute la durée du disque une tension continue. On sent qu'on n'est pas loin d'éclater et de partir sur un déluge grunge libérateur. Mais non...le groupe reste dans sa maîtrise et continue son histoire alambiquée malgré nos attentes un peu frustrées, toujours sur le même fil tendu. Et franchement, sur la durée, au final, c'est clairement ça qui est bon. La fuite des facilités.
Il ne faut pas non plus cependant penser que ce Wayward Navigation passe son temps à se regarder le nombril, fermé à l'auditeur. Le disque est dense, riche, complexe, mais il prend son temps, et c'est cette substance lui donnant beaucoup de fond qui le rend attachant et intéressant à découvrir. Comme tout bon groupe de noise-rock, le son de guitare est largement teinté de blues. Ici, il est sans conteste l'élément réchauffant de la musique. Une bien belle guitare qui régulièrement aussi laisse entendre une influence psychédélique progressive très années 70. Malgré le caractère fort de ce disque, Fatalist ne s'empêche pas pour autant quelques clins d'oeil explicites aux références du genre. Ainsi "Different Tribe", plus Sonic Youth que Sonic Youth, durant lequel on regrette presque de ne pas voir débarquer Kim Gordon. Ainsi "Bitter Blood" tout droit sorti d'un très bon disque de The Jesus Lizard. Enfin, impossible de ne pas évoquer les qualités de la basse qui ondule tranquillement tout le long du disque, comme un lourd serpent menaçant toujours imprévisible. Quelle assurance, quelle classe! Retenons le rampant "Skeleton Ship" sur lequel elle roule des mécaniques, style force tranquille, sombre et sensuelle, qui lui donne des airs de swamp rock australien. Une sacré démonstration des qualités du groupe!
Ce troisième disque est donc une réussite, tout comme l'était déjà le précédent d'ailleurs. Mais, malheureusement pour eux, il semblerait que ce ne soit pas encore pour ce coup-ci qu'ils sortent de l'ombre. Gageons que Fatalists a de tout de façon encore beaucoup de choses à raconter; on a hâte de découvrir le prochain disque!
Parmi les quelques disques intéressants arrivant à s'en sortir plus qu'honorablement voici donc Fatalists, un groupe discret en provenance de Edimbourg qui part sur un pourtant très classique basse-batterie-guitare. Wayward Navigation est déjà leur troisème album, un assez court neuf titres qui pourtant fourmille de petits trucs en plus. Chacun des instruments est richement exploité, et on sent que les mecs y sont terriblement attachés. Ici point d'application à enchaîner gratuitement les formules gagnantes. Les trois de Fatalists cherchent avant toute autre chose à nous construire une petite histoire unique à chaque morceau. C'est une approche assez mentale, il faut bien l'avouer. Jamais, ou rarement, un morceau de Fatalists ne s'embarque ni ne se lâche. La maîtrise de la barque est le mot d'ordre, et même si les morceaux changent très souvent de direction, ça n'est jamais dans l'urgence. Tout est finement et lentement développé. Anti-punk alors Fatalists? Oh que non, car il y a sur toute la durée du disque une tension continue. On sent qu'on n'est pas loin d'éclater et de partir sur un déluge grunge libérateur. Mais non...le groupe reste dans sa maîtrise et continue son histoire alambiquée malgré nos attentes un peu frustrées, toujours sur le même fil tendu. Et franchement, sur la durée, au final, c'est clairement ça qui est bon. La fuite des facilités.
Il ne faut pas non plus cependant penser que ce Wayward Navigation passe son temps à se regarder le nombril, fermé à l'auditeur. Le disque est dense, riche, complexe, mais il prend son temps, et c'est cette substance lui donnant beaucoup de fond qui le rend attachant et intéressant à découvrir. Comme tout bon groupe de noise-rock, le son de guitare est largement teinté de blues. Ici, il est sans conteste l'élément réchauffant de la musique. Une bien belle guitare qui régulièrement aussi laisse entendre une influence psychédélique progressive très années 70. Malgré le caractère fort de ce disque, Fatalist ne s'empêche pas pour autant quelques clins d'oeil explicites aux références du genre. Ainsi "Different Tribe", plus Sonic Youth que Sonic Youth, durant lequel on regrette presque de ne pas voir débarquer Kim Gordon. Ainsi "Bitter Blood" tout droit sorti d'un très bon disque de The Jesus Lizard. Enfin, impossible de ne pas évoquer les qualités de la basse qui ondule tranquillement tout le long du disque, comme un lourd serpent menaçant toujours imprévisible. Quelle assurance, quelle classe! Retenons le rampant "Skeleton Ship" sur lequel elle roule des mécaniques, style force tranquille, sombre et sensuelle, qui lui donne des airs de swamp rock australien. Une sacré démonstration des qualités du groupe!
Ce troisième disque est donc une réussite, tout comme l'était déjà le précédent d'ailleurs. Mais, malheureusement pour eux, il semblerait que ce ne soit pas encore pour ce coup-ci qu'ils sortent de l'ombre. Gageons que Fatalists a de tout de façon encore beaucoup de choses à raconter; on a hâte de découvrir le prochain disque!
Excellent ! 18/20 | par Pab |
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