John Fahey
The Dean Dub |
Label :
Concrete Pig |
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En 1999, au détour d'un concert, John Fahey croise le directeur du petit label underground Concrete Pig Records et lui file trois cassettes qu'il a concocté dans son coin. En 2017, le mec les édite en format digital sur le bandamp du label. Et devinez quoi ? L'une de ces trois cassettes est peut-être la meilleure chose expérimentale que Fahey a jamais couché sur bandes.
J'inaugure : The Dean Dub, longue méditation en 8 parties sur laquelle le John explore les possibilités qu'offre son passage de l'acoustique à l'électrique. Avec ses pédales, Fahey utilise des boucles mystique qui résonnent avec une régularité hypnotique tandis que lui-même improvise ce qui lui passe par la tête ; des vieux thèmes mélodiques qui reviennent, des explorations inédites, de la dissonance à fond les ballons, du bruitisme passager... de sombres drones viennent parfois envelopper les errances solitaires du John pour le transporter un peu plus près des cieux (voilà comment on fait du primitivisme avec du drone/de l'ambient, que tous les relous inoffensifs qui s'y sont essayés en pensant qu'avoir une couche de son en arrière plan donnerait de la profondeur à leurs poncifs arrêtent deux secondes le valium et viennent en prendre de la graine).
En 1999, Fahey se bat férocement contre le "fingerpicking", s'échinant à désapprendre ces motifs de jeu machinaux qui habitent ses doigts fatigués ; la voie est ailleurs. Le John de cette période n'est plus vraiment intéressé par les mélodies. On l'imagine plus volontiers la tête penchée vers le corps de sa guitare, à écouter attentivement le timbre des notes plus que leur justesse, et la manière dont elles résonnent. Et comme elles résonnent ici... l'écho des notes compte presque plus que la note elle même. Chaque élément sonore, porté par la magie à l'œuvre, prend un sens quasi-spirituel. Rien qu'en laissant glisser ses doigts sur les cordes, Fahey émet un son qui évoque un cri de sirène. Que n'aurais-je pas donné pour être une mouche volant dans la pièce au moment où il enregistra cette cassette... peut-être mon bourdonnement aurait-il été intégré dans cette formidable tapisserie lo-fi ?
De cette époque on garde bien sûr l'excellent (et admirablement construit) Womblife, le plus incertain City of Refuge, l'autiste et fougueux Hitomi... mais The Dean Dub a quelque chose d'encore différent ; bien plus brut, plus solitaire encore, et de ce fait peut-être plus proche de l'âme du guitariste. Je ne pensais pas retrouver de nouvelles incarnations de Fahey 16 ans après sa mort, et certainement pas quelque chose d'aussi pur et - véritablement - inédit.
J'inaugure : The Dean Dub, longue méditation en 8 parties sur laquelle le John explore les possibilités qu'offre son passage de l'acoustique à l'électrique. Avec ses pédales, Fahey utilise des boucles mystique qui résonnent avec une régularité hypnotique tandis que lui-même improvise ce qui lui passe par la tête ; des vieux thèmes mélodiques qui reviennent, des explorations inédites, de la dissonance à fond les ballons, du bruitisme passager... de sombres drones viennent parfois envelopper les errances solitaires du John pour le transporter un peu plus près des cieux (voilà comment on fait du primitivisme avec du drone/de l'ambient, que tous les relous inoffensifs qui s'y sont essayés en pensant qu'avoir une couche de son en arrière plan donnerait de la profondeur à leurs poncifs arrêtent deux secondes le valium et viennent en prendre de la graine).
En 1999, Fahey se bat férocement contre le "fingerpicking", s'échinant à désapprendre ces motifs de jeu machinaux qui habitent ses doigts fatigués ; la voie est ailleurs. Le John de cette période n'est plus vraiment intéressé par les mélodies. On l'imagine plus volontiers la tête penchée vers le corps de sa guitare, à écouter attentivement le timbre des notes plus que leur justesse, et la manière dont elles résonnent. Et comme elles résonnent ici... l'écho des notes compte presque plus que la note elle même. Chaque élément sonore, porté par la magie à l'œuvre, prend un sens quasi-spirituel. Rien qu'en laissant glisser ses doigts sur les cordes, Fahey émet un son qui évoque un cri de sirène. Que n'aurais-je pas donné pour être une mouche volant dans la pièce au moment où il enregistra cette cassette... peut-être mon bourdonnement aurait-il été intégré dans cette formidable tapisserie lo-fi ?
De cette époque on garde bien sûr l'excellent (et admirablement construit) Womblife, le plus incertain City of Refuge, l'autiste et fougueux Hitomi... mais The Dean Dub a quelque chose d'encore différent ; bien plus brut, plus solitaire encore, et de ce fait peut-être plus proche de l'âme du guitariste. Je ne pensais pas retrouver de nouvelles incarnations de Fahey 16 ans après sa mort, et certainement pas quelque chose d'aussi pur et - véritablement - inédit.
Excellent ! 18/20 | par X_Wazoo |
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