Peter Ivers

Nirvana Peter

Nirvana Peter

 Label :     Warner Bros 
 Sortie :    1985 
 Format :  Compilation / CD  Vinyle   

Récemment, Netflix a proposé le film A Stupid and Futile Gesture, realisé par Will Forte, ancient du Saturday Night Live. Un biopic très honorable sur l'histoire de Doug Kenney, fondateur du magazine humoristique National Lampoon, réalisateur de films culte comme Animal House ou Caddyshack et pape de l'humour gras des seventies aux USA. En 1980, Kenney est mort d'une chute ou d'un suicide à Hawaï.

Dans son entourage, il y avait pas mal de stars du SNL, dont Bill Murray et John Belushi. Celui qui nous intéresse et que je suis heureux d'avoir redécouvert récemment, c'est un certain Peter Ivers. On l'aperçoit quelques secondes dans le film, en train de jouer de l'harmonica. Doug Kenney l'a rencontré à Harvard. Tous les deux avaient une passion pour l'humour mais pour Peter, c'est la musique qui a pris le dessus. Il a commencé sa carrière en 69 en signant chez Epic (ce qui lui a tout de même permis de collaborer avec Marvin Gaye) avant de décrocher un contrat chez Warner.

Durant sa trop courte carrière, Peter Ivers a su garder un pied dans l'humour à la Kenney et dans l'avant-garde, collaborant aussi bien avec David Lynch sur la bande-originale de Eraserhead qu'avec des trucs plus mainstreams produits par son pote Ron Howard ou en première partie de Fleetwood Mac. Avec Franne Golde, il a formé un duo de songwriter bossant dans l'ombre pour Diana Ross ou le japonais Kimiko Kasai. Et surtout, avec l'aide d'Harold Ramis, c'est lui qui est à l'origine du New Wave Theatre, émission de variété bizarre et underground diffusée à L.A. entre 80 et 83. Jouant les présentateurs, l'ancien de Harvard mélangeait philosophie et bruit en invitant des groupes comme Bad Religion, les Dead Kennedys ou The Circle Jerks. Un Monsieur Loyal de la scène punk/new-wave politisé de la Côte Ouest qui a su utiliser ses contacts pour prêcher la bonne parole.

Beaucoup plus douce, sensible et mélodique, sa musique a influencé un tas de branleurs d'aujourd'hui, de Ariel Pink à Mac DeMarco en passant par n'importe quel type qui expérimente un peu avec des mélodies pop désaccordées. Il n'a sorti que quatre véritables albums mais l'idéal pour le redécouvrir, en plus des nombreux extraits trouvables sur Youtube, c'est la compilation posthume tendrement nommée Nirvana Peter. Il y a tout ce qui fait le charme bizarre du bonhomme avec des tubes aussi immédiats que bizarres. "Miraculous Weekend" et "Love is a Jungle" sont des tueries et "Free the Funk" n'a rien à envier à l'énergie et la drôlerie d'un Jonathan Richman. Vous irez m'écouter ça si vous avez une soudaine envie d'un Daniel Johnston bien produit ou d'un Brian Wilson qui bande encore.

Peter Ivers était en avance sur son temps mais avait aussi tout à fait compris comment se jouer de la superficialité des eighties et d'un Hollywood où il côtoyait le gratin. C'était un électron libre et un grand joueur d'harmonica, "le meilleur" selon Muddy Waters en personne.

Le 3 mars 1983, on l'a retrouvé le crâne en morceaux dans son appart à Los Angeles. Le meurtrier l'a tué à coup de marteau et ne sera jamais identifié. L'enquête est toujours ouverte aujourd'hui.

Voilà ce qu'il disait en intro de son émission
"Il était coutume en Grèce Antique de faire circuler un squelette au début de chaque banquet pour nous rappeler notre mortalité. Aujourd'hui, ce n'est que lors des enterrements que l'on redécouvre la tragédie de la vie. Personne ne veut qu'on lui rappelle le passage du temps, surtout s'il passe du bon temps."
Alors les amis, passez du bon temps avec Peter avant que, pour vous aussi, il ne soit trop tard.


Excellent !   18/20
par Dylanesque


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