S. Carey
Hundred Acres |
Label :
Jagjaguwar |
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Après deux albums et deux EP de bonne tenue sortis depuis 2010, S. Carey (S. pour Sean) nous propose cette année son troisième effort, intitulé Hundred Acres. Habitué à chanter et à jouer de la batterie et autres percussions, ainsi que les claviers, au sein de Bon Iver, il a aussi mis à profit les pauses plus ou moins longues octroyées par Justin Vernon entre deux sorties de son projet à succès pour enregistrer sa propre musique. Et bien lui en a pris d'agir de nouveau de cette façon, à la suite du ô combien dispensable 22, A Million. Contrairement à son leader, qui s'était perdu à cette occasion dans d'inexplicables et inécoutables divagations électroniques d'un mauvais goût très prononcé, Carey, lui, n'a pas dévié de sa ligne de conduite, sa musique baignant toujours dans cette délicate ambiance indie folk, légèrement jazzy, atmosphérique et naturaliste (la pochette et le thème général de l'album en témoignent). Il semble même atteindre, sur ce nouveau disque, une certaine plénitude dans sa musique, puisqu'il est parvenu à gommer les quelques défauts de ses opus précédents. Là où auparavant il pouvait se laisser aller à certaines digressions instrumentales, qui pouvaient un tant soit peu faire perdre le fil du disque à l'auditeur et dégager une monotonie qui desservait au final les compositions sur la longueur, les morceaux de Hundred Acres sont plus immédiats et digestes, plus rythmés aussi, en partie grâce à des formats un peu plus resserrés qu'à l'accoutumée, ce qui donne l'impression que S. Carey se disperse moins et est davantage concentré sur ses chansons en elles-mêmes, plutôt que sur leur apparat, leur ornementation. En résulte un album particulièrement cohérent, fluide, sans temps mort ni faiblesse.
Comme à son habitude, Carey fait preuve d'un indéniable talent d'arrangeur et d'orchestrateur, tant les ambiances éthérées, les atmosphères cotonneuses qu'il élabore sont superbement travaillées et posées, conférant une dimension très ample, spatiale à l'ensemble du disque, qui respire de toute part. Les deux premiers titres en sont une belle preuve, le superbe et flottant "Rose Petals" d'abord, qui retranscrit parfaitement cette idée d'espace infini qui se dévoile à nous, et le non moins réussi "Hideout" ensuite, aux orchestrations lumineuses. "True North" est également paré de ces brillants arrangements. Quelques réminiscences bon iveriennes (des chœurs, certaines instrumentations) se font entendre ça et là et nous ramènent en territoire connu, Justin Vernon intervenant en personne sur deux morceaux, "Yellowstone" et "Emery". "More I See" est l'exemple le plus probant de la paisible évolution du musicien : sur une rythmique plus appuyée qu'à l'ordinaire, il déploie une musique gracieuse, aérée, dépourvue du moindre artifice, sa voix fragile renforçant le côté intime du morceau. "Fool's Gold", la piste suivante, creuse pareillement ce même sillon, les touches de synthés et la présence d'une pedal steel lui donnant un côté plus atmosphérique et brumeux. Enfin, la méditative "Meadow Song" clôt cette douce rêverie avec élégance, les cordes étant de nouveau de sortie, et nous laisse à notre trouble et à notre émerveillement devant ce modeste bijou qui brille par son équilibre et son harmonie globale. L'ensemble est maîtrisé de bout en bout par S. Carey, qui nous propose avec cet Hundred Acres son œuvre la plus aboutie. Gageons qu'il mettra tout aussi bien à profit la prochaine période de pause qui suivra, à n'en pas douter, le prochain album de Bon Iver.
Comme à son habitude, Carey fait preuve d'un indéniable talent d'arrangeur et d'orchestrateur, tant les ambiances éthérées, les atmosphères cotonneuses qu'il élabore sont superbement travaillées et posées, conférant une dimension très ample, spatiale à l'ensemble du disque, qui respire de toute part. Les deux premiers titres en sont une belle preuve, le superbe et flottant "Rose Petals" d'abord, qui retranscrit parfaitement cette idée d'espace infini qui se dévoile à nous, et le non moins réussi "Hideout" ensuite, aux orchestrations lumineuses. "True North" est également paré de ces brillants arrangements. Quelques réminiscences bon iveriennes (des chœurs, certaines instrumentations) se font entendre ça et là et nous ramènent en territoire connu, Justin Vernon intervenant en personne sur deux morceaux, "Yellowstone" et "Emery". "More I See" est l'exemple le plus probant de la paisible évolution du musicien : sur une rythmique plus appuyée qu'à l'ordinaire, il déploie une musique gracieuse, aérée, dépourvue du moindre artifice, sa voix fragile renforçant le côté intime du morceau. "Fool's Gold", la piste suivante, creuse pareillement ce même sillon, les touches de synthés et la présence d'une pedal steel lui donnant un côté plus atmosphérique et brumeux. Enfin, la méditative "Meadow Song" clôt cette douce rêverie avec élégance, les cordes étant de nouveau de sortie, et nous laisse à notre trouble et à notre émerveillement devant ce modeste bijou qui brille par son équilibre et son harmonie globale. L'ensemble est maîtrisé de bout en bout par S. Carey, qui nous propose avec cet Hundred Acres son œuvre la plus aboutie. Gageons qu'il mettra tout aussi bien à profit la prochaine période de pause qui suivra, à n'en pas douter, le prochain album de Bon Iver.
Parfait 17/20 | par Poukram |
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