Kate Bush
Hounds Of Love |
Label :
EMI |
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Rétrospectivement, The Dreaming (1982) est considéré comme l'un des meilleurs albums de Kate Bush et l'un des favoris de ses fans. À l'époque, pourtant, le disque a été loin de faire l'unanimité, divisant aussi bien le public que les critiques : pas assez commercial, bizarre, fou, trop complexe. Suite à cet échec, la jeune Kate Bush a besoin de prendre du recul ; elle a à peine 24 ans et vient d'enchaîner quatre albums en quatre ans. Elle reviendra trois ans plus tard avec une véritable pièce de maître, souvent perçue comme son chef d'œuvre : Hounds of Love.
Plus facile d'accès probablement, porté par quelques singles brillants assurément, Hounds of Love n'est, au fond, pas moins complexe, ni moins extravagant, que son prédécesseur. Il y a tout d'abord la forme, celle d'un album divisé en deux parties, aux atmosphères très distinctes : Hounds of Love – composé de cinq titres, dont les quatre singles produits par le disque – et The Ninth Wave – face conceptuelle composée de sept morceaux plus expérimentaux, et censé décrire la dérive en mer d'une personne seule en pleine nuit. Et il y a ensuite, et surtout, le fond : extrêmement riche, le cinquième album de Kate est un voyage sonique comme nos oreilles en rencontrent peu. Tantôt minimaliste, tantôt foisonnant d'idées et d'éléments, Hounds of Love est un magma : imprévisible, captivant, bouillonnant. De la pop, de la new wave, des instruments du bout du monde (didgeridoo, balalaïka, fujara,...), de la musique celtique, une chorale chantant un chant géorgien, des bruitages, un sample d'un film d'horreur, des voix parlées, des incantations de sorcières : voilà un bout de ce que Hounds of Love a à nous offrir, véritable conte de fées musical, dont l'étrange magie ensorcellera le public averti.
Malgré l'extrême hétérogénéité de la deuxième face, chaque morceau est relié à celui qui le suit, sans que l'on soit pour autant dérouté. On passe ainsi du tonitruant "Waking the Witch" au paisible "Watching You Without Me" sans sourciller. Le premier est lui-même coupé en deux : à une relativement longue et reposante intro au piano parsemée de multiples voix humaines qui, parfois, se répondent, fait suite une expérience sonore tout à fait unique : "qu'est-ce donc cette diablerie ?", se demanderait un personnage de film bien connu. Kate Bush met en musique un procès de sorcières dans lequel une multitude de personnages interviennent : un juge à la voix diabolique, la femme accusée de sorcellerie, les habitants. Le tout est parsemé d'invocations latines et, se termine par l'hélicoptère de The Wall du Floyd. Difficile d'imaginer morceau plus barré que celui-là. Et c'est absolument magique.
Plus pop, la première face est riche de quelques-uns des meilleurs singles de Bush : "Running Up That Hill" évidemment, mais aussi "Cloudbusting", "Hounds of Love" et "The Big Sky". Les deux premiers font sans doute partie des plus beaux singles des années 1980. Comment résister au sensuel "Running Up That Hill" ou à l'hypnotique et majestueux "Cloudbusting" et ses superbes cordes ? Plus pop, disions-nous, mais néanmoins très arty et originaux par leurs structures, leurs thématiques, leurs arrangements et cette façon de mêler instruments 'world' (la balalaïka de "Running Up That Hill", le didgeridoo de "The Big Sky") au (alors) futuriste synthétiseur échantillonneur Fairlight CMI.
Hounds of Love est l'un de ses rares albums qui mêlent succès commercial et populaire à une exigence musicale implacable et un profond souci d'expérimentation. Kate Bush n'arrivera plus à réitérer une telle excellence. D'autres disques viendront et parviendront également à séduire (citons notamment The Sensual World (1989) ou le dernier en date, particulièrement réussi, 50 Words for Snow (2011)), mais jamais comme peut le faire Hounds of Love, Venus de Milo de l'artiste.
Plus facile d'accès probablement, porté par quelques singles brillants assurément, Hounds of Love n'est, au fond, pas moins complexe, ni moins extravagant, que son prédécesseur. Il y a tout d'abord la forme, celle d'un album divisé en deux parties, aux atmosphères très distinctes : Hounds of Love – composé de cinq titres, dont les quatre singles produits par le disque – et The Ninth Wave – face conceptuelle composée de sept morceaux plus expérimentaux, et censé décrire la dérive en mer d'une personne seule en pleine nuit. Et il y a ensuite, et surtout, le fond : extrêmement riche, le cinquième album de Kate est un voyage sonique comme nos oreilles en rencontrent peu. Tantôt minimaliste, tantôt foisonnant d'idées et d'éléments, Hounds of Love est un magma : imprévisible, captivant, bouillonnant. De la pop, de la new wave, des instruments du bout du monde (didgeridoo, balalaïka, fujara,...), de la musique celtique, une chorale chantant un chant géorgien, des bruitages, un sample d'un film d'horreur, des voix parlées, des incantations de sorcières : voilà un bout de ce que Hounds of Love a à nous offrir, véritable conte de fées musical, dont l'étrange magie ensorcellera le public averti.
Malgré l'extrême hétérogénéité de la deuxième face, chaque morceau est relié à celui qui le suit, sans que l'on soit pour autant dérouté. On passe ainsi du tonitruant "Waking the Witch" au paisible "Watching You Without Me" sans sourciller. Le premier est lui-même coupé en deux : à une relativement longue et reposante intro au piano parsemée de multiples voix humaines qui, parfois, se répondent, fait suite une expérience sonore tout à fait unique : "qu'est-ce donc cette diablerie ?", se demanderait un personnage de film bien connu. Kate Bush met en musique un procès de sorcières dans lequel une multitude de personnages interviennent : un juge à la voix diabolique, la femme accusée de sorcellerie, les habitants. Le tout est parsemé d'invocations latines et, se termine par l'hélicoptère de The Wall du Floyd. Difficile d'imaginer morceau plus barré que celui-là. Et c'est absolument magique.
Plus pop, la première face est riche de quelques-uns des meilleurs singles de Bush : "Running Up That Hill" évidemment, mais aussi "Cloudbusting", "Hounds of Love" et "The Big Sky". Les deux premiers font sans doute partie des plus beaux singles des années 1980. Comment résister au sensuel "Running Up That Hill" ou à l'hypnotique et majestueux "Cloudbusting" et ses superbes cordes ? Plus pop, disions-nous, mais néanmoins très arty et originaux par leurs structures, leurs thématiques, leurs arrangements et cette façon de mêler instruments 'world' (la balalaïka de "Running Up That Hill", le didgeridoo de "The Big Sky") au (alors) futuriste synthétiseur échantillonneur Fairlight CMI.
Hounds of Love est l'un de ses rares albums qui mêlent succès commercial et populaire à une exigence musicale implacable et un profond souci d'expérimentation. Kate Bush n'arrivera plus à réitérer une telle excellence. D'autres disques viendront et parviendront également à séduire (citons notamment The Sensual World (1989) ou le dernier en date, particulièrement réussi, 50 Words for Snow (2011)), mais jamais comme peut le faire Hounds of Love, Venus de Milo de l'artiste.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Rebecca Carlson |
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