The Clean
Boodle Boodle Boodle |
Label :
Flying Nun |
||||
(L'auteur de cette chronique est un chieur qui ne veut pas noter la musique. Par défaut, il met 20/20 partout et cette note n'engage que ceux qui veulent la prendre au sérieux)
A l'évocation de Pavement, sans qu'on lui demande quoi que ce soit, le pékin moyen fan de musique indé un peu snobinard pourra parler de toutes les chansons qu'il veut, tôt ou tard il finira par caser qu'ils ont tout pompé à The Fall. Il vous citera "Conduit for Sale!", ajoutera peut-être que feu Mark E. Smith avait dit ceci ou cela et ça n'en finira jamais, vous serez obligé de vous taper un argumentaire mille fois entendu. Si vous avez déjà vécu cette scène (ce n'est pas mon cas, je ne fais que lire les pénibles commentaires que le pékin moyen laisse partout où il va - sur youtube, sur reddit, sur le skyblog de ma cousine nymphomane), je vous propose un moyen économique de briller en société et de rabattre le caquet à votre déplaisant et prévisible interlocuteur (quoique probablement imaginaire puisque je vous rappelle que je n'ai jamais rencontré de pareil énergumène dans la vraie vie).
Ce moyen c'est de dégainer votre walkman, d'y enfourner gracieusement une cassette contenant Boodle Boodle Boodle, le premier EP du trio néo-zélandais The Clean, paru en 1981, et de chausser les écouteurs du walkman dans les oreilles vermoulues de l'histrion indé. De lui-même, il constatera la nonchalante parenté mélodique qui unit le groupe californien et son homologue kiwi par delà les mers et les océans. Et ce, quel que soit le chanteur principal puisque dans ce groupe génial, chacun des membres du groupe peut assumer ce rôle.
Revenons à notre Fall guy. Regardez son visage se décomposer au fur et à mesure qu'avancent les morceaux. Cette mâchoire qui se décroche, c'est le refrain de "Billy Two". Ces yeux exorbités, c'est pour celui de "Thumbs Off" chanté à l'unisson par les frangins Kilgour et Robert Scott. Ces lèvres qui frémissent toutes seules, la tête qui fait "non" en silence comme s'il n'en revenait pas de l'évidence mélodique qui s'impose à lui, c'est symptomatique, il est passé à "Anything Could Happen". Quand vous verrez ses pupilles se perdre dans le vide, c'est que la bonhommie foutraque de "Sad Eyed Lady" sera venue le frapper de plein fouet. Et, vers la fin, ces doigts qui claquent, ce hochement de nuque régulier... Tiens, ça doit être "Point That Thing Somewhere Else", le motorik expérimental chelou des antipodes est en train de le gagner. Quant à ce regard joyeux qui ne l'a pas quitté tout le long des 16 minutes 30 de cet EP ? C'est les guitares proto-jangle pop et la production lo-fi du 4-pistes de Chris Knox, à qui on doit également la pochette (1).
Une fois finie l'expérience, si vous sentez l'incrédulité ou la mauvaise foi gagner votre interlocuteur, vous pouvez enfoncer le clou. Exhibit A, la filiation du répertoire : Faites-lui écouter la reprise d'Odditty par Pavement. Montez-lui une des nombreuses vidéos où on voit Stephen Malkmus reprendre "Thumbs Off". Exhibit B, la filiation du matos : Parlez-lui de la pédale de distorsion néo-zélandaise Hot Cake que les membres de Pavement ont immédiatement adoptée après avoir tourné avec The Clean et The 3Ds (2) (histoire de conserver toute votre indie cred, gardez-vous bien de signaler que Noel Gallagher est également fan de cette pédale).
Si ça ne prend pas, qu'il a encore envie de déblatérer sur The Fall, ou qu'il a tout simplement mieux à faire que de vous entendre déblatérer sur The Clean, ce n'est pas bien grave. Parce qu'à mon avis, de nos jours, on ne déblatère pas assez sur The Clean. Et, du coup, tous les moyens sont bons pour y arriver. Y compris de s'inventer un interlocuteur en chair et en os et une cousine nympho. Ou de séquestrer pendant trois plombes une conversation portant initialement sur Pavement alors que personne ne vous a rien demandé.
A l'évocation de Pavement, sans qu'on lui demande quoi que ce soit, le pékin moyen fan de musique indé un peu snobinard pourra parler de toutes les chansons qu'il veut, tôt ou tard il finira par caser qu'ils ont tout pompé à The Fall. Il vous citera "Conduit for Sale!", ajoutera peut-être que feu Mark E. Smith avait dit ceci ou cela et ça n'en finira jamais, vous serez obligé de vous taper un argumentaire mille fois entendu. Si vous avez déjà vécu cette scène (ce n'est pas mon cas, je ne fais que lire les pénibles commentaires que le pékin moyen laisse partout où il va - sur youtube, sur reddit, sur le skyblog de ma cousine nymphomane), je vous propose un moyen économique de briller en société et de rabattre le caquet à votre déplaisant et prévisible interlocuteur (quoique probablement imaginaire puisque je vous rappelle que je n'ai jamais rencontré de pareil énergumène dans la vraie vie).
Ce moyen c'est de dégainer votre walkman, d'y enfourner gracieusement une cassette contenant Boodle Boodle Boodle, le premier EP du trio néo-zélandais The Clean, paru en 1981, et de chausser les écouteurs du walkman dans les oreilles vermoulues de l'histrion indé. De lui-même, il constatera la nonchalante parenté mélodique qui unit le groupe californien et son homologue kiwi par delà les mers et les océans. Et ce, quel que soit le chanteur principal puisque dans ce groupe génial, chacun des membres du groupe peut assumer ce rôle.
Revenons à notre Fall guy. Regardez son visage se décomposer au fur et à mesure qu'avancent les morceaux. Cette mâchoire qui se décroche, c'est le refrain de "Billy Two". Ces yeux exorbités, c'est pour celui de "Thumbs Off" chanté à l'unisson par les frangins Kilgour et Robert Scott. Ces lèvres qui frémissent toutes seules, la tête qui fait "non" en silence comme s'il n'en revenait pas de l'évidence mélodique qui s'impose à lui, c'est symptomatique, il est passé à "Anything Could Happen". Quand vous verrez ses pupilles se perdre dans le vide, c'est que la bonhommie foutraque de "Sad Eyed Lady" sera venue le frapper de plein fouet. Et, vers la fin, ces doigts qui claquent, ce hochement de nuque régulier... Tiens, ça doit être "Point That Thing Somewhere Else", le motorik expérimental chelou des antipodes est en train de le gagner. Quant à ce regard joyeux qui ne l'a pas quitté tout le long des 16 minutes 30 de cet EP ? C'est les guitares proto-jangle pop et la production lo-fi du 4-pistes de Chris Knox, à qui on doit également la pochette (1).
Une fois finie l'expérience, si vous sentez l'incrédulité ou la mauvaise foi gagner votre interlocuteur, vous pouvez enfoncer le clou. Exhibit A, la filiation du répertoire : Faites-lui écouter la reprise d'Odditty par Pavement. Montez-lui une des nombreuses vidéos où on voit Stephen Malkmus reprendre "Thumbs Off". Exhibit B, la filiation du matos : Parlez-lui de la pédale de distorsion néo-zélandaise Hot Cake que les membres de Pavement ont immédiatement adoptée après avoir tourné avec The Clean et The 3Ds (2) (histoire de conserver toute votre indie cred, gardez-vous bien de signaler que Noel Gallagher est également fan de cette pédale).
Si ça ne prend pas, qu'il a encore envie de déblatérer sur The Fall, ou qu'il a tout simplement mieux à faire que de vous entendre déblatérer sur The Clean, ce n'est pas bien grave. Parce qu'à mon avis, de nos jours, on ne déblatère pas assez sur The Clean. Et, du coup, tous les moyens sont bons pour y arriver. Y compris de s'inventer un interlocuteur en chair et en os et une cousine nympho. Ou de séquestrer pendant trois plombes une conversation portant initialement sur Pavement alors que personne ne vous a rien demandé.
Intemporel ! ! ! 20/20 | par Santiagoo |
(1) Afin d'éviter toute redite, et au risque de passer pour un chroniqueur égo-centré, cf. cette chronique consacrée à Weeville http://www.xsilence.net/disque-10961.htm
(2) https://www.pedal-of-the-day.com/2017/03/23/weekly ... -kannberg/
(2) https://www.pedal-of-the-day.com/2017/03/23/weekly ... -kannberg/
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