M.I.A.
Matangi |
Label :
Interscope |
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L'année 2013 a été globalement une belle année pour la musique, de mon point de vue : les retours géniaux et inattendus de My Bloody Valentine et David Bowie, de très bons disques de Nick Cave and the Bad Seeds, Yo La Tengo, Grant Hart, Arcade Fire, Nine Inch Nails, la première mixtape de Kelela, et j'en passe : bref, un bon crû assurément. Cependant, comme au rayon d'un supermarché, au milieu des bonnes bouteilles, se cachent aussi des vins affreux, et 2013 aura apporté son lot d'infamies. Matangi de M.I.A. en est un exemple.
Pourtant tout commençait bien. M.I.A. est posée très rapidement, dès son premier disque, sur un piédestal : artiste engagée, déjantée, multiculturelle, et visionnaire qui concocte une musique unique, perméable de toutes les influences, des rues de Brooklyn aux studios de Bollywood, des trottoirs de Kingston aux boîtes de nuit londoniennes. Il faut dire que les premiers albums (Arular et Kala) sont tout à fait fameux. Et après un troisième disque (Maya), pas déplaisant, mais clairement moins renversant, M.I.A. semblait remise de cette baisse de régime à coup de "Bad Girls", premier single impeccable de Matangi, quatrième album tant attendu.
Teasé à mort, maintes fois reporté (apparemment par la maison de disques), Matangi verra le jour dans les bacs (ou sur la toile, ça fait plus 2013) près de deux ans après la sortie du premier single "Bad Girls". Entre-temps, différents singles auront suivi, et l'excitation suscitée par le premier flétrira au fil des chansons révélées. Il y a tout d'abord ce "Bring the Noize" : un boucan de tous les diables. Si vous cherchez un mal de tête prétexte pour vous servir un petit remontant, ce titre est pour vous. Comment décrire ce morceau ? M.I.A. qui débite trente-cinq mots à la seconde, sur une superposition de sons irritants, et des ‘dem-dem-dem-(...)-dem-dem-dem-(...)-dem-free-freekdom' qui reviennent inlassablement comme ultime leitmotiv de la migraine. Après ce "Bring the Noize" bien nommé, M.I.A. sortira comme troisième single, "Come Walk with Me". Autre objet sonore non identifié. La mélodie, pourtant, n'est pas dégueulasse, mais il y a ce vocoder sur la voix de M.I.A. sur tout le long du morceau qui la fait sonner comme Daisy, madame Donald Duck. Et parsemés ci et là, il y a ces intermèdes 'instrumentaux', un mélange particulièrement désagréable de tecktonik et de world beat accompagné de bruitages divers (comme, par exemple, le petit bruit quand vous augmentez ou diminuez le son sur un Mac). L'enthousiasme généré par "Bad Girls" prend largement l'eau ; M.I.A. capable du meilleur – comme sur ce titre hip-hop très mélodique qui puise allègrement dans des sonorités moyen-orientales – comme du pire – sur les deux autres singles précités sur lesquels se côtoient un florilège d'influences, mais sans aucune harmonie, un peu comme si l'on associait pantalon léopard, chemise à carreaux, bombers fuchsia et une bague à chaque doigt. Et tout l'album est comme ça. La paire composée de "Exodus", en featuring avec The Weeknd, et "Bad Girls", située judicieusement au cœur de l'album, apparaît comme l'unique oasis au milieu de ce désert âpre où le bon goût n'est même plus un mirage, mais un souvenir. "Exodus" est tellement bon au milieu de ce gloubi-boulga bruitiste que M.I.A. aura l'audace de le mettre deux fois sur l'album : le dernier titre, "Sexodus", est en réalité "Exodus" avec une lettre en plus. Il manquait plus qu'un remix de "Bad Girls" et Matangi aurait été à 25% bon.
La déception créée par ce disque, qui sonne comme une auto-parodie, a été grande, et elle n'a été que confirmée trois ans plus tard à la sortie de son soi-disant dernier album, AIM (2016), infâme lui aussi. Sur cinq albums sortis, seuls les deux premiers valent clairement le détour, ce qui me conduit à l'idée que M.I.A. aura été un météore dans l'histoire de la musique : deux disques merveilleux, d'une fraîcheur incroyable à l'époque, de hautes espérances placées très vite sur ses épaules, mais cette incapacité à réitérer sur la longueur l'excellence.
Pourtant tout commençait bien. M.I.A. est posée très rapidement, dès son premier disque, sur un piédestal : artiste engagée, déjantée, multiculturelle, et visionnaire qui concocte une musique unique, perméable de toutes les influences, des rues de Brooklyn aux studios de Bollywood, des trottoirs de Kingston aux boîtes de nuit londoniennes. Il faut dire que les premiers albums (Arular et Kala) sont tout à fait fameux. Et après un troisième disque (Maya), pas déplaisant, mais clairement moins renversant, M.I.A. semblait remise de cette baisse de régime à coup de "Bad Girls", premier single impeccable de Matangi, quatrième album tant attendu.
Teasé à mort, maintes fois reporté (apparemment par la maison de disques), Matangi verra le jour dans les bacs (ou sur la toile, ça fait plus 2013) près de deux ans après la sortie du premier single "Bad Girls". Entre-temps, différents singles auront suivi, et l'excitation suscitée par le premier flétrira au fil des chansons révélées. Il y a tout d'abord ce "Bring the Noize" : un boucan de tous les diables. Si vous cherchez un mal de tête prétexte pour vous servir un petit remontant, ce titre est pour vous. Comment décrire ce morceau ? M.I.A. qui débite trente-cinq mots à la seconde, sur une superposition de sons irritants, et des ‘dem-dem-dem-(...)-dem-dem-dem-(...)-dem-free-freekdom' qui reviennent inlassablement comme ultime leitmotiv de la migraine. Après ce "Bring the Noize" bien nommé, M.I.A. sortira comme troisième single, "Come Walk with Me". Autre objet sonore non identifié. La mélodie, pourtant, n'est pas dégueulasse, mais il y a ce vocoder sur la voix de M.I.A. sur tout le long du morceau qui la fait sonner comme Daisy, madame Donald Duck. Et parsemés ci et là, il y a ces intermèdes 'instrumentaux', un mélange particulièrement désagréable de tecktonik et de world beat accompagné de bruitages divers (comme, par exemple, le petit bruit quand vous augmentez ou diminuez le son sur un Mac). L'enthousiasme généré par "Bad Girls" prend largement l'eau ; M.I.A. capable du meilleur – comme sur ce titre hip-hop très mélodique qui puise allègrement dans des sonorités moyen-orientales – comme du pire – sur les deux autres singles précités sur lesquels se côtoient un florilège d'influences, mais sans aucune harmonie, un peu comme si l'on associait pantalon léopard, chemise à carreaux, bombers fuchsia et une bague à chaque doigt. Et tout l'album est comme ça. La paire composée de "Exodus", en featuring avec The Weeknd, et "Bad Girls", située judicieusement au cœur de l'album, apparaît comme l'unique oasis au milieu de ce désert âpre où le bon goût n'est même plus un mirage, mais un souvenir. "Exodus" est tellement bon au milieu de ce gloubi-boulga bruitiste que M.I.A. aura l'audace de le mettre deux fois sur l'album : le dernier titre, "Sexodus", est en réalité "Exodus" avec une lettre en plus. Il manquait plus qu'un remix de "Bad Girls" et Matangi aurait été à 25% bon.
La déception créée par ce disque, qui sonne comme une auto-parodie, a été grande, et elle n'a été que confirmée trois ans plus tard à la sortie de son soi-disant dernier album, AIM (2016), infâme lui aussi. Sur cinq albums sortis, seuls les deux premiers valent clairement le détour, ce qui me conduit à l'idée que M.I.A. aura été un météore dans l'histoire de la musique : deux disques merveilleux, d'une fraîcheur incroyable à l'époque, de hautes espérances placées très vite sur ses épaules, mais cette incapacité à réitérer sur la longueur l'excellence.
Sans intérêt 8/20 | par Rebecca Carlson |
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