Odezenne
Sans. Chantilly |
Label :
Universeul |
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Sans sucre ajouté et sans arôme artificiel. Un condensé de ce qu'ils savent faire de mieux.
Un ton blasé et pinçant qui évoque le Klub des Loosers et ses odes nihilistes, des instrumentaux fouillés qui fleurent bon le trip-hop, voire le rock alternatif (l'ombre de Radiohead, une influence très vite assumée, plane sur nombres de titres), le tout porté par 3 petites têtes bordelaises souvent embrumées, par la fumée ou l'alcool, de préférence les deux en même temps.
Les deux premières caboches se téléscopent à Bordeaux aux alentours de 2004, et reprennent les choses là où elles les avaient laissées quelques années auparavant, alors qu'elles jouaient ensemble dans un petit groupe de rock. Cette fois, le duo a de l'ambition, et il commence à monter un projet solide. Mattia à la guitare et Alix aux textes, ils croisent leurs influences de manière habile pour créer un "rap-jazz" hybride. Quelques temps après, ils font la rencontre de Jacques, dit Jacco, qui travaille dans le milieu artisitique parisien avec la soeur d'Alix, et qui ramène sa fraise à Bordeaux pour les beaux yeux d'une femme. L'histoire ne dit pas si la belle en valait la peine, mais elle permit au moins la rencontre des 3 comparses, et le début d'une sacrée aventure ...
En 2008, le trio a affiné son style, s'est trouvé un nom et l'a fait entendre : il se trouve sur la piste de décollage. Ils ont suffisamment de chansons pour enregistrer un double album, rien que ça, qu'ils concoivent comme des grands, et commencent à diffuser avec leur propre label "universeul". Un travail qu'ils achèvent à la sueur de leur front, un rigueur placide qui caractérise aussi leurs textes, souvent sombres, parfois doux-amer, toujours réalistes. Car ils parlent de vécus.
Le grand Alix est solennel, et nous cause d'un monde qui se casse la gueule sur lui-même avec l'impeccable intro "Assez", manifeste anti-consumériste, tandis que Jacco est plus mutin, et scrute d'un oeil circonspect le balai des camés en bas de sa fenêtre. Le tableau est ainsi posé : les deux acolytes de strophe affectionnent des flows bien distincts, mais bougrement complémentaires, notamment dans ce ton blasé, reflet du quotidien morne des banlieues dans lesquelles ils ont tout deux grandi.
Nostalgiques de la grisaille. Plusieurs extraits de vieux films (dont Gaspar Noé) et les instrumentations jazzy (faites maison par l'inlassable multi-tâches Mattia, jeune guitariste qui tombe un jour amoureux du sampling et fait ses armes sur des prods techno avant de devenir touche-à-tout) attestent de cette tendresse à l'égard du vintage.
Car ils sont déjà bien vieux, pour des nouveaux. Jacco a quitté les bancs de l'école bien vite, pour apprendre à vivre par lui-même. Il séjourne alors à Rungis, à faire de la manutention pendant dix ans, à transformer son amertume en force. Ses textes bien agencés en poche, il s'engage dans une asso culturelle où il donne vie à ses créations, avant de rencontrer la soeur d'Alix, puis cette fameuse gonzesse qui l'amènera à Bordeaux. Sa partie sur "Tic-Tac" est une ôde au jeune branleur qu'il était, et au vieux con qu'il devient. Plus loin dans l'album, "Ca va, ça vient" fait aussi le constat songeur du temps qui passe et façonne. L'expérience tirée, ils en ont fait une arme. Ils se débattent, et nous donnent leurs trucs. Pour faire face à la sale tête de notre société ("Dis-Moi", "Existe") ou la notre, quand on croise un miroir un soir où le sommeil ne viendra pas ("Skizo"). Pour trouver l'inspi (mise en abyme sur "Feuille Blanche" ou exercice de style imagé avec "Destins Croisés") et mieux la donner. Sur la fin de l'album, Odezenne partage largement le micro avec des potes, dans une ambiance tantôt décontractée ("Chat Suicide", semi-impros à plusieurs bouches), tantôt franchement couillue ("Impalpables"). L'album arrive à son terme, avec un petit hymne lubrique en guise de révérence, où Jacco se lamente sur une blonde croisée dans le métro. Ce "Plus Beau Cul du Monde" préfigure les futures chansons d' "amour" du groupe (tel le mémorable "Je Veux Te Baiser" quelques années plus tard) au ton irrévérencieux et moite.
Pour clôturer le tout, une phase d'improvisation de 8 minutes où le duo laisse libre court à son imagination, qu'on devine portée par quelques volutes émeraudes. Un gramme et au dodo.
Sacrée entrée en la matière. Commencer sa carrière par un double album témoigne d'un projet déjà soigneusement peaufiné, dont les lascars sont sûrs. Ils traceront leur route sans signer de contrat, slalomant entre les sirènes des majors grace à une proximité extrême avec le public. Et même leur ancienne proviseure qui inspirera leur nom ne pourra que se rendre à l'évidence : pour une première, ça force le respect.
Un ton blasé et pinçant qui évoque le Klub des Loosers et ses odes nihilistes, des instrumentaux fouillés qui fleurent bon le trip-hop, voire le rock alternatif (l'ombre de Radiohead, une influence très vite assumée, plane sur nombres de titres), le tout porté par 3 petites têtes bordelaises souvent embrumées, par la fumée ou l'alcool, de préférence les deux en même temps.
Les deux premières caboches se téléscopent à Bordeaux aux alentours de 2004, et reprennent les choses là où elles les avaient laissées quelques années auparavant, alors qu'elles jouaient ensemble dans un petit groupe de rock. Cette fois, le duo a de l'ambition, et il commence à monter un projet solide. Mattia à la guitare et Alix aux textes, ils croisent leurs influences de manière habile pour créer un "rap-jazz" hybride. Quelques temps après, ils font la rencontre de Jacques, dit Jacco, qui travaille dans le milieu artisitique parisien avec la soeur d'Alix, et qui ramène sa fraise à Bordeaux pour les beaux yeux d'une femme. L'histoire ne dit pas si la belle en valait la peine, mais elle permit au moins la rencontre des 3 comparses, et le début d'une sacrée aventure ...
En 2008, le trio a affiné son style, s'est trouvé un nom et l'a fait entendre : il se trouve sur la piste de décollage. Ils ont suffisamment de chansons pour enregistrer un double album, rien que ça, qu'ils concoivent comme des grands, et commencent à diffuser avec leur propre label "universeul". Un travail qu'ils achèvent à la sueur de leur front, un rigueur placide qui caractérise aussi leurs textes, souvent sombres, parfois doux-amer, toujours réalistes. Car ils parlent de vécus.
Le grand Alix est solennel, et nous cause d'un monde qui se casse la gueule sur lui-même avec l'impeccable intro "Assez", manifeste anti-consumériste, tandis que Jacco est plus mutin, et scrute d'un oeil circonspect le balai des camés en bas de sa fenêtre. Le tableau est ainsi posé : les deux acolytes de strophe affectionnent des flows bien distincts, mais bougrement complémentaires, notamment dans ce ton blasé, reflet du quotidien morne des banlieues dans lesquelles ils ont tout deux grandi.
Nostalgiques de la grisaille. Plusieurs extraits de vieux films (dont Gaspar Noé) et les instrumentations jazzy (faites maison par l'inlassable multi-tâches Mattia, jeune guitariste qui tombe un jour amoureux du sampling et fait ses armes sur des prods techno avant de devenir touche-à-tout) attestent de cette tendresse à l'égard du vintage.
Car ils sont déjà bien vieux, pour des nouveaux. Jacco a quitté les bancs de l'école bien vite, pour apprendre à vivre par lui-même. Il séjourne alors à Rungis, à faire de la manutention pendant dix ans, à transformer son amertume en force. Ses textes bien agencés en poche, il s'engage dans une asso culturelle où il donne vie à ses créations, avant de rencontrer la soeur d'Alix, puis cette fameuse gonzesse qui l'amènera à Bordeaux. Sa partie sur "Tic-Tac" est une ôde au jeune branleur qu'il était, et au vieux con qu'il devient. Plus loin dans l'album, "Ca va, ça vient" fait aussi le constat songeur du temps qui passe et façonne. L'expérience tirée, ils en ont fait une arme. Ils se débattent, et nous donnent leurs trucs. Pour faire face à la sale tête de notre société ("Dis-Moi", "Existe") ou la notre, quand on croise un miroir un soir où le sommeil ne viendra pas ("Skizo"). Pour trouver l'inspi (mise en abyme sur "Feuille Blanche" ou exercice de style imagé avec "Destins Croisés") et mieux la donner. Sur la fin de l'album, Odezenne partage largement le micro avec des potes, dans une ambiance tantôt décontractée ("Chat Suicide", semi-impros à plusieurs bouches), tantôt franchement couillue ("Impalpables"). L'album arrive à son terme, avec un petit hymne lubrique en guise de révérence, où Jacco se lamente sur une blonde croisée dans le métro. Ce "Plus Beau Cul du Monde" préfigure les futures chansons d' "amour" du groupe (tel le mémorable "Je Veux Te Baiser" quelques années plus tard) au ton irrévérencieux et moite.
Pour clôturer le tout, une phase d'improvisation de 8 minutes où le duo laisse libre court à son imagination, qu'on devine portée par quelques volutes émeraudes. Un gramme et au dodo.
Sacrée entrée en la matière. Commencer sa carrière par un double album témoigne d'un projet déjà soigneusement peaufiné, dont les lascars sont sûrs. Ils traceront leur route sans signer de contrat, slalomant entre les sirènes des majors grace à une proximité extrême avec le public. Et même leur ancienne proviseure qui inspirera leur nom ne pourra que se rendre à l'évidence : pour une première, ça force le respect.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Lulum |
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