Dropsonic
The Low Life |
Label :
Ascetic |
||||
Une introduction s'impose pour resituer Dropsonic, étant donné le peu d'échos qu'ils ont eu dans nos contrées. Mais toutes nos contrées ne les ont pas ignorés, oh non.
C'était sans compter sans les irréductibles pop-noiseux-grungeux de la petite ville de Jarnac qui ont gueulé bien assez fort tout le bien qu'ils pensaient du groupe d'Atlanta, comme ils ont su le faire - avec la contagion qui les caractérise - pour d'autres bandes merveilleuses comme Sprinkler, You Am I, Flop, Mousetrap, Cable et j'en passe. J'ai toujours suivi leurs conseils les yeux fermés, je ne l'ai jamais regretté, ma brave dame. Grâce aux frappés de ce patelin charentais, la bonne parole s'est répandue. Enfin, en quelque sorte. Il faut revenir en 2007 pour mieux comprendre. A l'époque, Headcases - le premier groupe de (Pierre)-L(o)uis Francesco Arena, Mat(hieu) Gaz(eau) et (Laurent) Parad(ot) - sortaient leur monstrueux dernier album Castaway But Blessed, sur le même label qui sortira un an après le non moins monstrueux The Low Life dont il est question ici.
Le label dont il s'agit était Ascetic Records, basé à Saint-Louis dans le Missouri, qui n'existe plus depuis longtemps, mais qui a valeureusement sorti quelques bons disques de groupes tels Riddle of Steel, Retisonic (ex-Bluetip) ou Traindodge. La prise de contact Ascetic/Headcases m'est sortie de l'esprit mais toujours est-il que des liens se sont forgés entre eux et les autres groupes du label. Mat Gaz raconte, dans un de ses truculents comptes-rendus parus dans le fanzine Jarnac vs Seattle, qu'il a rencontré les membres de Dropsonic lors d'une date à Atlanta en 2007, pendant la tournée qu'ils faisaient aux Etats-Unis en compagnie de Riddle Of Steel. Il donne une description du groupe comme étant "des mecs qui ont des gueules d'étudiant en médecine sauf qu'ils envoient un gros rock noisy hyper teinté 70's, la mixture parfaite ni plus ni moins".
Tous ces noms m'ont fait rêver pendant un moment, connaissant la musique d'Headcases, mais c'était la croix et la bannière pour dénicher les disques et trouver les informations concernant tout ce petit monde. Et c'est rien de le dire. Sans que ce soit un étonnement, je n'ai jamais vu un album de Dropsonic dans une boutique. Et encore plus loin, même avec Internet c'était pas le pied, puisqu'il m'a fallu attendre que discogs apparaisse pour enfin mettre la main sur ces albums. Ce biais de découverte qui date d'un autre temps a beaucoup d'avantages si vous voulez mon avis. L'enthousiasme qui nous empare le jour où on trouve le disque dépasse les plus grandes espérances. Plutôt que de s'éparpiller en écoutant les 50 000 liens (certainement intéressants) qu'on voit chaque jour sur facebook, et auxquels on ne peut pas donner décemment à chacun notre attention de pauvres humains, la vieille méthode donne à un groupe l'importance qui lui est due. Et ce n'est pas rien si on garde à l'esprit qu'un musicien est une personne qui se donne du mal pour créer un album. Ca évite de tout mettre sur un pied d'égalité. Ca permet de bien apprécier les nuances de chaque groupe. Ca évite d'être blasé, voilà tout. Tout vient à point à qui sait attendre.
C'est donc dans cet état d'esprit, 6 ou 7 ans après avoir entendu parler du trio, que j'ai découvert sa musique et que ça m'a pété à la figure. A l'instar de leurs voisins de labels, Dropsonic s'inscrivent dans ce mouvement post-hardcore qui nage dans le sillage des paquebots Jawbox et Fugazi (Comme J. Robbins, Dan Dixon est aujourd'hui devenu producteur de disques). Leur musique est pourtant nourrie d'autres composants bien dosés qui lui confèrent un son très marquant et identifiable. Ca joue rock, en fait. La rythmique est monstrueuse. Si Aina - le groupe barcelonais auxquels on peut les accoler - avaient sur le grand Bipartite une rythmique qui sonnait AC/DC, chez Dropsonic, c'est clairement Led Zeppelin qu'on appelle au comptoir, faut pas y aller par 4 chemins. Brian Hunter, le batteur, est maître de son art. Le côté classic rock saute aux oreilles tout en étant mélangé, donc, aux influences plus tordues qui sont à chercher du côté de chez Dischord et Touch and Go. Pour parler de groupes qui leur sont contemporains, c'est un poil plus proche de Shiner ou de Houston que de Queens Of The Stone Age, pour faire simple.
Une caractéristique majeure vient compléter le tableau: la voix maniérée et élégante, à l'anglaise, qui n'est pas sans rappeler la finesse et l'exubérance de Craig Wedren, chanteur de Shudder To Think, ou même de Pierre-Louis, chanteur d'Headcases en fait. Sur la ballade qui donne son nom à l'album The Big Nothing, on pense même à Hawksley Workman ou évidemment à Thom Yorke, on ne peut pas y couper, mais en plus extraverti et moins déprimé, le point commun étant dans cette façon de laisser traîner les syllabes comme une complainte. Et pourtant, c'est très personnel et on sait directement que c'est eux dès les premières notes. On peut pas se tromper. On a sonné à la bonne porte.
Des albums que je leur connais – me manquent le premier et le dernier – tous ont leur lot de grands moments. J'ai commencé avec Belle sur la foi de sa superbe pochette représentant une super nana, clope au bec. Certains passages sont magnifiques, mais on peut facilement convenir que le groupe atteint son sommet sur ce cinquième album. C'est leur disque le plus homogène, le plus concis, sur-tendu et qui ne débande jamais. Le disque est divisé en 2 faces qui chacune commence par un titre sobrement intitulé "Intro". Les morceaux ont tous un développement sophistiqué fait de breaks, de répétitions, mais tout va quand même très vite et on a une impression de déflagration qui coupe le souffle (comme sur "Ran" par exemple). C'est le rouleau-compresseur. Ironique pour un disque qui s'appelle "la vie ralentie". Les trois musiciens sont au top et contribuent à faire de "The Low Life" un album puissant et en même temps plein de finesse. La grande classe.
Le groupe produira un dernier album en 2011 et se séparera juste après, laissant une discographie n'ayant pas atteint un public bien large, même au sein des amateurs de rock indépendant, mais ils auraient facilement pu en toucher davantage.
C'était sans compter sans les irréductibles pop-noiseux-grungeux de la petite ville de Jarnac qui ont gueulé bien assez fort tout le bien qu'ils pensaient du groupe d'Atlanta, comme ils ont su le faire - avec la contagion qui les caractérise - pour d'autres bandes merveilleuses comme Sprinkler, You Am I, Flop, Mousetrap, Cable et j'en passe. J'ai toujours suivi leurs conseils les yeux fermés, je ne l'ai jamais regretté, ma brave dame. Grâce aux frappés de ce patelin charentais, la bonne parole s'est répandue. Enfin, en quelque sorte. Il faut revenir en 2007 pour mieux comprendre. A l'époque, Headcases - le premier groupe de (Pierre)-L(o)uis Francesco Arena, Mat(hieu) Gaz(eau) et (Laurent) Parad(ot) - sortaient leur monstrueux dernier album Castaway But Blessed, sur le même label qui sortira un an après le non moins monstrueux The Low Life dont il est question ici.
Le label dont il s'agit était Ascetic Records, basé à Saint-Louis dans le Missouri, qui n'existe plus depuis longtemps, mais qui a valeureusement sorti quelques bons disques de groupes tels Riddle of Steel, Retisonic (ex-Bluetip) ou Traindodge. La prise de contact Ascetic/Headcases m'est sortie de l'esprit mais toujours est-il que des liens se sont forgés entre eux et les autres groupes du label. Mat Gaz raconte, dans un de ses truculents comptes-rendus parus dans le fanzine Jarnac vs Seattle, qu'il a rencontré les membres de Dropsonic lors d'une date à Atlanta en 2007, pendant la tournée qu'ils faisaient aux Etats-Unis en compagnie de Riddle Of Steel. Il donne une description du groupe comme étant "des mecs qui ont des gueules d'étudiant en médecine sauf qu'ils envoient un gros rock noisy hyper teinté 70's, la mixture parfaite ni plus ni moins".
Tous ces noms m'ont fait rêver pendant un moment, connaissant la musique d'Headcases, mais c'était la croix et la bannière pour dénicher les disques et trouver les informations concernant tout ce petit monde. Et c'est rien de le dire. Sans que ce soit un étonnement, je n'ai jamais vu un album de Dropsonic dans une boutique. Et encore plus loin, même avec Internet c'était pas le pied, puisqu'il m'a fallu attendre que discogs apparaisse pour enfin mettre la main sur ces albums. Ce biais de découverte qui date d'un autre temps a beaucoup d'avantages si vous voulez mon avis. L'enthousiasme qui nous empare le jour où on trouve le disque dépasse les plus grandes espérances. Plutôt que de s'éparpiller en écoutant les 50 000 liens (certainement intéressants) qu'on voit chaque jour sur facebook, et auxquels on ne peut pas donner décemment à chacun notre attention de pauvres humains, la vieille méthode donne à un groupe l'importance qui lui est due. Et ce n'est pas rien si on garde à l'esprit qu'un musicien est une personne qui se donne du mal pour créer un album. Ca évite de tout mettre sur un pied d'égalité. Ca permet de bien apprécier les nuances de chaque groupe. Ca évite d'être blasé, voilà tout. Tout vient à point à qui sait attendre.
C'est donc dans cet état d'esprit, 6 ou 7 ans après avoir entendu parler du trio, que j'ai découvert sa musique et que ça m'a pété à la figure. A l'instar de leurs voisins de labels, Dropsonic s'inscrivent dans ce mouvement post-hardcore qui nage dans le sillage des paquebots Jawbox et Fugazi (Comme J. Robbins, Dan Dixon est aujourd'hui devenu producteur de disques). Leur musique est pourtant nourrie d'autres composants bien dosés qui lui confèrent un son très marquant et identifiable. Ca joue rock, en fait. La rythmique est monstrueuse. Si Aina - le groupe barcelonais auxquels on peut les accoler - avaient sur le grand Bipartite une rythmique qui sonnait AC/DC, chez Dropsonic, c'est clairement Led Zeppelin qu'on appelle au comptoir, faut pas y aller par 4 chemins. Brian Hunter, le batteur, est maître de son art. Le côté classic rock saute aux oreilles tout en étant mélangé, donc, aux influences plus tordues qui sont à chercher du côté de chez Dischord et Touch and Go. Pour parler de groupes qui leur sont contemporains, c'est un poil plus proche de Shiner ou de Houston que de Queens Of The Stone Age, pour faire simple.
Une caractéristique majeure vient compléter le tableau: la voix maniérée et élégante, à l'anglaise, qui n'est pas sans rappeler la finesse et l'exubérance de Craig Wedren, chanteur de Shudder To Think, ou même de Pierre-Louis, chanteur d'Headcases en fait. Sur la ballade qui donne son nom à l'album The Big Nothing, on pense même à Hawksley Workman ou évidemment à Thom Yorke, on ne peut pas y couper, mais en plus extraverti et moins déprimé, le point commun étant dans cette façon de laisser traîner les syllabes comme une complainte. Et pourtant, c'est très personnel et on sait directement que c'est eux dès les premières notes. On peut pas se tromper. On a sonné à la bonne porte.
Des albums que je leur connais – me manquent le premier et le dernier – tous ont leur lot de grands moments. J'ai commencé avec Belle sur la foi de sa superbe pochette représentant une super nana, clope au bec. Certains passages sont magnifiques, mais on peut facilement convenir que le groupe atteint son sommet sur ce cinquième album. C'est leur disque le plus homogène, le plus concis, sur-tendu et qui ne débande jamais. Le disque est divisé en 2 faces qui chacune commence par un titre sobrement intitulé "Intro". Les morceaux ont tous un développement sophistiqué fait de breaks, de répétitions, mais tout va quand même très vite et on a une impression de déflagration qui coupe le souffle (comme sur "Ran" par exemple). C'est le rouleau-compresseur. Ironique pour un disque qui s'appelle "la vie ralentie". Les trois musiciens sont au top et contribuent à faire de "The Low Life" un album puissant et en même temps plein de finesse. La grande classe.
Le groupe produira un dernier album en 2011 et se séparera juste après, laissant une discographie n'ayant pas atteint un public bien large, même au sein des amateurs de rock indépendant, mais ils auraient facilement pu en toucher davantage.
Exceptionnel ! ! 19/20 | par LaEscoba |
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