Meat Puppets

Un des éternels et insolubles débats qui perdure à propos des Meat Puppets, c'est de savoir s'ils auraient acquis la certaine notoriété qui est la leur s'ils n'étaient apparus aux côtés du biggest band in the world de leur temps un soir de novembre 1993 lors d'un concert depuis devenu assez connu et renommé (et s'ils n'avaient accompagné ce même groupe sur quelques dates d'une tournée appelée à devenir sa dernière dans son pays en octobre-novembre de la même année). Vaste question assez vaine évidemment à laquelle je ne sais que répondre. Ce que je peux par contre avancer, c'est que s'ils avaient été moins connus, je serais peut-être passé à côté de Rat Farm, leur quatorzième album, et cela aurait été assez dommage.

Rat Farm, c'est un concentré de simplicité et de maîtrise, on n'est pas loin du concept "une bonne idée tenue jusqu'au bout donne une super chanson" et c'est cette volonté affichée d'aller à l'essentiel, de se débarrasser du superflu qui fait toute la force de ce disque. Malgré une pochette d'un goût douteux, la musique, elle, ne déçoit jamais, le plaisir d'écoute ne faiblit à aucun moment, les frangins Kirkwood déroulent leur "baroque'n'roll" sous perfusion country avec un détachement et une nonchalance que leur permettent leur petite trentaine d'années (à l'époque) d'expérience dans le business. Ils alignent donc les petites bombes sans effort apparent avec, pour commencer, "Rat Farm", qui nous met direct dans l'ambiance, et enchaînent avec "One More Drop" et sa guitare qui racle bien le fond du verre et "Down", qui a tout d'un classique, tout comme, plus tard, "Time And Money", tellement évidente, où guitare et piano font un superbe couple, ou encore "Sometimes Blue" et sa country classieuse et entêtante. Et alors que "Sweet" conclut l'album avec fracas, on se dit que, décidément, il aurait vraiment été dommage de passer à côté de ce Rat Farm. Tant pis pour les sceptiques !