My Morning Jacket

Et 5 ans après...

Un temps promise puis placardisée, la suite de The Waterfall doit sa publication l'été dernier au hasard des playlists lues en aléatoire. Jim James -qui visiblement écoute sa propre musique en se promenant- s'est trouvé fort bouleversé par sa propre création lorsque l'éthérée "Spinning My Wheel" est venue rythmer ses ruminations dans un monde en train de se confiner. Et c'est effectivement ce qui se dégage de The Waterfall II : un calme certain, un appel au temps de réflexion, à se recentrer sur l'essentiel. C'est tout le propos de cet album par conséquent fort à propos dans le printemps 2020.

Contrairement à bien des albums issus de sessions similaires (pensez Kid A et Amnesiac ou Load et Reload), la suite sonne comme un contrepied : la majestuosité, voire pomposité pour les oreilles se voulant raffinées, de The Waterfall fait place à une approche moins gigantesque pour chuchoter des chansons aux tempos majoritairement ralentis ou ralentissant (le superbe pont de "Climbing The Ladder") et des réflexions soft et soul sur l'éloignement ("Feel You", "Still Thinking", "Welcome Home", "Beautiful Love"). Seule "Wasted" nous emmène vers les rapides la première cascade mais dans l'absolu, ce deuxième Waterfall tient plus du confident nocturne, de la plage esseulée, de l'abandon vers l'océan que de l'imposante et assourdissante chute d'eau. En 2 albums frères My Morning Jacket nous invite du chaos au cosmos et montre un songwriting inspiré, une exécution viscerale, un talent pour rappeler à la fois la soul des 70s et la pop des 60s, sonner psyché sans virer hippie... tout autant de raison d'être de la Jacket.