Morrissey
You Are The Quarry |
Label :
Attack |
||||
Las du procés qui l'oppose à Mike Joyce, ancien batteur des Smiths, et du mauvais accueil par les médias de ses albums Southpaw Grammar (1995) et Maladjusted (1997), Morrissey décida de s'exiler aux Etats-Unis, en choisissant Los Angeles comme nouveau refuge. Sans maison de disques, Morrissey n'arrêta pas pour autant la scène, où il excelle, en faisant une tournée en 1999 et 2000.
Puis les Smiths furent élus "groupe le plus influent de l'histoire" en 2002 par le prestigieux magazine anglais NME, et Morrissey entreprit une nouvelle tournée qui lui permit de tester quelques nouveaux morceaux sur scène, et qui s'avérera triomphale (sans publicité, la majorité des concerts furent sold-out !). On pouvait déjà humecter un certain air de come-back dans les bacs.
C'est finalement chez Sanctuary, label anglais indépendant, que Morrissey signa un nouveau contrat début 2003. Après avoir fait appel à Jerry Finn pour réaliser l'album, les enregistrements commencèrent fin 2003, et You Are The Quarry sortit le 17 mai 2004.
Et alors ? ... Alors Morrissey revient dans une forme majestueuse. Ce que l'on peut dire, c'est que rarement la jaquette n'aura été en si parfaite adéquation avec le contenu du CD. En effet, c'est bien un 'Moz' armé et hargneux comme jamais que l'on retrouve au fil des chansons, et tout le monde en prend pour son grade : l'Amérique, l'Angleterre, Jésus, les policiers, les magistrats, les critiques, les pop-stars, etc.
Quant à la musique, les fidèles Alain Whyte et Boz Boorer ont offert à Morrissey une palette de compositions riches et variées. L'influence de Jerry Finn, qui a notamment produit des groupes comme Green Day, Blink 182 ou SUM 41, se fait fortement ressentir et donne une certaine fraîcheur à l'album, tandis que la voix de Morrissey domine magistralement le tout.
Le 'Moz' commence ainsi par régler ses comptes avec sa nouvelle terre d'accueil dans "America Is Not The World", une chanson à la fois d'amour et de répulsion. Il conseille ainsi à l'Amérique de se fourrer ses hamburgers là où il le pense, tout en lui susurrant à l'oreille <<I love you>> une quinzaine de fois.
Puis Morrissey change de cible, et vise maintenant l'Angleterre dans "Irish Blood, English Heart" où il dit rêver du jour où les Anglais seront fiers de figurer à côté de leur drapeau sans se sentir honteux ou racistes, cracheront sur le nom de Oliver Cromwell et rejèteront la famille royale. Rien que ça !
Après l'Amérique et l'Angleterre, Morrissey n'en démord pas, et se tourne vers ... Jésus, dans "I Have Forgiven Jesus". De ce titre, l'un des plus réussis de l'album, on retiendra notamment ces paroles d'anthologie : <<Monday-humiliation ; Tuesday – suffocation ; Wednesday – condescension ; Thursday – is just pathetic ; by Friday – life has killed me>>.
Puis Morrissey remballe son Tommy Gun et se calme le temps d'un "Come back to Camden" de toute beauté. Le titre permet à Morrissey d'exposer toute sa technique vocale et de se positionner comme l'un des meilleurs chanteurs contemporains. Superbe ! Vient ensuite "I'm Not Sorry", peut-être le titre le plus faible de l'album, même si les paroles sont très intrigantes : <<The woman of my dreams / Well she never was one>> relancera sûrement le débat sur la sexualité du 'Moz' ...
Après avoir soufflé l'espace de deux morceaux, Momo reprend sa mitraillette, la recharge, et vise maintenant tout ce qui bouge dans l'excellent "The World Is Full Of Crashing Bores" : policiers, femmes stupides, inspecteurs des impôts et les pop-stars (<<plus épaisses que de la merde de porc>>). Il continue dans l'aride "How Could Anybody Possibly Know How I Feel", en s'en prenant notamment à ceux qui portent des uniformes puants.
Mais Morrissey sait qu'à force de jouer avec les armes, on risque de se blesser, voire d'y laisser sa peau. Dans "First Of The Gang To Die", il relate l'histoire du gangster Hector, le premier membre d'un gang à rejoindre le cimetière. Ce titre, peut-être le meilleur de l'album, est extrêmement poignant et sa mélodie inoubliable. Appelé à être le prochain single courant juin, c'est un potentiel 'tube de l'été' ! (sic) Le 'Moz' a donc compris la leçon, et ne voulant pas connaître le même sort que Hector, il pose son gun avant de nous parler d'amour. Avec "Let Me Kiss You"(qui sera le prochain single de Nancy Sinatra), il demande à la personne qu'il aime de fermer les yeux, de penser à quelqu'un qu'elle admire physiquement, et de le laisser l'embrasser. Puis dans "All The Lazy Dykes", dont on a l'impression qu'il s'agit d'un duo avec R2D2, il encourage toutes celles qui ne sont que la <<femme de quelqu'un>>, à se joindre aux fainéantes lesbiennes et de commencer enfin leurs vies. Vient ensuite "I Like You", un titre surproduit sous influence New Order avec sa boîte à rythme et sa boucle électronique qui parcourent la chanson, et dans laquelle Morrissey dit à quelqu'un (son public ?) qu'il l'aime, même s'il n'est pas bien dans sa tête.
Mais Momo a la mitraillette qui le démange. Il la ressort de son étui et s'empresse de vider ses dernières cartouches sur les maisons de disques et les critiques dans "You Know I Couldn't Last". Le morceau -qui peut être vu comme la suite de "Paint A Vulgare Picture" des Smiths- alterne phases lentes et rapides, mais est gâché par de lourdes guitares indigestes.
Au final, Morrissey livre un album revigorant qui ravira les fans (même si certains ne peuvent s'empêcher de penser que "c'était mieux avant" avec les Smiths) et saura séduire un nouveau public, à l'heure où pléthore de nouveaux groupes (des Strokes aux Libertines en passant par Franz Ferdinand) le citent dans leurs interviews comme une influence majeure.
Puis les Smiths furent élus "groupe le plus influent de l'histoire" en 2002 par le prestigieux magazine anglais NME, et Morrissey entreprit une nouvelle tournée qui lui permit de tester quelques nouveaux morceaux sur scène, et qui s'avérera triomphale (sans publicité, la majorité des concerts furent sold-out !). On pouvait déjà humecter un certain air de come-back dans les bacs.
C'est finalement chez Sanctuary, label anglais indépendant, que Morrissey signa un nouveau contrat début 2003. Après avoir fait appel à Jerry Finn pour réaliser l'album, les enregistrements commencèrent fin 2003, et You Are The Quarry sortit le 17 mai 2004.
Et alors ? ... Alors Morrissey revient dans une forme majestueuse. Ce que l'on peut dire, c'est que rarement la jaquette n'aura été en si parfaite adéquation avec le contenu du CD. En effet, c'est bien un 'Moz' armé et hargneux comme jamais que l'on retrouve au fil des chansons, et tout le monde en prend pour son grade : l'Amérique, l'Angleterre, Jésus, les policiers, les magistrats, les critiques, les pop-stars, etc.
Quant à la musique, les fidèles Alain Whyte et Boz Boorer ont offert à Morrissey une palette de compositions riches et variées. L'influence de Jerry Finn, qui a notamment produit des groupes comme Green Day, Blink 182 ou SUM 41, se fait fortement ressentir et donne une certaine fraîcheur à l'album, tandis que la voix de Morrissey domine magistralement le tout.
Le 'Moz' commence ainsi par régler ses comptes avec sa nouvelle terre d'accueil dans "America Is Not The World", une chanson à la fois d'amour et de répulsion. Il conseille ainsi à l'Amérique de se fourrer ses hamburgers là où il le pense, tout en lui susurrant à l'oreille <<I love you>> une quinzaine de fois.
Puis Morrissey change de cible, et vise maintenant l'Angleterre dans "Irish Blood, English Heart" où il dit rêver du jour où les Anglais seront fiers de figurer à côté de leur drapeau sans se sentir honteux ou racistes, cracheront sur le nom de Oliver Cromwell et rejèteront la famille royale. Rien que ça !
Après l'Amérique et l'Angleterre, Morrissey n'en démord pas, et se tourne vers ... Jésus, dans "I Have Forgiven Jesus". De ce titre, l'un des plus réussis de l'album, on retiendra notamment ces paroles d'anthologie : <<Monday-humiliation ; Tuesday – suffocation ; Wednesday – condescension ; Thursday – is just pathetic ; by Friday – life has killed me>>.
Puis Morrissey remballe son Tommy Gun et se calme le temps d'un "Come back to Camden" de toute beauté. Le titre permet à Morrissey d'exposer toute sa technique vocale et de se positionner comme l'un des meilleurs chanteurs contemporains. Superbe ! Vient ensuite "I'm Not Sorry", peut-être le titre le plus faible de l'album, même si les paroles sont très intrigantes : <<The woman of my dreams / Well she never was one>> relancera sûrement le débat sur la sexualité du 'Moz' ...
Après avoir soufflé l'espace de deux morceaux, Momo reprend sa mitraillette, la recharge, et vise maintenant tout ce qui bouge dans l'excellent "The World Is Full Of Crashing Bores" : policiers, femmes stupides, inspecteurs des impôts et les pop-stars (<<plus épaisses que de la merde de porc>>). Il continue dans l'aride "How Could Anybody Possibly Know How I Feel", en s'en prenant notamment à ceux qui portent des uniformes puants.
Mais Morrissey sait qu'à force de jouer avec les armes, on risque de se blesser, voire d'y laisser sa peau. Dans "First Of The Gang To Die", il relate l'histoire du gangster Hector, le premier membre d'un gang à rejoindre le cimetière. Ce titre, peut-être le meilleur de l'album, est extrêmement poignant et sa mélodie inoubliable. Appelé à être le prochain single courant juin, c'est un potentiel 'tube de l'été' ! (sic) Le 'Moz' a donc compris la leçon, et ne voulant pas connaître le même sort que Hector, il pose son gun avant de nous parler d'amour. Avec "Let Me Kiss You"(qui sera le prochain single de Nancy Sinatra), il demande à la personne qu'il aime de fermer les yeux, de penser à quelqu'un qu'elle admire physiquement, et de le laisser l'embrasser. Puis dans "All The Lazy Dykes", dont on a l'impression qu'il s'agit d'un duo avec R2D2, il encourage toutes celles qui ne sont que la <<femme de quelqu'un>>, à se joindre aux fainéantes lesbiennes et de commencer enfin leurs vies. Vient ensuite "I Like You", un titre surproduit sous influence New Order avec sa boîte à rythme et sa boucle électronique qui parcourent la chanson, et dans laquelle Morrissey dit à quelqu'un (son public ?) qu'il l'aime, même s'il n'est pas bien dans sa tête.
Mais Momo a la mitraillette qui le démange. Il la ressort de son étui et s'empresse de vider ses dernières cartouches sur les maisons de disques et les critiques dans "You Know I Couldn't Last". Le morceau -qui peut être vu comme la suite de "Paint A Vulgare Picture" des Smiths- alterne phases lentes et rapides, mais est gâché par de lourdes guitares indigestes.
Au final, Morrissey livre un album revigorant qui ravira les fans (même si certains ne peuvent s'empêcher de penser que "c'était mieux avant" avec les Smiths) et saura séduire un nouveau public, à l'heure où pléthore de nouveaux groupes (des Strokes aux Libertines en passant par Franz Ferdinand) le citent dans leurs interviews comme une influence majeure.
Parfait 17/20 | par Mozfather |
Posté le 01 février 2005 à 22 h 50 |
Etrange personnage que ce Morrissey, en rage contre l'Amérique qui l'accueille ; mais pas prêt à retrourner en Angleterre visiblement. Vomissant le show-biz, mais un peu frustré sans doute de n'être plus la gloire qu'il fut naguère .
J'ai toujours pensé que les Smiths s'étaient trompés d'époque, trop doués, trop classieux pour se vautrer dans la fange des années 80 ...
Le temps a passé et Morrissey nous revient, toujours pareil à lui même, sorte de Forrest Gump dans un monde qu'il ne comprend plus. Un monde qui se fout du génie, puisque le génie, de nos jours ça ne rapporte plus.
"You Are The Quarry" est un grand, grand album, mais tout le monde s'en fout aujourd'hui. S'il ne s'écoule pas à plusieurs millions de copies, ça ne vaut rien.
Je ne me lancerai pas dans une critique de ce bijou étincelant, cet ovni ... La voix de Morrissey me vrille toujours autant.
Ceux qui ne font pas partie du comité restreint des Moz-émotifs ne comprendront jamais et c'est tant mieux.
L'oeuvre de Morrissey est destinée aux 'happy few'. La mélancolie, c' est le bonheur d'être triste.
J'ai toujours pensé que les Smiths s'étaient trompés d'époque, trop doués, trop classieux pour se vautrer dans la fange des années 80 ...
Le temps a passé et Morrissey nous revient, toujours pareil à lui même, sorte de Forrest Gump dans un monde qu'il ne comprend plus. Un monde qui se fout du génie, puisque le génie, de nos jours ça ne rapporte plus.
"You Are The Quarry" est un grand, grand album, mais tout le monde s'en fout aujourd'hui. S'il ne s'écoule pas à plusieurs millions de copies, ça ne vaut rien.
Je ne me lancerai pas dans une critique de ce bijou étincelant, cet ovni ... La voix de Morrissey me vrille toujours autant.
Ceux qui ne font pas partie du comité restreint des Moz-émotifs ne comprendront jamais et c'est tant mieux.
L'oeuvre de Morrissey est destinée aux 'happy few'. La mélancolie, c' est le bonheur d'être triste.
Exceptionnel ! ! 19/20
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