Prick

Prick

Prick

 Label :     Nothing Records / Interscope Records 
 Sortie :    mardi 07 février 1995 
 Format :  Album / CD  Vinyle  K7 Audio  Numérique   

Après la longue et frustrante existence de Lucky Pierre, Kevin McMahon retrouve son ancien claviériste live et ami, un certain Trent Reznor. Kevin, toujours quelques titres sous le bras, et Trent, toujours aussi boulimique de travail, se retrouvent finalement en studio pour que le deuxième produise et distribue enfin l'album inaugural du premier. Le projet part inévitablement vers le rock industriel en vogue, sphère de compétence du fondateur de Nine Inch Nails.

Le duo n'aurait pas pu choisir un meilleur titre d'ouverture que ce "Communiqué" : l'écriture fine, à tiroir, ces changements de plans, ces saturations, le bruitisme, la déstructure, sont au service... d'une chanson. Car l'industrial de Prick est à ranger au côté du "Outside" de Bowie, du "Year Zero" de NIN ("Riverhead"), du "Paradize" d'Indochine ou encore de Stabbing Westward (particulièrement le single "Animal" et sa basse ensorcelée), c'est à dire des morceaux de rock avant tout, voire de pop-rock, avec des bruits bizarres.
Il n'y a pas que sur ce titre que plâne l'ombre de Bowie. Déjà à l'époque de Lucky Pierre, McMahon ne pouvait que difficilement caché son influence (alors période "Hunky Dory"), bien que les sonorités électroniques ici présentes nous renvoient, de facto, à "Outside" ou "Earthling" (comme sur le quelque peu drum'n'bass "Other People", où le backing vocal de Reznor se fait clairement audible). Outre "Communiqué", "Tough" est un autre recyclage du premier groupe de l'interprète, transformé en cartouche indus évoquant l'"Astonishing Panorama Of The Endtimes" de Manson. Mais on retrouve également une touche Lucky Pierre au moment d'"I Apologies" ou de la balade "No Fair Fight" (qui finit en cacophonie désespérée).

Une seule chose empêche ce melting-pot décousu de s'effondré : le talent. Que cela soit la comptine camée "Makebelieve", le punk-rock indus "I Got It Bad" ou les blues électro "Crack", le bonhomme démontre un talent d'écriture éclatant, distillé à coup de breaks sentis, de mélodies superposées et de vocaux inspirés. Et même si les influences se font entendre, elles sont parfaitement digérées. La patte du producteur n'empiète jamais sur la vision de l'artiste : écrire des chansons. Un album de rock indus méconnu et, pourtant, un des meilleurs.


Parfait   17/20
par Mr.dante


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