Broken Social Scene

You Forgot It In People

You Forgot It In People

 Label :     Paper Bag 
 Sortie :    samedi 05 octobre 2002 
 Format :  Album / CD   

Alors pour beaucoup, Broken Social Scene c'est un peu du pop post-rock ... hum mouais, un peu contradictoire à première vue, surtout que certains ont essayé et s'y sont bien plantés la gueule, genre Redjeston pour ne citer qu'eux ... Et pourtant ... et pourtant ...

"Capture The Flag" arrive, non sans une certaine appréhension, ça chatouille les oreilles, très ambiant, limite sympa. Mais quand même, Air est déjà passé par là, en mieux ... Mais c'est qu'ils sont rusés les petits gars de Broken Social Scene : "Capture The Flag" c'était le coup d'essai, l'échauffement, histoire de tester le matériel, et surtout d'endormir l'auditeur avant l'entrée en scène d'une rythmique qui réveillera tout le monde. Puis tout s'enchaîne, les nappes d'instruments, la saturation, et puis le calme, la douceur, enfin une voix se pose, doucement ... Tout éclate, nouvelle saturation, et mine de rien, en un morceau, on est assis, les oreilles émerveillées, prêt à prendre une leçon de lyrisme.
Et la leçon sera d'une rare intensité, à l'image de la montée de "Shampoo Suicide", sublimée par les voix qui s'entrecroisent, les instrus qui s'additionnent, se coupent, dans une harmonie parfaite où tout semble couler de source. C'est qu'on veut faire de l'expérimentation douce chez Broken Social Scene, créer, innover mais sans choquer, sans sortir de cette harmonie qui leur confère une grâce sans équivoque.
Heureusement, cet emballage gracieux n'est à aucun moment un obstacle à la diversité : les visites et emprunts passent des cuivre et ryhmiques jazzy à de légères ambiences exotiques, sans compter les quelques envolées noise du plus bel effet !

Finalement, les Broken Social Scene réussissent un pari osé, démontrant que la scène candienne de Constellation & cie n'a aucun mal à se renouveller et ouvrent ainsi, peut-être, la porte à de nouvelles idées qui viendront raviver la flamme d'un mouvement en légère perte de vitesse.


Excellent !   18/20
par Elbichon


  En écoute : https://brokensocialscene.bandcamp.com/album/you-forgot-it-in-people


 Moyenne 18.33/20 

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Posté le 22 mars 2006 à 11 h 23

You Forgot It In People est l'album de Broken Social Scene à avoir. C'est celui en tout cas qui sera le plus facile d'accès si vous comptez découvrir ce groupe. Comment décrire la musique de cet album ? Une sorte de méli-mélo vocal musical, un son qui vous ensorcelle qui vous attrape et qui vous ne lâchera pas. C'est assez plaisant, pour ne pas dire jouissant. La première moitié de cet album va secouera littéralement, la claque instrumentale, des rythmes effrénés ("Kc Accidental"), des lignes de basses a vous retourner les trippes ("Stars And Sons"), une musique colérique et engagée ("Almost Crimes (Radio Kills Remix)") et enfin un petit rythme guitare mélancolique ("Looks Just Like The Sun") pour marquer la fin de la première partie de cet album.

Un magnifique "Pacific Theme" pour signer le début de la 2eme partie, morceau totalement instrumental, avec des instruments de toutes sortes parfaitement calés, une batterie sonnant comme des vagues s'écrasant à quelques mètres vous, arrive à vous faire palper l'écume de l'océan pacifique, une immersion parfaite dans un autre monde, peut être celui du bien-être ou de la 'positive attitude' ? Un des meilleurs morceaux du CD, peut être carrément un des meilleurs que je connaisse...
La suite de l'album se caractérise par son aspect plus calme. "Anthems For A 17 Year Old Girl" est à mon avis un gâchis vocal, une voix féminine déformée est à l'origine de cette critique... C'est dommage. "Late Nineties Bedroom Rock For The Missionaries" fait un peu penser à du bon The Sea And Cake coupé à du Air. "Shampoo Suicide" et encore une belle démonstration instrumentale, des voix qui s'entrecroisent, portées par le son des instruments, un excellent cocktail mélodique, très significatif de la qualité de cet album. "Lover's Spit" et "I'm Still Your Fag" ('je suis toujours ton gay' ?!?!) son aussi de très bonnes productions progressives et calmes. L'album se termine à peu près comme il a commencé (je précise qu'il commence sur des légers sont très lent, façon mauvais Air), sur des sons très progressifs, très lent, portés par 2-3 violons.

Bref Broken Social Scene, prouve du moins avec cet album, que leur musique est plus un reflet musical d'une certaine façon de penser, de voir les choses, plutôt qu'un album classique-rock comme on peut en voir tant d'autres.
C'est ça, la magie Broken Social Scene !
Exceptionnel ! !   19/20



Posté le 01 novembre 2006 à 19 h 49

'Une beauté discrète qui se cache pour ressortir encore mieux'

Ce groupe (canadien) est en réalité un collectif,une communauté, un 'orchestre' composé d'un noyau dur de trois personnes mais qui ne cesse de renflouer ses effectifs par de nombreux musiciens, chanteurs, venus de plusieurs groupes, plusieurs styles. Il y a en tout une grosse dizaine de membres.
Leur musique est à mi-chemin entre de la pop et du post-rock (pour voir les choses de manière simple) avec l'atmosphère chaleureuse, intimiste et mélodiques du premier et la déstructuration expérimentale et grandiloquente du second. Contradictoire ? Certainement, mais c'est ça qui fait leur force... les paradoxes sont brillamment mis en scène, les styles se mélangent sans arrêt. La musique est très complexe, c'est un mélange de plein d'instruments différents qui jouent en même temps pour de grands crescendos qui finissent par constituer un mur du son apocalyptique.
On sent une urgence chez Broken Social Scene. Les atmosphères sont, à ce titre, parfois bancales, comme certaines structures, toujours sur le fil. Voilà un groupe très inspiré, très décalé, à côté de la plaque par rapport aux groupes qui les entourent. Leur musique donne une grande sensation de force fragile, toute en nuances, en contrastes, passant par toutes les atmosphères possibles, dans un enchaînement original et parfois complètement inattendu ; parfois on a affaire à du grand songwriting tout en retenue, très sobre et feutré, parfois c'est un orchestre déchaîné monstrueux qui hurle (avec trompettes, murs de guitares, claviers, chœurs et sons en tous genres). Le plus souvent c'est les deux en même temps.

Pour donner quelques repères concrets, ils doivent se situer aux croisements entre Arcade Fire, Silver Mount Zion et Godspeed You ! Black Emperor... en gros.

"Capture The Flag" : une intro tout en douceur, instrumentale, typée electro planante dans le style Air... une douce montée en puissance, petit morceau chaleureux ... mais qui annonce mal la suite de l'album.
"KC Accidental" : Là c'est la surprise !! Voilà tout d'un coup qu'ils branchent les guitares, menées sur une batterie déchaînée. Cette chanson est comme une course sous la pluie, avec une progression très nette et le chaos qui s'installe petit à petit, là encore une montée, une envolée, on retombe sur nos pattes et puis ça part en couille. Les paroles arrivent, ça se calme, il y a des violons mais le tout sonne très urgent, serein et désespéré en même temps.
"Stars And Sons" : Une boucle rythmique qui se répète à n'en plus finir jusqu'à en devenir franchement obsédant. Le schéma guitare, basse, batterie se brouille au fur et à mesure que passe le morceau pour terminer dans un fracas apocalyptique de sons en tous genres, délire sur la boucle omniprésente de départ. Très belle mélodie, chaleureuse, malgré ce chaos ; c'est une des forces majeures de ce groupes. Là ça sonne encore très rock avec une basse très importante – influence new wave du morceau.
"Almost Crimes" : un dialogue musical entre le chanteur (Kevin Drew) et la chanteuse Feist au chant superbement désespéré et urgent. Une batterie sous rail de coke qui part à fond toute seule, une mélodie très mélancolique mais violente à la fois. Le couplet, de par le son de la voix et celui de la guitare – fait penser à The Strokes qui partiraient en envolée lyrico-romantique.
"Looks Just Like The Sun" : la tension redescend brutalement, on en arrive à une ambiance feutrée. Le chant enroué est triste, il semble résigné. On dirait un genre de folk foutraque et bancal sous substances psychédéliques - mais toujours calme.
"Pacific Theme" : pourrait être au générique d'un film sur une histoire d'amour triste – genre de film qui se finit mal mais où tout le monde veut y croire jusqu'au bout – dans les Iles du Pacifique. Il y a des cuivres, lancinant. Un genre de ballade de coucher de soleil, au bord de la frontière entre sérénité, tension et mélancolie, mais à la structure très fluide.
"Anthems For A Seventeen Year Old Girl" : ballade aérienne mélancolique somptueuse, duo féminin tout en grâce mélodique et lyrique. Une comptine (faussement) légère, obsédante lorsqu'une même phrase est répétée pendant quasiment deux minutes (la moitié de la longueur du titre) jusqu'à l'hypnose et une fin sereine, toute en douceur, vient conclure ce qui avait commencé. Pour moi c'est le meilleur du disque.
Cause=Time : Un single, accrocheur, direct, qui va droit au but. "Mélodie" simple, ténébreuse, en mineur. La tension crescendo est palpable, elle opère toute en retenue. Break occasionnel aux violons qui vient adoucir cette tension à deux reprises, jusqu'à l'apogée finale, apothéose où s'entrechoquent moultes sonorités saturées et grondantes, entre noisy rock et post rock. On dirait du Sonic Youth couplé à du Godspeed you ! Black Emperor.
"Late Nineties Bedroom Rock For The Missionaries" : dans le genre post-rock avec un nom à coucher dehors, voilà un titre que les Godspeed et consorts ne renieraient certainement pas. Un instrumental à la structure minimaliste et progressive jusqu'au déluge sonore, avec cette ambiance baroque et théâtrale si caractéristique (du style post-rock). A cela il faut ajouter une boîte à rythme bancale pour brouiller encore un peu les pistes du schéma pop traditionnel. Il est à noter que des membres de fameux collectifs à Godspeed jouent occasionnellement dans BSS.
"Shampoo Suicide" : rythmique nonchalante, posée. Ligne de basse bien ronde, mise en avant pendant qu'une guitare glisse une ligne mélodique discrète pour créer une ambiance tamisée à la tension discrète, empruntée au trip-hop. On dirait un duo entre Massive Attack et Mogwai. Une bien belle ballade nocturne.
"Lover's Spit" : Tension dramatique annoncée dès les premiers accords de piano, aérien, triste, plein de fougue désespérée. Le piano est soutenu par une rythmique lourde. Atmosphère de dépression, crise existentielle, sensibilité à fleur de peau. On est prêts à éclater en sanglots. Crescendo très dense jusqu'au franchement grandiose, sans jamais aucun son superflu. Le chant, comme le tout, sonne aussi comme une complainte désespérée.
A écouter sur une plage en Bretagne au mois de janvier sous la pluie, ou pendant une tempête de neige.
"I'm Still Your Fag" : 'Je suis encore ton pédé' en VF... hum... on dirait du Radiohead dans ce qu'ils ont fait de plus neurasthénique, au bout du rouleau. Une chanson, là encore, sombre, tendue mais empreinte d'une certaine sérénité. Les instruments chuchotent, la voix est à la limite du murmure. Du grand déballage intime, comme un secret glissé dans le creux de l'oreille, uniquement pour ceux qui veulent prendre le temps d'écouter.
"Pitter Patter Goes My Heart" : le générique de fin, juste avant que le rideau se ferme et que les lumières du monde réel se rallument. Une ligne mélodique très simple de violons, à la sérénité mélancolique pleine d'une douce torpeur, comme celle d'un coucher de soleil qu'on contemplerait avec un air rêveur. Le crépuscule. La fin... avant la suite.
Excellent !   18/20







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