Il y a des groupes qui nous mettent à distance par la froideur de leurs compositions alors que d'autres privilégient un rapport intime voire charnel avec ses auditeurs. Chokebore fait définitivement partie de cette dernière catégorie.
Venu d'Hawaii, une île sans doute devenue trop petite avec le temps, Chokebore s'abandonne au voyage et à la scène, sillonnant inlassablement le monde depuis une dizaine d'années, avec dans leur valise cinq albums à défendre, cinq albums oscillant nerveusement entre énergie salvatrice et spleen baudelairien.
Après quatre années de silence discographique (mis a part le EP "Strange Lines" distribué au gré des concerts), nos hawaiiens préférés nous reviennent avec un nouvel opus, le bien nommé "It's A Miracle" tant on ne croyait plus à un éventuel retour.
Toujours animé par les même valeurs, l'indépendance coûte que coûte et la quête de la belle mélodie électrique, Chokebore arrive cependant à nous surprendre encore une fois. Il n'est pas question ici d'une révolution mais plutôt d'un lent mouvement amorcé depuis "Black Black". La musique se fait de plus en plus introspective, soutenue par des mélodies plus sûres et une instrumentation qui s'ouvre au piano et à la guitare sèche. La voix de Troy reste encore une énigme : sans doute n'est il pas un grand chanteur, en tout cas ses mots et ses intonations nous touchent profondément, et quelques belles phrases viennent hanter nos mornes journées, telle "My Life Is Just Like You Lift It, Full Of Rain Filled With Low Lights And Sad Girls" sur "Geneva". Ne Nous laissons pas surprendre par "Cio La", une belle entrée énergique dans un format on ne peut plus pop soutenue par une batterie plombée. Dès le deuxième morceau, nous plongeons dans une abîme mélancolique où l'on retiendra plus particulièrement le magnifique "Police", sans doute le morceau le plus abouti du groupe, ou "I'll Save You" au fort accent codeinien.
Demeurent encore quelques coups de griffes, certes plus éparses que par le passé, mais toujours aussi remarquables de puissance et de dissonances. Sur "Little Dream", une guitare sauvagement pixienne accompagne le chant quasi hystérique du chanteur. Et que dire de l'orage électrique qui éclate au beau milieu de "Be Forcefull" !
En définitive, "It‘s A Miracle" est un bel album pour ceux qui aiment des confessions intimes sur de belles mélodies inspirées, même si on aurait aimé que le plaisir dure plus longtemps.

A travers cet album, Chokebore nous montre l'évolution nécessaire de Black Black. La galette débute par un morceau déroutant, "Ciao LA", qui n'est pas sans rappeler "Motionless" ou "Anything near water" bien que plus posé.
Puis des morceaux plus Chokeboriens où guitares clean et saturées s'entrechoquent autour dune basse ronde, une batterie ralentie et la voix de Troy qui pleure sur sur ses textes.
Sur "Ultra Lite" un piano fait irruption pour nous donner une pièce majeure de cet album déchirant puis vient la lancinante "Police" et son riff a la fois tranchant, rebondissant et doux.
Chokebore sait enchainer et mélanger morceaux calmes et dur comme "Person You Choose" au rythme ralentit ou la voix est accompagnée d'un larsen constant et "Little Dream" morceau explosif en concert tout comme en studio (peut-être bien le plus de l'album).
Le CD se termine sur une ballade acoustique puis electrifiée ou Troy est à la limite de la fracture vocale.
Apres ce coup de force (qui a révélé Chokebore a un publique beaucoup plus large), on attend patiement le prochain album qui ne sortira peut être jamais, en effet It's A Miracle vient 4 ans apres le monstre Black Black et c'est un miracle. Attention, a l'instar de la pochette de cet album, la survie de Chokebore ne tient plus qu'a un fil.