Shapes And Sizes

On pourrait dire que The Arcade Fire a fait des émules, que cette formation canadienne est à n'en point douter la matrice de pépinières alternatives dévergondées en tout genre... Mais est-il possible qu'il soit seulement le premier arrivé ? Que le style dont il se fait le précurseur soit développé depuis un bout de temps en Amérique du nord ? Que le sirop d'érable ait bel et bien quelque chose à voir sur le talent de la scène rock alternatif canadienne... ? Shapes And Sizes a fraîchement été (ac)cueilli, et pourrait bien se révéler comme un bon antidote à l'éventuelle indigestion de Funeral. Le quatuor à voix mixte tricote des curiosités lo-fi aux faux airs de chaos, chantant sans retenue ni contraintes de petits délires mélodiques chaleureux.
La voix de Caila Thompson-Hannant pourrait nous souffler de douces complaintes comme sait si bien le faire Lauren Hoffman, mais c'est plus fort qu'eux, les canadiens ne peuvent contrôler leur hystérie. Le concept est simple : on fait du rock comme ça nous chante, on s'amuse comme des petits fous ; un chamboule-tout audio. Ainsi dès "Island's Gone Bad", la musique est malmenée de multiples mutations d'une surprenante incohérence. Passant du chant masculin à féminin, partant d'une ballade fluette à un brutal changement vers une étrange pop dodelinante. Chacun des dix titres a son lot de surprise ou au pire d'intérêt, pour lesquelles on ressent souvent la bonhommie de l'équipe. Des intentions de pastiche un peu détaché à une sensibilité mélodique évidente, de la pirouette rigolote à la ballade sincère, l'album se débite dans nos oreilles sans qu'on est la moindre impression d'avoir affaire à un exercice de style branché et sans âme. Shapes And Sizes a de l'énergie à revendre...