Tunng
Good Arrows |
Label :
Full Time Hobby |
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"Take"... "Bricks"... "Hands"... "Bullets"... "Soup"... "Spoons"... "King"... "Arms"... "Secrets"... "String"... "Cans".
Sous cette étrange tracklist suggérant un empilement désordonné d'objets de la vie courante et de petites émotions toutes simples et éphémères, se dévoilent les malicieux Tunng, que l'on retrouve, seulement un an après le trop inégal Comments Of The Inner Chorus, rayonnants et résolument tournés vers l'extérieur. Le duo est devenu sextet, les musiciens ayant épisodiquement participé à l'enregistrement de l'album précédent étant réunis au grand complet et bien décidés à poursuivre l'aventure dans la stabilité. Ainsi, le son de Tunng évolue et se diversifie. Bric-à-brac savamment construit, où chaque objet incongru surgit naturellement, Good Arrows est à la fois l'album le plus équilibré et le plus printanier du groupe, comme si, lassé des heures passées à composer dans sa cave réaménagée en studio de fortune, celui-ci avait fini par ouvrir une trappe pour laisser entrer dans la pièce les rayons du soleil. Une nouvelle couleur fait aussi son apparition : le vert. Vert de l'herbe fraîche où l'on pourrait se prélasser des heures en lisant, ou tout simplement sans rien faire.
L'arrivée de musiciens, dont le multi-intrumentiste génial Martin Smith, rend la rencontre guitare acoustique/laptop très secondaire. Les programmations électroniques sont de toute manière beaucoup moins marquées. Good Arrows se place comme un disque particulièrement réussi dont le traitement informatique sert principalement à réorganiser les sons tirés du quotidien pour les intégrer à des chansons de facture classique. Beaucoup de choses y passent : boîtes de conserve, verres, extraits d'émissions TV, cloches d'église, ambulance, le quotidien se fait kaléidoscope apaisant. Au beau milieu se déploie peinard ce jeu de guitare folk tendre et virtuose qui fait revivre la folk anglaise des années 60, cette voix grave et chaleureuse, très british, qui rend le tout définitivement agréable. Ou bien la douce voix désolée de Becky Jacobs qui mène "String", pour un résultat très touchant.
Agréable mais pas révolutionnaire. Bien sûr, ces petites chansons fantaisistes paraissent vite trop sages, et il faudra s'armer de patience, contourner l'ennui bienheureux, pour peut-être déceler ici et là de remarquables qualités de composition qui feront entrer ce disque dans le panthéon de ceux qui comptent. Peut-être que ce groupe sera toujours considéré comme un petit machin de folk moderne pépère, et finalement peu importe. Après une certaine sensation d'insignifiance générale, j'ai été tenté de revenir sur ces chansons moins légères qu'elles n'y paraissent, où chaque sonorité incongrue est au service d'un tout homogène, discret et profondément humain.
Et puis, Tunng fait encore plus fort que sur le premier essai Mother's Daughter And Other Songs mine de rien ! Ici la chanson qui sort vraiment du lot est "Bullets". C'est le genre d'hymne de poche sorti de nulle part, une chanson irrésistible et sautillante où l'on entend notamment des casseroles, un break en forme de vieux coucou, clochettes, samples, disséminés sous un lit de piano-bar bien rond et un refrain qui fait rimer parfaitement nostalgie et bonheur instantané. Une chanson-remède à n'importe quel coup de blues, l'une des choses les plus euphorisantes que j'ai pu entendre ces dernières années. Puis le sextet s'énerve gentiment sur l'instrumental "Soup", improbable rencontre entre le métal, la musique trad et des traitements rythmiques déjantés dignes des débuts de Four Tet. Vers la fin, arrive "Arms", avec ses volutes de clarinettes et ses cris d'enfants évoluant vers un joli micro-climax, qui laisse aisément imaginer ce qu'aurait pu créer Philip Glass à l'âge de 4 ans.
On pourra croire que le groupe est au bord de l'éparpillement, mais il n'en est rien, bien au contraire. Les chansons prennent leur temps, sourient calmement au présent en regrettant un peu le passé. Une brume légère envahit l'air, de celles qui rendent l'agitation de la cité bien lointaine. Et au milieu de tout ce vert, au milieu de ce quotidien peu spectaculaire, on se sent si bien...
Sous cette étrange tracklist suggérant un empilement désordonné d'objets de la vie courante et de petites émotions toutes simples et éphémères, se dévoilent les malicieux Tunng, que l'on retrouve, seulement un an après le trop inégal Comments Of The Inner Chorus, rayonnants et résolument tournés vers l'extérieur. Le duo est devenu sextet, les musiciens ayant épisodiquement participé à l'enregistrement de l'album précédent étant réunis au grand complet et bien décidés à poursuivre l'aventure dans la stabilité. Ainsi, le son de Tunng évolue et se diversifie. Bric-à-brac savamment construit, où chaque objet incongru surgit naturellement, Good Arrows est à la fois l'album le plus équilibré et le plus printanier du groupe, comme si, lassé des heures passées à composer dans sa cave réaménagée en studio de fortune, celui-ci avait fini par ouvrir une trappe pour laisser entrer dans la pièce les rayons du soleil. Une nouvelle couleur fait aussi son apparition : le vert. Vert de l'herbe fraîche où l'on pourrait se prélasser des heures en lisant, ou tout simplement sans rien faire.
L'arrivée de musiciens, dont le multi-intrumentiste génial Martin Smith, rend la rencontre guitare acoustique/laptop très secondaire. Les programmations électroniques sont de toute manière beaucoup moins marquées. Good Arrows se place comme un disque particulièrement réussi dont le traitement informatique sert principalement à réorganiser les sons tirés du quotidien pour les intégrer à des chansons de facture classique. Beaucoup de choses y passent : boîtes de conserve, verres, extraits d'émissions TV, cloches d'église, ambulance, le quotidien se fait kaléidoscope apaisant. Au beau milieu se déploie peinard ce jeu de guitare folk tendre et virtuose qui fait revivre la folk anglaise des années 60, cette voix grave et chaleureuse, très british, qui rend le tout définitivement agréable. Ou bien la douce voix désolée de Becky Jacobs qui mène "String", pour un résultat très touchant.
Agréable mais pas révolutionnaire. Bien sûr, ces petites chansons fantaisistes paraissent vite trop sages, et il faudra s'armer de patience, contourner l'ennui bienheureux, pour peut-être déceler ici et là de remarquables qualités de composition qui feront entrer ce disque dans le panthéon de ceux qui comptent. Peut-être que ce groupe sera toujours considéré comme un petit machin de folk moderne pépère, et finalement peu importe. Après une certaine sensation d'insignifiance générale, j'ai été tenté de revenir sur ces chansons moins légères qu'elles n'y paraissent, où chaque sonorité incongrue est au service d'un tout homogène, discret et profondément humain.
Et puis, Tunng fait encore plus fort que sur le premier essai Mother's Daughter And Other Songs mine de rien ! Ici la chanson qui sort vraiment du lot est "Bullets". C'est le genre d'hymne de poche sorti de nulle part, une chanson irrésistible et sautillante où l'on entend notamment des casseroles, un break en forme de vieux coucou, clochettes, samples, disséminés sous un lit de piano-bar bien rond et un refrain qui fait rimer parfaitement nostalgie et bonheur instantané. Une chanson-remède à n'importe quel coup de blues, l'une des choses les plus euphorisantes que j'ai pu entendre ces dernières années. Puis le sextet s'énerve gentiment sur l'instrumental "Soup", improbable rencontre entre le métal, la musique trad et des traitements rythmiques déjantés dignes des débuts de Four Tet. Vers la fin, arrive "Arms", avec ses volutes de clarinettes et ses cris d'enfants évoluant vers un joli micro-climax, qui laisse aisément imaginer ce qu'aurait pu créer Philip Glass à l'âge de 4 ans.
On pourra croire que le groupe est au bord de l'éparpillement, mais il n'en est rien, bien au contraire. Les chansons prennent leur temps, sourient calmement au présent en regrettant un peu le passé. Une brume légère envahit l'air, de celles qui rendent l'agitation de la cité bien lointaine. Et au milieu de tout ce vert, au milieu de ce quotidien peu spectaculaire, on se sent si bien...
Parfait 17/20 | par Sam lowry |
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