Eleni Mandell
Snakebite |
Label :
Zedtone |
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En Mars 2007, une journaliste du London Times écrivait : "Eleni Mandell a une voix qui devrait être entendue par des millions de gens. Pourquoi cela n'est pas le cas ? Cela reste un mystère...". Hum... Soit. Le London Times n'étant pas ce que l'on pourrait appeler une référence en terme de critique musicale, j'admets que l'on puisse rester sceptique.
Mais avant de nous intéresser à la voix de la belle, laissez moi replacer son oeuvre dans son contexte : fille d'un dentiste de stars de Los Angeles (si si ça existe, eux aussi ont parfois des caries) elle se voyait déjà douloureusement reprendre l'affaire familiale mais continuait pourtant à rêver de pouvoir un jour jouer avec les X, groupe de punk de la ville formé en 1977. Noyant probablement son chagrin dans les gobelets de bains de bouche aseptisants du cabinet de son père, elle passa sa jeunesse à jouer de la guitare et à écouter les albums de Tom Waits. Le destin faisant bien les choses elle devint vite très amie avec Chuck E. Weiss (le monsieur ayant, pour l'anecdote, étroitement collaboré avec Muddy Waters, Willie Dixon et autres Dr. John, des figures pour le moins emblématiques du bon vieux blues Américain) qui, un beau jour, lui dit que si elle voulait rencontrer son ami Tom elle n'avait qu'à l'accompagner... N'oubliant pas de prendre sa guitare au passage, la miss en profita donc pour jouer au grand Tom un morceau de sa composition. C'est ainsi que le plus reconnu des chanteurs méconnus s'esclaffa à la fin de la représentation improvisée : "That was beautiful! It's the moment I've been hanging on to all my life!". Je pense que même les moins anglophones auront compris qu'il avait apprécié.
Ceci la confortant dans sa volonté de devenir chanteuse (on l'aurait été à moins !), l'Américaine choisit donc d'autofinancer ses premiers albums, albums au nombre de deux avant la sortie du Snakebite objet de cette chronique.
Et alors ? Et oui vous vous dites sûrement (ne faites pas semblant j'ai bien vu que vous êtiez en train de la lire cette chro) "c'est bien beau tout ça mais musicalement qué c'éti qu'ça donne?". Et bien désolé de ne pas vous décevoir mais la peau est aussi douce que le laisse supposer le tube de crème dépilatoire sur le rebord de l'évier. En d'autres mots, on ne peut que donner raison aux quelques magazines et artistes qui ne tarissent pas d'éloges sur cette artiste atypique. Les premières chansons surprennent par leur étonnant éclectisme: "Dreamboat" est une sorte de balade où la voix suave et sensuelle de la chanteuse, accompagnée d'une unique guitare accoustique nous endort de par sa très classe sobriété ; "Pirate Song" au contraire nous dévoile une Eleni Mandell colérique à la voix masculine (timbre qu'elle avoue s'efforcer de travailler pour ressembler le plus possible à un homme) qui se déchaine contre les mecs sans pitié envers les femmes, une chanson qui se termine par un magnifique "SUCKER!" littéralement craché à la face de ceux qui ne comprennent pas encore où est passée la gentille fifille du début... "Don't Loose My Trail" reprend comme si de rien n'était les ingrédients du début, puis s'enchaîne la très mélodique "I Believe In Spring", qui nous démontre si besoin était les talents de compositrices de la demoiselle. Les chansons se succèdent et force est de constater que l'album ne souffre aucune faiblesse. Par contre, on en vient parfois à s'interroger sur l'équilibre mental de la jeune femme... Quand elle ne creuse pas un trou directement avec ses doigts dans l'obsédante "Digging A Hole", elle se met, souvent en plein milieu d'une chanson et sans qu'on le sente venir, à crier comme une possédée par exemple parce qu'elle n'arrive plus à respirer et que son homme ne veut pas l'aider en l'embrassant sur sa morsure de serpent ("Snakebite")... M'enfin... Magnifiques représentants de sa prolifique folie, "Alien Eye" et "Close The Door" sont deux titres incontournables de l'album. Mais au milieu de cela se glissent l'air de rien des chansons presque 'normales', qui ravieront tout fan conventionnel de folk et de country : "Man The Paper Hat", "Dutch Harbor", "Silverlake Babies" et bien d'autres ne feront pas peur à vos enfants...
Bref, un album d'une très grande qualité, véritable démonstration des nombreux talents d'une artiste peu connue en France, et que l'on ne peut s'empêcher de rapprocher du grandissime et intemporel ''Mule Variations'' du dérangé Tom Waits du point de vue de sa démarche artistique. La morale de cette chronique ? Ce n'est pas parce que l'on est un peu secoué(e) que l'on n'a pas le droit de (bien) composer !
Mais avant de nous intéresser à la voix de la belle, laissez moi replacer son oeuvre dans son contexte : fille d'un dentiste de stars de Los Angeles (si si ça existe, eux aussi ont parfois des caries) elle se voyait déjà douloureusement reprendre l'affaire familiale mais continuait pourtant à rêver de pouvoir un jour jouer avec les X, groupe de punk de la ville formé en 1977. Noyant probablement son chagrin dans les gobelets de bains de bouche aseptisants du cabinet de son père, elle passa sa jeunesse à jouer de la guitare et à écouter les albums de Tom Waits. Le destin faisant bien les choses elle devint vite très amie avec Chuck E. Weiss (le monsieur ayant, pour l'anecdote, étroitement collaboré avec Muddy Waters, Willie Dixon et autres Dr. John, des figures pour le moins emblématiques du bon vieux blues Américain) qui, un beau jour, lui dit que si elle voulait rencontrer son ami Tom elle n'avait qu'à l'accompagner... N'oubliant pas de prendre sa guitare au passage, la miss en profita donc pour jouer au grand Tom un morceau de sa composition. C'est ainsi que le plus reconnu des chanteurs méconnus s'esclaffa à la fin de la représentation improvisée : "That was beautiful! It's the moment I've been hanging on to all my life!". Je pense que même les moins anglophones auront compris qu'il avait apprécié.
Ceci la confortant dans sa volonté de devenir chanteuse (on l'aurait été à moins !), l'Américaine choisit donc d'autofinancer ses premiers albums, albums au nombre de deux avant la sortie du Snakebite objet de cette chronique.
Et alors ? Et oui vous vous dites sûrement (ne faites pas semblant j'ai bien vu que vous êtiez en train de la lire cette chro) "c'est bien beau tout ça mais musicalement qué c'éti qu'ça donne?". Et bien désolé de ne pas vous décevoir mais la peau est aussi douce que le laisse supposer le tube de crème dépilatoire sur le rebord de l'évier. En d'autres mots, on ne peut que donner raison aux quelques magazines et artistes qui ne tarissent pas d'éloges sur cette artiste atypique. Les premières chansons surprennent par leur étonnant éclectisme: "Dreamboat" est une sorte de balade où la voix suave et sensuelle de la chanteuse, accompagnée d'une unique guitare accoustique nous endort de par sa très classe sobriété ; "Pirate Song" au contraire nous dévoile une Eleni Mandell colérique à la voix masculine (timbre qu'elle avoue s'efforcer de travailler pour ressembler le plus possible à un homme) qui se déchaine contre les mecs sans pitié envers les femmes, une chanson qui se termine par un magnifique "SUCKER!" littéralement craché à la face de ceux qui ne comprennent pas encore où est passée la gentille fifille du début... "Don't Loose My Trail" reprend comme si de rien n'était les ingrédients du début, puis s'enchaîne la très mélodique "I Believe In Spring", qui nous démontre si besoin était les talents de compositrices de la demoiselle. Les chansons se succèdent et force est de constater que l'album ne souffre aucune faiblesse. Par contre, on en vient parfois à s'interroger sur l'équilibre mental de la jeune femme... Quand elle ne creuse pas un trou directement avec ses doigts dans l'obsédante "Digging A Hole", elle se met, souvent en plein milieu d'une chanson et sans qu'on le sente venir, à crier comme une possédée par exemple parce qu'elle n'arrive plus à respirer et que son homme ne veut pas l'aider en l'embrassant sur sa morsure de serpent ("Snakebite")... M'enfin... Magnifiques représentants de sa prolifique folie, "Alien Eye" et "Close The Door" sont deux titres incontournables de l'album. Mais au milieu de cela se glissent l'air de rien des chansons presque 'normales', qui ravieront tout fan conventionnel de folk et de country : "Man The Paper Hat", "Dutch Harbor", "Silverlake Babies" et bien d'autres ne feront pas peur à vos enfants...
Bref, un album d'une très grande qualité, véritable démonstration des nombreux talents d'une artiste peu connue en France, et que l'on ne peut s'empêcher de rapprocher du grandissime et intemporel ''Mule Variations'' du dérangé Tom Waits du point de vue de sa démarche artistique. La morale de cette chronique ? Ce n'est pas parce que l'on est un peu secoué(e) que l'on n'a pas le droit de (bien) composer !
Excellent ! 18/20 | par JoHn DoriAne |
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