Lucie Vacarme
Metalvox EP |
Label :
Lithium |
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Lorsqu'on est étudiants et que l'on reprend le "Freak Scene" de Dinosaur Jr (à l'époque totalement underground), on ne peut pas dire qu'on met tous les atouts de son côté pour percer.
Déjà donc, le but de Michel Cloup ne se situait clairement pas dans la recherche de reconnaissance. Désireux de pousser le rock dans ses derniers retranchements, il s'employa alors à pratiquer une musique archi-criarde, saturée et brouillonne, à la limite de l'audible, notamment en concert (ceux de Toulouse et de Bordeaux en première partie de Lush étaient réputés pour provoquer des acouphènes). Comme il fallait bien commencer quelque part et qu'à l'époque son groupe était à la recherche d'une identité propre, Michel Cloup et ses comparses allaient plutôt fouiner du côté des bruitistes, de Sonic Youth à My Bloody Valentine, en passant par Mercury Rev. Le résultat ne fait donc pas dans la dentelle. Et malgré le soutien de Lenoir, Lucie Vacarme resta dans l'ombre et le reste encore maintenant, même si Michel Cloup jouit d'une autre aura désormais. En effet pas énormément de jeunes écoutaient ce genre de musique, si loin des morceaux frelatés servis en soupe tiède à la radio.
Il fallait oser, pour le coup, écrire un titre comme "Encore Stéphanie", massacre sans ménagement, avec ses longs slides crispants, son riff entêtant et ses accélérations, sous lesquels se dégagent, chantée d'une voix douce, voire inaudible, des paroles en français, dont on ne comprend finalement pas un mot, tant tout est enseveli sous un nuage de distorsions tordues et tarabiscotées. On le jurerait pourtant : il s'agit bien de pop !
Cette radicalité en matière de recyclage des influences est une des particularités de Lucie Vacarme. Ainsi le vif "Freak Scene" sera chanté non pas d'une voix nasillarde, mais plutôt fatiguée et nonchalante, à la manière des groupes shoegaze. Le groupe se place d'emblée et sans le savoir parmi les défricheurs français. Les travaux sur le son, le collage des mélodies, le détournement, la perversité (en témoigne Metalvox, ses solos distordus, ses guitares lourdes, sa rythmique instrumentale et surtout ses dérapages) serviront de mouture pour Diabologum, le futur projet de Michel Cloup.
En attendant de devenir un artiste conceptuel reconnu, le guitariste n'était alors qu'un étudiant amoureux de ses idoles et désireux de ne rien faire comme personne. Il y a une certaine manière de prendre les choses par-dessus la jambe chez ce garçon. Jouer fort, bruyamment, en cassant les mélodies (ces sirènes stridentes qui oscillent en permanence) mais s'en moquer, faire comme si ce n'était pas important comme si la vie n'en dépendait pas, car finalement la vie est morne mais vaut mieux en rire. Du coup, des paroles aussi naïves que "je ne regarde que toi mais tu ne me vois pas" prennent une tout autre tournure lorsqu'elles sont lâchées doucement au milieu d'un bordel sonore sans nom. Le morceau "Essaie De Comprendre", un de leur plus célèbre, est symptomatique de l'esprit du groupe : dialogue de mélodies à la guitare, couplet enchanteur, d'une langueur incroyable, rehaussé par des chœurs féminins en arrière fond, tout en étant écharpé par des distorsions foldingues. On vibre au beau milieu d'un univers mutin, infantile et capricieux. Voire passionnel. A l'image des shoegazers. Le morceau se lâche sur la fin et finit complètement sous le coup de crispations fracassantes, avant que les chants savoureux réapparaissent. Michel Cloup avait la réputation d'être capable de faire crier sa guitare sur scène avec tous les objets qui lui passaient par la main, tout en restant d'une froideur implacable. Prendre les convenances au second degré.
Comme s'il disait aux gens : "Vous avez mal aux oreilles ? Et bien tant pis, parce que nous, on adore ça !".
Déjà donc, le but de Michel Cloup ne se situait clairement pas dans la recherche de reconnaissance. Désireux de pousser le rock dans ses derniers retranchements, il s'employa alors à pratiquer une musique archi-criarde, saturée et brouillonne, à la limite de l'audible, notamment en concert (ceux de Toulouse et de Bordeaux en première partie de Lush étaient réputés pour provoquer des acouphènes). Comme il fallait bien commencer quelque part et qu'à l'époque son groupe était à la recherche d'une identité propre, Michel Cloup et ses comparses allaient plutôt fouiner du côté des bruitistes, de Sonic Youth à My Bloody Valentine, en passant par Mercury Rev. Le résultat ne fait donc pas dans la dentelle. Et malgré le soutien de Lenoir, Lucie Vacarme resta dans l'ombre et le reste encore maintenant, même si Michel Cloup jouit d'une autre aura désormais. En effet pas énormément de jeunes écoutaient ce genre de musique, si loin des morceaux frelatés servis en soupe tiède à la radio.
Il fallait oser, pour le coup, écrire un titre comme "Encore Stéphanie", massacre sans ménagement, avec ses longs slides crispants, son riff entêtant et ses accélérations, sous lesquels se dégagent, chantée d'une voix douce, voire inaudible, des paroles en français, dont on ne comprend finalement pas un mot, tant tout est enseveli sous un nuage de distorsions tordues et tarabiscotées. On le jurerait pourtant : il s'agit bien de pop !
Cette radicalité en matière de recyclage des influences est une des particularités de Lucie Vacarme. Ainsi le vif "Freak Scene" sera chanté non pas d'une voix nasillarde, mais plutôt fatiguée et nonchalante, à la manière des groupes shoegaze. Le groupe se place d'emblée et sans le savoir parmi les défricheurs français. Les travaux sur le son, le collage des mélodies, le détournement, la perversité (en témoigne Metalvox, ses solos distordus, ses guitares lourdes, sa rythmique instrumentale et surtout ses dérapages) serviront de mouture pour Diabologum, le futur projet de Michel Cloup.
En attendant de devenir un artiste conceptuel reconnu, le guitariste n'était alors qu'un étudiant amoureux de ses idoles et désireux de ne rien faire comme personne. Il y a une certaine manière de prendre les choses par-dessus la jambe chez ce garçon. Jouer fort, bruyamment, en cassant les mélodies (ces sirènes stridentes qui oscillent en permanence) mais s'en moquer, faire comme si ce n'était pas important comme si la vie n'en dépendait pas, car finalement la vie est morne mais vaut mieux en rire. Du coup, des paroles aussi naïves que "je ne regarde que toi mais tu ne me vois pas" prennent une tout autre tournure lorsqu'elles sont lâchées doucement au milieu d'un bordel sonore sans nom. Le morceau "Essaie De Comprendre", un de leur plus célèbre, est symptomatique de l'esprit du groupe : dialogue de mélodies à la guitare, couplet enchanteur, d'une langueur incroyable, rehaussé par des chœurs féminins en arrière fond, tout en étant écharpé par des distorsions foldingues. On vibre au beau milieu d'un univers mutin, infantile et capricieux. Voire passionnel. A l'image des shoegazers. Le morceau se lâche sur la fin et finit complètement sous le coup de crispations fracassantes, avant que les chants savoureux réapparaissent. Michel Cloup avait la réputation d'être capable de faire crier sa guitare sur scène avec tous les objets qui lui passaient par la main, tout en restant d'une froideur implacable. Prendre les convenances au second degré.
Comme s'il disait aux gens : "Vous avez mal aux oreilles ? Et bien tant pis, parce que nous, on adore ça !".
Bon 15/20 | par Vic |
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