Dead Kennedys
Bedtime For Democracy |
Label :
Alternative Tentacles |
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Début 1986, lassés de voir la scène punk underground envahie par des hordes de bas du front machos et bagarreurs voire des skins fascistes, Jello Biafra et les Deads Kennedys décident de jeter l'éponge. Assez de voir leurs concerts tourner en baston générale. Assez de prêcher dans le désert des messages élaborés et pourtant très pertinents. L'idéal fraternel et intellectuel que les groupes de punk/hardcore américains voyaient dans cette scène s'écroule petit à petit. La côté est a déjà vu ses fleurons hardcore splitter les uns après les autres, la côté ouest perd ici une icône emblématique du punk.
Ajoutons à cela, le procès que l'état de Californie a intenté au groupe pour obscénité suite à l'utilisation d'une oeuvre du peintre suisse H.R. Giger et le découragement atteint son comble. C'est très louable de vouloir élever un peu le débat mais s'adresser à des demeurés pendant que l'establishment vous met des bâtons dans les roues, c'est courir à la ruine et totalement vain. Jello Biafra se contentera donc de faire ses discours dans les universités devant un public attentif et les musiciens poursuivront leurs carrières musicales dans divers projets.
Mais avant de définitivement tourner la page, les Dead Kennedys enregistrent un dernier baroud d'honneur. Et pour clôturer leur carrière discographique en beauté, ils se lâchent complètement et sortent l'artillerie lourde. Bedtime For Democracy est l'album le plus violent musicalement du groupe : les morceaux sont souvent très courts et très rapides et le chant est plus hargneux qu'à l'accoutumé chez le groupe. Ce regain de hargne se remarque tout d'abord à la forme de l'album : 21 morceaux pour un peu moins de 50 minutes (double vinyl à l'époque), le groupe met plus que jamais le turbo. La plupart des plages n'excèdent pas les deux minutes trente et on retrouve la fougue de leurs premiers 45 tours. Cette débauche d'énergie est surement due à la frustration libérée du groupe bien qu'il ne faille pas oublier que depuis quelques années la scène thrash-metal californienne est florissante ; une manière de montrer qui est le patron ?
Mais contrairement à nombre de groupes, les Dead Kennedys savent parfaitement canaliser cette énergie pour ne pas assommer l'auditeur par une suite de morceaux lassants. Les ruptures et les changements de rythmes sont très souvent utilisées ce qui donne du relief et un attrait supplémentaires à l'album.
Hormis cette majorité de titres, on retrouve quelques morceaux du Dead Kennedys pur jus : rythme entrainant, mélodies relatives et chant fédérateur. "Cesspools In Eden", "Chickenshit Conformist", "Do The Slag", "I Spy" sont à mettre dans la droite lignée des meilleurs morceaux du groupe.
Côté textes, la qualité reste également inchangée. Jello Biafra taille une nouvelle fois des costards à tout un pan de la société qui l'exaspère. La décrépitude de la scène punk précitée ("Chickenshit Conformist", "Anarchy For Sale"), les méthodes fasciste du gouvernement américain (n'oublions pas que Ronald Reagan était alors président), les ridicules préceptes de l'establishment et bien sûr les thèmes punks habituels : guerre, écologie, anarchie... Pour appuyer ce discours, la pochette offre une caricature naïve mais pertinente de la société américaine articulée autour d'un de ses plus grands symboles.
Au final, même si Bedtime For Democracy est loin d'égaler les albums précédents, il reste musicalement honorable. Mais ce sont surtout les paroles qui se révèlent le plus intéressantes et relèvent grandement le niveau. Les Dead Kennedys tirent leur révérence sur un disque bouclant la boucle : énervé et plus que jamais punk.
Ajoutons à cela, le procès que l'état de Californie a intenté au groupe pour obscénité suite à l'utilisation d'une oeuvre du peintre suisse H.R. Giger et le découragement atteint son comble. C'est très louable de vouloir élever un peu le débat mais s'adresser à des demeurés pendant que l'establishment vous met des bâtons dans les roues, c'est courir à la ruine et totalement vain. Jello Biafra se contentera donc de faire ses discours dans les universités devant un public attentif et les musiciens poursuivront leurs carrières musicales dans divers projets.
Mais avant de définitivement tourner la page, les Dead Kennedys enregistrent un dernier baroud d'honneur. Et pour clôturer leur carrière discographique en beauté, ils se lâchent complètement et sortent l'artillerie lourde. Bedtime For Democracy est l'album le plus violent musicalement du groupe : les morceaux sont souvent très courts et très rapides et le chant est plus hargneux qu'à l'accoutumé chez le groupe. Ce regain de hargne se remarque tout d'abord à la forme de l'album : 21 morceaux pour un peu moins de 50 minutes (double vinyl à l'époque), le groupe met plus que jamais le turbo. La plupart des plages n'excèdent pas les deux minutes trente et on retrouve la fougue de leurs premiers 45 tours. Cette débauche d'énergie est surement due à la frustration libérée du groupe bien qu'il ne faille pas oublier que depuis quelques années la scène thrash-metal californienne est florissante ; une manière de montrer qui est le patron ?
Mais contrairement à nombre de groupes, les Dead Kennedys savent parfaitement canaliser cette énergie pour ne pas assommer l'auditeur par une suite de morceaux lassants. Les ruptures et les changements de rythmes sont très souvent utilisées ce qui donne du relief et un attrait supplémentaires à l'album.
Hormis cette majorité de titres, on retrouve quelques morceaux du Dead Kennedys pur jus : rythme entrainant, mélodies relatives et chant fédérateur. "Cesspools In Eden", "Chickenshit Conformist", "Do The Slag", "I Spy" sont à mettre dans la droite lignée des meilleurs morceaux du groupe.
Côté textes, la qualité reste également inchangée. Jello Biafra taille une nouvelle fois des costards à tout un pan de la société qui l'exaspère. La décrépitude de la scène punk précitée ("Chickenshit Conformist", "Anarchy For Sale"), les méthodes fasciste du gouvernement américain (n'oublions pas que Ronald Reagan était alors président), les ridicules préceptes de l'establishment et bien sûr les thèmes punks habituels : guerre, écologie, anarchie... Pour appuyer ce discours, la pochette offre une caricature naïve mais pertinente de la société américaine articulée autour d'un de ses plus grands symboles.
Au final, même si Bedtime For Democracy est loin d'égaler les albums précédents, il reste musicalement honorable. Mais ce sont surtout les paroles qui se révèlent le plus intéressantes et relèvent grandement le niveau. Les Dead Kennedys tirent leur révérence sur un disque bouclant la boucle : énervé et plus que jamais punk.
Bon 15/20 | par Abe-sapien |
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