Mick Barr
Crom-Tech - Crom-Tech |
Label :
Gravity |
||||
Mick Barr, guitariste américain, est ce que l'on pourrait appeler un musicien avant-gardiste. Reconnu pour son incroyable rapidité d'exécution et son ahurissante agilité, il multiplie les projets iconoclastes, repoussant constamment les limites de son instrument. D'ailleurs, cette volonté de faire voler en éclats les règles pré-établies de la composition rapproche indéniablement Mick Barr de musiciens comme Zorn ou Patton. Ce n'est pas pour rien que Orthrelm a été récemment signé sur Ipecac et que son projet Octis a sorti en 2007 un album (Mick Barr – Octis : Iohargh Wended) sur Tzadik.
Pour simplifier l'incroyable effervescence créatrice de ce musicien, nous pourrions scinder sa discographie en quatre entités distinctes. Ocrilim et Octis sont deux projets solos instrumentaux où Mick s'accompagne uniquement d'une boîte à rythme. Dans Orthrelm et Crom-Tech, il joue avec deux batteurs assez fous et brillants pour pouvoir l'accompagner : Respectivement Josh Blair et Malcolm McDuffie. Ces quatre projets n'en sont en fait qu'un seul car écouter Octis ou Orthrelm revient au même, le style ne varie pas d'un pouce. Seul changement dans Crom-Tech : l'incursion de vocaux, assez proches de l'esprit Hard-Core, d'avantage hurlés que chantés.
Musicalement, Mike Barr s'inscrit dans la mouvance "Shred." Ce terme anglais signifiant "déchiqueter" désigne la virtuosité du jeu de guitare et met l'accent sur la vitesse et la difficulté des plans exécutés. Mais nous sommes ici très loin des shredders Rock et Metal à la Eddie Van Halen, Joe Satriani ou Steve Vai. En effet, un seul titre de trente secondes de Mick Barr contient plus de notes qu'un solo de cinq minutes de n'importe quel "guitar hero." A ce titre, écouter du Mick Barr pourrait s'avérer parfaitement indigeste et surtout écoeurant pour tous les musiciens, en herbe ou confirmés. Et pourtant...
Concernant Crom-Tech (mais les remarques qui suivent son également valables pour toute la discographie de Mick Barr), la technique du guitariste ne s'accompagne pas de toute la pompe trop souvent inhérente aux solistes traditionnels. Ici, la démonstration n'est pas une affaire d'ego mais l'outil indispensable à la folie créatrice de ce duo d'allumés hors norme. Musique inclassable empruntant au Jazz, au Rock ou au Grind et passée au mixer d'une délirante crise de démence, Crom-Tech refuse les schémas, le conformisme, et présente le résultat de ses recherches musicales dans des formats de chansons oscillants entre la vingtaine de secondes et deux minutes. L'équation finale se résout en douze titres : hémicrânie.
Je m'étais déjà demandé, en écoutant Orthrelm et Octis, comment un chanteur pourrait poser des lignes de chant sur un ensemble aussi riche et déstructuré, l'espace étant totalement rempli par la guitare et un jeu de batterie hystérico-apoplectique. Crom-Tech fournit la réponse : C'est impossible. L'absence de mélodies rend le chant obsolète et même un Patton serait à la peine sur de telles structures. Les vocaux sont donc scandés, aboyés, fragmentés, posés à l'instinct, sans finesse. Inutile de préciser que la formule "couplet refrain" est bannie, il est déjà suffisamment difficile de parler de titres en particulier.
En effet, la brièveté des morceaux, leur intensité nucléaire et la faible durée de l'album font que ce Crom-Tech s'écoute comme une pièce unique. A cela s'ajoute des titres de chansons incompréhensibles et à peine prononçables ("Prux-Norplexoxix", "Brammix-Q:49face") qui confirment le caractère abscons de ce que l'on est malgré tout obligé de nommer "musique."
En dépit de l'immense valeur artistique de cet objet, je suis conscient des écueils possibles. Je laisse de côté le fait que Crom-Tech ne dépasse pas les vingt minutes, il est difficilement envisageable de pouvoir endurer un tel chaos plus longtemps. En revanche, il existe à mon sens peu de groupes aussi élitistes et anti-commerciaux. En écoutant du Mick Barr, la prise de tête est assurée, pire que si Einstein me donnait un cours de maths. Et ce sans compter le jeu totalement imprévisible de McDuffie, très fin mais incompréhensible. Crom-Tech n'est pas là pour détendre son auditeur mais pour expérimenter dans l'extrême. Attention : Savants fous !
Pour simplifier l'incroyable effervescence créatrice de ce musicien, nous pourrions scinder sa discographie en quatre entités distinctes. Ocrilim et Octis sont deux projets solos instrumentaux où Mick s'accompagne uniquement d'une boîte à rythme. Dans Orthrelm et Crom-Tech, il joue avec deux batteurs assez fous et brillants pour pouvoir l'accompagner : Respectivement Josh Blair et Malcolm McDuffie. Ces quatre projets n'en sont en fait qu'un seul car écouter Octis ou Orthrelm revient au même, le style ne varie pas d'un pouce. Seul changement dans Crom-Tech : l'incursion de vocaux, assez proches de l'esprit Hard-Core, d'avantage hurlés que chantés.
Musicalement, Mike Barr s'inscrit dans la mouvance "Shred." Ce terme anglais signifiant "déchiqueter" désigne la virtuosité du jeu de guitare et met l'accent sur la vitesse et la difficulté des plans exécutés. Mais nous sommes ici très loin des shredders Rock et Metal à la Eddie Van Halen, Joe Satriani ou Steve Vai. En effet, un seul titre de trente secondes de Mick Barr contient plus de notes qu'un solo de cinq minutes de n'importe quel "guitar hero." A ce titre, écouter du Mick Barr pourrait s'avérer parfaitement indigeste et surtout écoeurant pour tous les musiciens, en herbe ou confirmés. Et pourtant...
Concernant Crom-Tech (mais les remarques qui suivent son également valables pour toute la discographie de Mick Barr), la technique du guitariste ne s'accompagne pas de toute la pompe trop souvent inhérente aux solistes traditionnels. Ici, la démonstration n'est pas une affaire d'ego mais l'outil indispensable à la folie créatrice de ce duo d'allumés hors norme. Musique inclassable empruntant au Jazz, au Rock ou au Grind et passée au mixer d'une délirante crise de démence, Crom-Tech refuse les schémas, le conformisme, et présente le résultat de ses recherches musicales dans des formats de chansons oscillants entre la vingtaine de secondes et deux minutes. L'équation finale se résout en douze titres : hémicrânie.
Je m'étais déjà demandé, en écoutant Orthrelm et Octis, comment un chanteur pourrait poser des lignes de chant sur un ensemble aussi riche et déstructuré, l'espace étant totalement rempli par la guitare et un jeu de batterie hystérico-apoplectique. Crom-Tech fournit la réponse : C'est impossible. L'absence de mélodies rend le chant obsolète et même un Patton serait à la peine sur de telles structures. Les vocaux sont donc scandés, aboyés, fragmentés, posés à l'instinct, sans finesse. Inutile de préciser que la formule "couplet refrain" est bannie, il est déjà suffisamment difficile de parler de titres en particulier.
En effet, la brièveté des morceaux, leur intensité nucléaire et la faible durée de l'album font que ce Crom-Tech s'écoute comme une pièce unique. A cela s'ajoute des titres de chansons incompréhensibles et à peine prononçables ("Prux-Norplexoxix", "Brammix-Q:49face") qui confirment le caractère abscons de ce que l'on est malgré tout obligé de nommer "musique."
En dépit de l'immense valeur artistique de cet objet, je suis conscient des écueils possibles. Je laisse de côté le fait que Crom-Tech ne dépasse pas les vingt minutes, il est difficilement envisageable de pouvoir endurer un tel chaos plus longtemps. En revanche, il existe à mon sens peu de groupes aussi élitistes et anti-commerciaux. En écoutant du Mick Barr, la prise de tête est assurée, pire que si Einstein me donnait un cours de maths. Et ce sans compter le jeu totalement imprévisible de McDuffie, très fin mais incompréhensible. Crom-Tech n'est pas là pour détendre son auditeur mais pour expérimenter dans l'extrême. Attention : Savants fous !
Exceptionnel ! ! 19/20 | par Arno Vice |
En ligne
588 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages