Starkweather
Croatoan |
Label :
Candlelight |
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Formé en 1989 à Philadelphia, Starkweather fait partie de ces groupes américains pionniers du Metal-Core, un genre hybride empruntant au Hard-Core et au Heavy-Metal (j'entends déjà glousser), précédemment appelé Crossover.
Croatan est le troisième véritable album studio du groupe et s'offre deux guests de choix, prouvant l'influence majeure de ce groupe sur la scène actuelle : Liam Wilson (bassiste chez The Dillinger Escape Plan) et Jim Winters, figure emblématique de la scène Hard-Core, ayant travaillé avec Believer, Earth Crisis, Turmoil et The Promise. Ajoutez à cela une pochette dessinée par le talentueux Paul Romano (Mastodon, Trivium, Godflesh), et l'on commence à subodorer que Starkweather risque bien de faire suer nos enceintes.
"Bitterfrost" pose d'emblée les bases : Starkweather n'est pas le genre de formation qui riffe plus vite que son ombre. Le tempo est lourd, voire écrasant, marqué par des cassures de rythme aussi soudaines que brutales. De plus, les schémas musicaux ne sont absolument pas conventionnels, le sempiternel "couplet refrain" étant délaissé au profit d'une narration progressive au cours de laquelle sont développés de multiples thèmes musicaux.
La voix est également moins monolithique que le genre pratiqué ne le laisse supposer. Les structures des titres étant évolutives, le chanteur (Rennie Resmini) s'adapte aux différentes variations climatiques. Tantôt hurlés (mais plus proches d'un Eyehategod que du Screamo), tantôt mélodieux façon Layne Staley (Alice In Chains), ils contribuent indéniablement à renforcer l'homogénéité et l'originalité de ce Croatan.
Parfois proche du Doom-Death, dans ses ralentissements subits et les vocaux gutturaux, la production, assurée par Pierre Remillard (Cryptopsy, Krisium), ne pouvait être qu'à l'image de ce Metal-Core rouleau compresseur. Très sèche, sourde, elle épouse parfaitement le climat malsain de l'ensemble sans pour autant étouffer les velléités mélodico-dissonantes des guitares. Le son est abrasif et le chaos parfaitement maîtrisé par le quintet. L'arythmie des structures anguleuses, la densité des morceaux et l'épaisseur sonore confèrent à Croatan une atmosphère suffocante, chaque titre se révélant être un long et tortueux labyrinthe (plus de huit minutes pour "Silken Garotte" et "Hushabue Goodnight") dont on sort à chaque fois plus abîmé. Les explosions de violence pure sont rares ("Machine Rythm") et ne se départissent jamais de cette noirceur spécifique au groupe, alors que paradoxalement les véritables accalmies sont quasiment inexistantes (quelques secondes de répit acoustique au milieu de "Slither", "Wilding", qui conclut l'album.) Tout n'est que tension, strangulation, agonie lente.
Vous l'aurez compris au vu des différents qualificatifs employés pour décrire ce Croatan, Starkweather n'est pas un groupe mainstream et son Metal-Core n'a rien de mélodique. Capable de séduire les amateurs de Cowbar, Eyehategod ou Botch, le groupe a une forte identité et pratique un style très personnel qui, notamment dans le traitement des voix, me fait également penser à Acid Bath.
Reste que l'absence totale d'oxygène rend l'écoute d'une traite difficilement accessible tant l'impression de plonger en apnée dans des eaux de plus en plus froides et profondes est grande. De plus, la complexité des compositions n'aide pas nos efforts désespérés pour ne pas boire la tasse. En revanche, je ne saurais trop recommander Croatan à ceux qui recherchent du Hard-Core inventif, émancipé des poncifs du genre, car Starkweather, malgré son manque de reconnaissance, est sans conteste un des meilleurs représentants d'un genre où l'excellence fait trop souvent défaut. Claustrophobes, s'abstenir...
Croatan est le troisième véritable album studio du groupe et s'offre deux guests de choix, prouvant l'influence majeure de ce groupe sur la scène actuelle : Liam Wilson (bassiste chez The Dillinger Escape Plan) et Jim Winters, figure emblématique de la scène Hard-Core, ayant travaillé avec Believer, Earth Crisis, Turmoil et The Promise. Ajoutez à cela une pochette dessinée par le talentueux Paul Romano (Mastodon, Trivium, Godflesh), et l'on commence à subodorer que Starkweather risque bien de faire suer nos enceintes.
"Bitterfrost" pose d'emblée les bases : Starkweather n'est pas le genre de formation qui riffe plus vite que son ombre. Le tempo est lourd, voire écrasant, marqué par des cassures de rythme aussi soudaines que brutales. De plus, les schémas musicaux ne sont absolument pas conventionnels, le sempiternel "couplet refrain" étant délaissé au profit d'une narration progressive au cours de laquelle sont développés de multiples thèmes musicaux.
La voix est également moins monolithique que le genre pratiqué ne le laisse supposer. Les structures des titres étant évolutives, le chanteur (Rennie Resmini) s'adapte aux différentes variations climatiques. Tantôt hurlés (mais plus proches d'un Eyehategod que du Screamo), tantôt mélodieux façon Layne Staley (Alice In Chains), ils contribuent indéniablement à renforcer l'homogénéité et l'originalité de ce Croatan.
Parfois proche du Doom-Death, dans ses ralentissements subits et les vocaux gutturaux, la production, assurée par Pierre Remillard (Cryptopsy, Krisium), ne pouvait être qu'à l'image de ce Metal-Core rouleau compresseur. Très sèche, sourde, elle épouse parfaitement le climat malsain de l'ensemble sans pour autant étouffer les velléités mélodico-dissonantes des guitares. Le son est abrasif et le chaos parfaitement maîtrisé par le quintet. L'arythmie des structures anguleuses, la densité des morceaux et l'épaisseur sonore confèrent à Croatan une atmosphère suffocante, chaque titre se révélant être un long et tortueux labyrinthe (plus de huit minutes pour "Silken Garotte" et "Hushabue Goodnight") dont on sort à chaque fois plus abîmé. Les explosions de violence pure sont rares ("Machine Rythm") et ne se départissent jamais de cette noirceur spécifique au groupe, alors que paradoxalement les véritables accalmies sont quasiment inexistantes (quelques secondes de répit acoustique au milieu de "Slither", "Wilding", qui conclut l'album.) Tout n'est que tension, strangulation, agonie lente.
Vous l'aurez compris au vu des différents qualificatifs employés pour décrire ce Croatan, Starkweather n'est pas un groupe mainstream et son Metal-Core n'a rien de mélodique. Capable de séduire les amateurs de Cowbar, Eyehategod ou Botch, le groupe a une forte identité et pratique un style très personnel qui, notamment dans le traitement des voix, me fait également penser à Acid Bath.
Reste que l'absence totale d'oxygène rend l'écoute d'une traite difficilement accessible tant l'impression de plonger en apnée dans des eaux de plus en plus froides et profondes est grande. De plus, la complexité des compositions n'aide pas nos efforts désespérés pour ne pas boire la tasse. En revanche, je ne saurais trop recommander Croatan à ceux qui recherchent du Hard-Core inventif, émancipé des poncifs du genre, car Starkweather, malgré son manque de reconnaissance, est sans conteste un des meilleurs représentants d'un genre où l'excellence fait trop souvent défaut. Claustrophobes, s'abstenir...
Très bon 16/20 | par Arno Vice |
En écoute : https://starkweather.bandcamp.com/album/croatoan
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