I'm From Barcelona

Who Killed Harry Houdini

Who Killed Harry Houdini

 Label :     Mut 
 Sortie :    mardi 14 octobre 2008 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

Si l'apparition de I'm From Barcelona en 2006 sentait une pointe d'opportunisme dans la mouvance des grands collectifs extravagants polyvalents (Broken Social Scene, The Polyphonic Spree, Architecture In Helsinki...), le collectif de Emanuel Lundgren ne peut que nous faire mentir avec ce second essai. Introduit par un "Andy" cristallin porté par la chorale que l'on connaît bien, quoique plus discrète, le tour de passe se produit instantanément et nous plonge d'emblée dans la relecture d'un groupe qu'on pensait avoir cerné sans trop de mal et dont on ne donnait pas cher quant à son évolution musicale. Sur Who Killed Harry Houdini, les suédois se rétractent dans une pop plus concessionnelle et calme leur jeu divertissant pour une approche plus sérieuse et personnelle. Le pari est audacieux mais d'un côté on voyait mal comment une telle débauche aurait pu se pérenniser. Ainsi la vingtaine de comparses suspendent leurs farandoles, leurs chansons émaillées, désincarnées et impersonnelles ou plutôt piquées à un gamin aux pensées simples et aux images mignonnes (on se souvient de "Collection Of Stamps"). Fini les airs à répéter inlassablement à tue tête, les claquements de mains, les chœurs à tout va (il reste quand même quelques traces), cette gaieté incessante, bref ce côté je m'en foutiste assumé et communicatif. Cela n'en déplaise à certains, ce disque apporte de nouvelles bases plus carrées et mesurées. Le but est dorénavant de faire des compositions homogènes, qui tintinnabulent moins et cessent de donner la sensation que rien n'est contrôlé (même si cela était le cas). Les facéties sont mises sur la touche pour laisser place à la création d'une atmosphère qui donne à réfléchir et laisse apprécier les textes plus accomplis de Lundgren. Le bonhomme se retrouve peu à peu, reprend les devants d'un projet qui l'avait progressivement effacé ou du moins l'avait englobé trop souvent dans les rangs de son collectif dont il est pourtant l'initiateur. On appréciera donc ce que tout le monde nomme communément maturité mais qui n'est en fait qu'un artiste qui reprend ses droits. D'ailleurs la ressemblance avec Loney, Dear est parfois frappante lorsqu'il se retrouve seul avec sa voix de fausset, seule véritable prise de risque. Il persiste néanmoins des titres comme "Paper Planes" ou "Mingus" proche de ce qu'ils faisaient avant, mais on sent que les libertés d'expression collective sont tout de même tenues au collier, orchestrées en demi-mesure. Certes, le tour de magie n'est pas aussi sensationnel que ceux du prestidigitateur hongrois Harry Houdini, le succès ne sera sûrement pas non plus aussi franc que Let Me Introduce My Friends mais ce deuxième disque est tout à fait recommandable. Amis de pop scandinave à vos casques.


Bon   15/20
par TiComo La Fuera


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