Mud Flow
Ryunosuke |
Label :
No Vice |
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A l'écart des groupes belges qui apparaissent soudainement et font d'un premier album un succès salué unanimement par les critiques, Mud Flow entre dans sa quinzième année d'activité. Une formation qui montait doucement et sûrement depuis deux disques et qui a finalement reçu l'accueil (tardif) qu'elle méritait avec A Life On Standby. Ruynosuke se révèle ainsi être un pivot déterminant pour la suite. Vers une ascension certaine ou au contraire un dévers après le petit triomphe de 2004. Et pour vous répondre franchement j'opterais pour la seconde hypothèse. Le quatuor a dépossédé sa musique de toute tension sombre et s'est donné pour but de l'enrichir quitte à la faire perdurer dans de longues méditations. Cette nouvelle ambition a l'air intéressante à l'écoute des premiers titres mais se révèle vite dépassée par une approche de formats plus connus. Fred Donche, nouvelle recrue à la place vacante du piano, y est pour beaucoup dans les arrangements souvent plus enflés qu'il ne faudrait ("Shootins Star"). Mais cette défection résulte également par la préhension de style de certains groupes qui ne trompent pas. On pense indubitablement à Interpol plagié autant dans les octaves graves de Banks que les guitares acerbes et incisives ("My Fair Lady Audrey", "In Time") ou "The Story Was Best Left Untold" au refrain façon Pocket Revolution. Il ne s'agirait que de cela encore cela pourrait passer. Or la bande de Vincent Liben semble faire un total rejet d'un climat uniformément mélancolique, pourtant à l'origine de la plupart de son répertoire. Notamment, Mud Flow tronque souvent tout d'un coup ses outros en digression heureuse plutôt que de continuer dans la veine du registre noir qui est celui la plupart du temps employé. Cet exercice donne dès lors l'impression qu'ils trichent, s'imposent des riffs mélancoliques qu'ils pensent imparables mais saccagent ça avec une fraîcheur qui ne l'est pas du tout. Ainsi des morceaux comme "In Time" agace avec ses ‘la la la la' totalement déplacés, ou ses fanfares et sa guitare vrillée alors qu'elle faisait planer un climat raide sur le morceau précédent ("Trampoline"). On a également du mal à adhérer au revival Beatles sur "Monkey Doll" qui peut être montre qu'ils se sont amusés tant dans la création que dans l'enregistrement mais met encore plus le doigt sur un manque de cohésion certain renforcé par la voix passablement neutre de Liben. Néanmoins bien que la fraîcheur soit beaucoup moins présente que sur l'album précédent (ou trop justement) on parvient à apprécier quelques "Ruynosuke" avec ses faussetés gauches ou "The Number One Play On The Year" qui nous extorque l'ennui issu d'une lenteur abusive et de remplissages maladroits. Mais là encore le résultat est en demie teinte. Ce quatrième disque se traîne péniblement, paraît long notamment avec des morceaux à rallonge tout à fait dispensables surtout lorsqu'ils n'avancent pas. Mud Flow montre ici une triste figure dans cette entreprise laborieuse sans âme. Dommage d'avoir gâché un tel potentiel qui grandissait doucement et aurait pu prévaloir s'il n'avait été altéré.
Pas terrible 9/20 | par TiComo La Fuera |
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