The Fantômas Melvins Big Band

Millenium Monsterwork

Millenium Monsterwork

 Label :     Ipecac 
 Sortie :    2002 
 Format :  Live / CD   

Fan de Mike Patton depuis le milieu des années 90 et l'écoute en boucle du "Live at the Brixton Academy" de Faith No More, chacune de ses sorties discographiques devient pour moi un achat obligatoire et incontournable, et ce quel que soit le style approché ou le collaborateur du moment. Moins connaisseur des Melvins, que j'ai réellement commencés à écouter grâce à Fantômas, je suis néanmoins friand de grand nombre de leurs albums, Bullhead et Eggnog en tête. Du coup, ce Live de The Fantômas Melvins Big Bang prend des allures de réunion des dieux de l'Olympe ou d'avènement messianique et j'étais véritablement comme un mioche déballant ses cadeaux un matin de Noël lorsque j'ai découvert ce "Millenium Monsterwork" dans les rayons Metal de mon dealer de son favori.
Malheureusement, en matière de cadeau, cet album fait partie de ceux qui déçoivent un peu. Je ne doute pas que quiconque ayant eu la chance d'assister à un concert d'une de ces deux formations en garde un souvenir impérissable mais ici, la magie n'opère pas. Album construit sur l'alternance de chansons des Melvins ("Nightgoat", "Ol' Black Stooges", "The Bit", "Hooch", "Mombius Hibachi") et des deux premiers albums de Fantômas, il ne décolle véritablement à aucun instant et l'écart stylistique entre les deux formations renforce le côté bancal de cet enregistrement. Car autant les albums studios de Fantômas sont des pépites d'or fourrées aux diamants bruts, autant leur interprétation scénique semble ici vidée de son sens, délestée des centaines d'arrangements et de bruitages qui rendent l'écoute tellement jouissive. Et même si Fantômas met l'accent sur les titres les plus enragés de son répertoire, il manque l'étincelle qui met le feu aux poudres et ferait de ce Live une pièce maîtresse arrachée au Chaos. On oscille donc entre crépitements désagréables ("White Men Are The Vermin Of The Earth"), accélération subite mais sans saveur ("The Omen") et lourdeur pataude des riffs des Melvins. Pire, un titre comme "Me And The Flamer", ahurissant sur album, devient ici anecdotique et ce en dépit des exubérances vocales d'un Patton alternant le moyen ("Liquorton Gooksburg") et l'exceptionnel ("She's A Puker.")
Je conçois parfaitement qu'une telle musique soit un véritable casse-tête à mettre en place sur scène et qu'il est sans doute impossible de la retranscrire fidèlement, mais il ne se dégage véritablement aucune âme de ces sons concassés, bribes de mélodies et morceaux qui, extraits de leur puzzle, ne signifient plus grand chose d'autre que le délire musical de musiciens géniaux mais incapables de battre ensemble les œufs pour faire monter la mayonnaise. Du coup, l'album s'achève en forme de déception, non pas parce qu'il est foncièrement mauvais, mais plutôt parce que l'on attend tellement de ces mecs qu'on ne conçoit pas qu'ils puissent un jour sortir un truc moyen. Millenium Monsterwork reste à ce jour la seule fausse note de musiciens iconoclastes et talentueux. Et au regard de ce qu'ils ont apporté à la musique, la moindre des choses sera d'être tolérant envers eux : Après tout, il n'est pas si mauvais ce Live, et les inconditionnels de Patton se le procureront à juste titre. Mais pour ceux qui souhaitent découvrir le groupe, il ne sera pas honteux de faire l'impasse dessus car il est objectivement dispensable.
Un avis très mitigé donc...


Passable   11/20
par Arno Vice


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