Acetate Zero

Civilize The Satanists

Civilize The Satanists

 Label :     Arbouse 
 Sortie :    lundi 25 février 2008 
 Format :  Album / CD   

Il peut arriver qu'une guitare sonne comme un môme que jetterait des bouteilles en verre sur une route droite.
La route pourrait être tracée de suite d'accords mineurs et noyée dans un brouillard "post-victorien"... Tandis que, tel un fantôme, le gamin disparaîtrait.
Le brouillard "post-victorien" se lèverait et des arpèges s'entrecroiserait au dessus des champs nus pour monter faiblement vers un soleil glacé.
Les arpèges retomberaient et se diffuseraient en ondes concentriques, en ondes qui exterminent tout espoir. Et le gamin qui jetait tout à l'heure du verre sur la route pour voir ce que ça fait, réapparaîtrait, et sortirait une scie pour scier la route.

De pop-songs naïves totalement sabordées en longues errances encrassées, les parisiens d'Acetate Zero m'ont conduit dans un no man's land décharné parsemé d'éclats de tendresse cassée. Guitares faméliques qui s'entrecroisent, batterie minimale, voix maladroites, production inégale (aléas de budget peut-être). Tout est bon pour se trouver dans un bel inconfort sonore... Mais la sensation de paix désabusée qui émerge de ces douze errances est telle que je veux rester et me noyer à nouveau dans cet album vraiment troublant. Troublant car d'une sensibilité rare, troublant car peu calculé, peu académique, et troublant car évoquant l'âme d'un enfant, dévastée, s'étant pris en pleine gueule la folie du monde des adultes, plongé dans un mutisme où subsisteraient encore, vacillants, des éclats d'innocence.
"Civilize the Satanists" est la rencontre entre une fragile simplicité et d'urgents désirs destructeurs. Le groupe se base sur des références tour à tour familières ou obscures : le slow-core à travers les lumineuses et fragiles réminiscences de Bedhead dont le groupe se réclame particulièrement. Je pense aussi à Mogwai, à Hood et sans connaître à tous les obscurs groupes néo-zélandais qu'ils chérissent.
Le groupe possède sa manière vraisemblablement très personnelle de déranger en confrontant souvent un écriture pop naïve et profondément mélancolique à des stridences de guitares déviantes, venant saloper magnifiquement le coeur des compositions, le poussant à battre de manière aléatoire. Parfois un trompette esseulée vient gémir dans ces braises malades refusant obstinément de s'éteindre. Bien que certaines parties sentent bon l'amateurisme, paradoxalement le groupe fait preuve d'une maturité impressionnante, en installant un grande cohérence entre chansons pop bricolées et instrumentaux laissant s'entrelacer des guitares solitaires au sons de cliquetis rouillés de je ne sais trop quoi, créant un folk surgi du néant, quasi-ambiant.

Le disque progresse dans la lenteur, semblant raconter une histoire de désolation et de renoncement, strié d'instant coléreux... Jusqu'au final qui fait renaître l'espoir. "One to Count Cadence" commence avec une petite boucle de guitare, qui annonce déjà l'apothéose, la pop-songs va vite s'élever dans des élans passionnés, hypnotiques jusqu'à disparaître dans une lumière aveuglante, au bout de 11 minutes épuisantes. La guitare revient pour boucler la boucle, et moi je suis KO. C'est comme si Acetate Zero libérait toute les rancoeurs accumulées dans les autres morceaux, assumant enfin totalement son lyrisme jusqu'ici rentré, le groupe se montrant impérial et fier. Fier sans doute de ces dix années passées d'activité musicale sans concessions. Après un cri de liberté musicale de cette puissance, Il peut l'être.


Exceptionnel ! !   19/20
par Sam lowry


 Moyenne 14.50/20 

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Posté le 14 janvier 2009 à 20 h 24

Difficile de penser quoi que ce soit d'Acetate Zero. Voilà maintenant, plus de 6 ans qu'on les entend avancer à pas de loup, les français, et ce sans évolution notable, tant dans le son que l'approche mélodique.
D'ailleurs, on pourrait dire de Civilize The Satanists ce qu'on disait déjà de Ground Altitude: l'approche du groupe est confortable car les compositions sont simples, baignées d'une atmosphère finalement assez uniforme. C'est à la fois duveteux et strident, souvent pop et parfois expérimental...

Mais ce qu'on entrevoyait hier comme un futur radieux s'avère aujourd'hui ressembler à un définitif patinage dans la semoule. L'album est empreint d'une grande léthargie, comme toujours chez Acetate Zero. Mais entre léthargie et apathie il n'y a qu'un pas, et les français pataugent allègrement dans ce terrain instable, sans jamais emporter une adhésion totale.

En fait, on fait un pas en avant, en touchant de près la grâce sur certaines compositions, pour faire ensuite deux pas en arrière, la faute à des détours expérimentaux fainéants. On pense notamment au coeur de l'album, irritant et incroyablement statique.

Depuis leurs débuts, les Acetate Zero ne parviennent pas à quitter le chemin de la confidentialité. Il fut un temps où on aurait pu les encourager... Aujourd'hui on ne peut que sombrer dans un certain scepticisme.
Moyen   10/20







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