Apostle Of Hustle
Folkloric Feel |
Label :
Arts & Crafts |
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Après avoir été guitariste pour Broken Social Scene lors de la conception du second opus du groupe et les deux ans de tournées qui ont suivis, Andrew Whiteman a autre chose en tête. L'expérience de la collocation musicale à Toronto lui a fait découvrir un son inimitable mais aussi un grand choix de partenaires pour un éventuel projet plus personnel. Apostle Of Hustle, tel est le nom qu'il choisit en 2001 pour conduire ses propres envies avec pour seconds Julian Brown (basse) et Dean Stone (batterie). Et inutile de mentionner que Arts & Crafts est de la partie.
Dans une ambiance qui rappelle inévitablement les morceaux fleuves du collectif canadien, Whiteman impose sur ce premier essai un style évident très soyeux. Sans chercher à être canalisé dans un sens en particulier, Folkloric Feel est avant tout le siège d'une production rythmique très développée ainsi que de structures plus complexes tout en étant plus épurées, ce qui peut paraître paradoxal. Certains parlent de post rock mais je trouve cette étiquette trop réductrice. En effet, cela rappelle les groupes le nez planté sur leurs chaussures, les sourcils froncés, concentrés à puiser toute la misère du monde sur leurs cordes plutôt qu'à voir ailleurs. Sur le premier morceau éponyme, véritable pic de plaisir, le trio n'a pas peur de brûler cette étape et d'injecter de la bonne humeur dans ce style hermétique. De grands élans joyeux et rêveurs tabous pour cette musique moderne fermée qui mettent tout de suite la barre très haut. Oublions donc cette appellation catégorique. Et puis il faudrait encore que le trio daigne rester campé sur ce type de mélodie accrocheuse parfaite.
En effet, au début le trio triture sa musique, tâtonne un rock plutôt instrumental en essayant de voir les jours qui pourraient lui permettre d'ajouter sa propre marque de fabrique. Le spectre de Broken Social Scene ressurgit alors forcément, le temps de cet ajustement. "Sleepwalking Ballad" aspire à ces ballades flottantes et cadencées que Kevin Drew aime nous susurrer lorsque les esprits fougueux se calment. L'introduction est maligne et parfaite bien que l'on ne sache pas si cette transition est volontaire ou non. En tout cas il nous viendrait aucune idée de critiquer ces influences car d'une, elles sont justifiées car le canadien est un membre plus que respectable et de deux, retrouver ne serait-ce qu'une once de You Forgot In People est un enchantement à lui tout seul.
Et tandis qu'on s'interroge quant à la suite du disque (respectera-t-il ou non ce schéma ?) les trois apôtres donnent toute sa dimension à leur qualification. De l'énergie, de la hâte et ce qu'il faut de bousculade pour nous faire dansotter. Si ce n'est pas le contraire... Les canadiens introduisent progressivement un métissage fait d'une touche rythmique bien prononcée que ce soit à la guitare ou à la batterie. Ca swingue d'une manière très naturelle, ça valse par grands bonds, incursions latino dans des envolées pop, passages jazzy dans ce qu'il faut de rock fuzz ("Dark is What I Want/Strutters Ball") ou délivrés en toute discrétion ("They Shoot Horses, Don't They"). Ils s'échappent en quelques secondes, à contre courant tout en bâtissant solidement des mélodies imparables dans des tempos à chaque fois adaptés à des registres bien particuliers. Des titres bien identifiables donc mais qui ont en commun une chaleur et une verve décomplexées. On trouvera justement une légère dominante pour les rengaines latino avec pour cimes "Energy Of Death" qui se tortille plutôt pas mal et "Animal Fat " qui se fait l'écho de "Folkloric Feel" avec son introduction brève avant de dévoiler une session tranquille quasi acoustique, contrebasse à l'appui.
On se voit ainsi ravi à chaque instant d'autant plus que Andrew Whiteman n'épuise pas son intelligence de compositions dans les phases mélodiques et le choix de ses influences. Il s'applique également à écrire des textes surprenant d'esprit et de poésie. Tantôt essayant de trouver la phrase choc d'une vérité très ironique (‘In the rhythm of this song, Well we drink, we fucking fight when we bring it on'), tantôt plus appliqué. Le leader est d'ailleurs très attaché au poète Federico García Lorca à qui il rendra hommage au fil d'un "Song For Lorca" somptueux. Le répertoire est ainsi construit dans l'ensemble autour de petites remarques presque anodines, pensées lâchées sur le vif ou récits plus préoccupés.
Folkloric Feel est en conséquence marqué dans un esprit d'ouverture immense et intense, à commencer aussi surprenant que cela puise paraître par la collaboration de Feist ("Kings And Queens"), Brendan Canning, Kevin Drew, Amy Milan et ses amis de Stars et j'en passe... Apostle Of Hustle ne manque pas de trouver des connexions là où leurs cœurs balancent et où le renouveau se trouve plus facilement, quitte à importer des sonorités d'outre Canada et bien au-delà. Il se dégage une sensibilité et un besoin permanent de variations qui impressionne mais montre aussi que chaque morceau a été mûrement réfléchi et décanté pris dans cette union propice. Un disque qui nous passe au dessus de la tête de part sa richesse et son envergure et pourtant marquera par ses chansons inaliénables, affranchies de tout.
Dans une ambiance qui rappelle inévitablement les morceaux fleuves du collectif canadien, Whiteman impose sur ce premier essai un style évident très soyeux. Sans chercher à être canalisé dans un sens en particulier, Folkloric Feel est avant tout le siège d'une production rythmique très développée ainsi que de structures plus complexes tout en étant plus épurées, ce qui peut paraître paradoxal. Certains parlent de post rock mais je trouve cette étiquette trop réductrice. En effet, cela rappelle les groupes le nez planté sur leurs chaussures, les sourcils froncés, concentrés à puiser toute la misère du monde sur leurs cordes plutôt qu'à voir ailleurs. Sur le premier morceau éponyme, véritable pic de plaisir, le trio n'a pas peur de brûler cette étape et d'injecter de la bonne humeur dans ce style hermétique. De grands élans joyeux et rêveurs tabous pour cette musique moderne fermée qui mettent tout de suite la barre très haut. Oublions donc cette appellation catégorique. Et puis il faudrait encore que le trio daigne rester campé sur ce type de mélodie accrocheuse parfaite.
En effet, au début le trio triture sa musique, tâtonne un rock plutôt instrumental en essayant de voir les jours qui pourraient lui permettre d'ajouter sa propre marque de fabrique. Le spectre de Broken Social Scene ressurgit alors forcément, le temps de cet ajustement. "Sleepwalking Ballad" aspire à ces ballades flottantes et cadencées que Kevin Drew aime nous susurrer lorsque les esprits fougueux se calment. L'introduction est maligne et parfaite bien que l'on ne sache pas si cette transition est volontaire ou non. En tout cas il nous viendrait aucune idée de critiquer ces influences car d'une, elles sont justifiées car le canadien est un membre plus que respectable et de deux, retrouver ne serait-ce qu'une once de You Forgot In People est un enchantement à lui tout seul.
Et tandis qu'on s'interroge quant à la suite du disque (respectera-t-il ou non ce schéma ?) les trois apôtres donnent toute sa dimension à leur qualification. De l'énergie, de la hâte et ce qu'il faut de bousculade pour nous faire dansotter. Si ce n'est pas le contraire... Les canadiens introduisent progressivement un métissage fait d'une touche rythmique bien prononcée que ce soit à la guitare ou à la batterie. Ca swingue d'une manière très naturelle, ça valse par grands bonds, incursions latino dans des envolées pop, passages jazzy dans ce qu'il faut de rock fuzz ("Dark is What I Want/Strutters Ball") ou délivrés en toute discrétion ("They Shoot Horses, Don't They"). Ils s'échappent en quelques secondes, à contre courant tout en bâtissant solidement des mélodies imparables dans des tempos à chaque fois adaptés à des registres bien particuliers. Des titres bien identifiables donc mais qui ont en commun une chaleur et une verve décomplexées. On trouvera justement une légère dominante pour les rengaines latino avec pour cimes "Energy Of Death" qui se tortille plutôt pas mal et "Animal Fat " qui se fait l'écho de "Folkloric Feel" avec son introduction brève avant de dévoiler une session tranquille quasi acoustique, contrebasse à l'appui.
On se voit ainsi ravi à chaque instant d'autant plus que Andrew Whiteman n'épuise pas son intelligence de compositions dans les phases mélodiques et le choix de ses influences. Il s'applique également à écrire des textes surprenant d'esprit et de poésie. Tantôt essayant de trouver la phrase choc d'une vérité très ironique (‘In the rhythm of this song, Well we drink, we fucking fight when we bring it on'), tantôt plus appliqué. Le leader est d'ailleurs très attaché au poète Federico García Lorca à qui il rendra hommage au fil d'un "Song For Lorca" somptueux. Le répertoire est ainsi construit dans l'ensemble autour de petites remarques presque anodines, pensées lâchées sur le vif ou récits plus préoccupés.
Folkloric Feel est en conséquence marqué dans un esprit d'ouverture immense et intense, à commencer aussi surprenant que cela puise paraître par la collaboration de Feist ("Kings And Queens"), Brendan Canning, Kevin Drew, Amy Milan et ses amis de Stars et j'en passe... Apostle Of Hustle ne manque pas de trouver des connexions là où leurs cœurs balancent et où le renouveau se trouve plus facilement, quitte à importer des sonorités d'outre Canada et bien au-delà. Il se dégage une sensibilité et un besoin permanent de variations qui impressionne mais montre aussi que chaque morceau a été mûrement réfléchi et décanté pris dans cette union propice. Un disque qui nous passe au dessus de la tête de part sa richesse et son envergure et pourtant marquera par ses chansons inaliénables, affranchies de tout.
Excellent ! 18/20 | par TiComo La Fuera |
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