Boards Of Canada

Hi Scores

Hi Scores

 Label :     Skam 
 Sortie :    lundi 09 décembre 1996 
 Format :  Maxi / CD  Vinyle   

Cet EP est un autre témoignage après Twoism de la période pré-Warp de Boards Of Canada. Beaucoup moins connu en raison de l'absence de réédition chez le fameux label britannique, il mérite une écoute bien attentive, car le duo maîtrise déjà magistralement l'espace sonore. Dès le premier titre, "Hi Scores", c'est un beat bouillonnant comme une série d'éruptions sous-marines qui envahit la pièce, vient lécher les murs et les tempes. Embarcation immédiate pour 6 tableaux quasi-abstraits et 33 minutes de voyage aux confins de la perception. Toute tentative d'approche trop rationnelle de cette musique est superflu, chaque composition est à prendre en bloc, peu importe finalement de savoir si le beat de "Turquoise Hexagon Sun" est constitué d'un véritable claquement de langue ou si ce son est envoyé d'une mystérieuse machine. On connait mieux ce titre d'ailleurs car on le retrouvera sur le premier véritable album du duo, l'incontournable Music Has The Right To Children.
Ces compositions répétitives et hypnotiques sont en vérité des monstres hybrides qui aspirent le corps tout entier. Elles semblent souvent amplifier des sons étouffés par la distance ou les obstacles posés par la densité de l'air, la mer, la terre ou les murs. Idéale bande-son de l'activité humaine indissociable avec celle, millénaire, de la nature, elle apparaît comme totalement extraterrestre pourtant: comme si de purs esprits découvraient et éprouvaient soudain, stupéfaits, les lois physiques sans parvenir à les déchiffrer. Ainsi naît un distanciation qui peut inspirer un léger malaise : la Vie se fait tout aussi menaçante qu'attirante, déformée par le regard de deux artistes fascinés qui n'y comprennent rien.
Le disque est constitué d'un morceau qui place l'auditeur en territoire plus familier, du moins jusqu'à sa moitié. "Niogax" commence par un beat très plat et daté qui dessine un décor de dance-floor kitsch. L'exercice malin de sabotage démarre lorsque des nappes totalement en décalage avec la tonalité du morceau font leur apparition, d'où l'impression d'écouter deux compos en même temps. L'atmosphère devient quasi-hallucinée, et le morceau s'inscrit enfin dans la tonalité générale de ce court disque. Moins travaillée, "Niogax" indique que même si je suis déjà totalement à l'ouest ou je ne sais dans quelle direction, le voyage ne fait que commencer, et atteindra un vrai paroxysme avec Music Has The Right To Children.


Parfait   17/20
par Sam lowry


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