Noir Désir
En Public |
Label :
Barclay |
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On peut en dire ou en penser ce qu'on veut, mais Noir Désir a été, est et restera pour moi le groupe rock français de ces dernières années. D'aucuns ont essayé de reprendre le flambeau, je pense notamment à No One Is Innocent, auteur d'un excellent et prometteur premier album, ou encore à Silmaris, mais au final je ne vois aucun groupe équivalent sur la scène actuelle. La raison en est simple : Noir Désir a toujours eu le mérite de proposer une musique accessible au plus grand nombre sans pour autant sombrer dans le "grand public", et d'offrir des textes lettrés à des auditeurs, certes variés, mais qui n'ont jamais été pris pour des imbéciles. À contresens et à mille lieux de la chanson néo-réaliste qui voudrait se revendiquer de Zola mais qui arrive à peine à égaler les descriptifs des articles d'un "La Redoute", les bordelais se sont évertués à tirer leurs fans vers le haut en leur offrant toujours, derrière les habiles métaphores, de nouvelles pistes musicales, politiques ou littéraires.
Je ne pense pas trop me fourvoyer en pensant qu'une forte majorité des gens de ma génération ont, ou ont eu, chez eux un Veuillez Rendre L'Âme et autre Du Ciment Sous Les Plaines. Ces albums restent inaltérables en dépit des années et se conservent d'ailleurs étrangement mieux qu'un 666.667 Club par exemple. Le En Public (tournée 2002) de ce groupe au militantisme discret mais autrement plus intelligent et efficace que tous ces lénifiants artistes supporters de la gauche adepte des néologismes douteux possède bien évidemment tous les ingrédients pour rassembler la ménagère et le teenager dans une même communion électrique.
Quiconque a vu Noir Désir sur scène sait que le groupe développe une puissance, un son noisy sans comparaison avec les productions studios, toujours un peu trop léchées à mon goût. Alors on dit tous merci à M. Teyssot-Gay pour ce son de guitare délicieusement sale, et merci à M. Cantat pour ces vocalises écorchées, mais merci également aux deux autres escogriffes Denis Barthe et Jean-Paul Roy (accompagnés d'un tas d'invités) qui font du bon boulot, sans fioritures inutiles, que ça fait plaisir à entendre !
Le live débute en douceur : "Si Rien Ne Bouge", "Septembre En Attendant" et un "One Trip One Noise" aux relents dub plutôt surprenants. Un coup d'harmonica et, me concernant, je me revois tout jeune ado, fredonnant "Aux Sombres Héros De L'Amer" (un tube à l'époque), accompagné chez le disquaire par ma mère qui m'acheta Du Ciment Sous Les Plaines... L'attachement que l'on peut porter à ce groupe est bien plus que musical, il renvoie trop à des premiers émois rock, à l'écriture, à la découverte de Lautréamont... Le concert se poursuit dans le feutré, l'intimiste, avec "A L'Endroit À L'Envers". Ce n'est pas ma période favorite, si tant est qu'il y en ait une, mais je dois admettre que les arrangements, nombreux, apportés à chaque titre, permettent une dynamique nouvelle que le studio ne retranscrit qu'imparfaitement. Du coup, le morceau passe bien et je me dis que la variété, ça peut aussi être de qualité et rien que pour ça, ce groupe est d'utilité publique.
Les choses s'emballent un peu plus avec "Les Ecorchés". Volontairement plus primitive que la version originale, Noir Désir nous rappelle habilement qu'il est avant tout un groupe de rock et que son récent succès commercial n'a en rien atténué sa flamme. Et si je ne sais toujours pas ce que signifie être "calme et tranquille", 15 ans plus tard, ce morceau procure toujours les émotions d'antan, l'amère lucidité du temps en plus...
Même si je suis moins amateur de la période Des Visages..., force m'est d'admettre que dans le mix presque parfait (nous pourrions regretter l'absence d'"Ici Paris", des "Sombres Héros" ou de "No, No, No") de tous les albums du groupe (même "Pyromane" est présent), on ne peut que reconnaître une unité stylistique indéniable et un talent d'écriture partagé par trop peu. "La chaleur" est tendue comme un nerf de boeuf... Cantat toujours au point de rupture, Teyssot-Gay jouant de la distorsion... Et ce putain de riff de "Tostaky" ! Cyclique, hypnotique, surplombé par cette poésie désenchantée, urbaine... Certes, l'on pourrait lui reprocher la facilité de l'assemblage aléatoire des mots qui s'entrechoquent, et admettre que l'anglais ou l'espagnol ne sont pas vraiment pas ses langues de prédilection, mais ce ne sont là que détails n'occultant jamais le talent du quatuor...
Ce live ne distille pas le même sentiment d'urgence qui se dégageait du Jour De Colère. On y retrouve un groupe plus adulte, assagi mais jamais résigné... L'album balaye les années, vous rappelle des époques... Et quand les bordelais reprennent Brel (le sublime "Ces Gens Là"), on se dit que l'affiliation est naturelle tant ce titre prend une ampleur incroyable, tant la voix fait vivre le texte, le rend palpable... Quand je pense que les médias se sont branlés sur les reprises sans saveur d'un représentant de ponchos, ça a de quoi horripiler non ?
Il ne faut pas s'y tromper, En Public n'a rien du truc extraordinaire, il ne s'agit pas d'un concert démesuré créé dans un désir de gloire narcissique et mégalomane, ni d'un objet voué à devenir culte... On y retrouve juste l'humilité, la simplicité et la chaleur de personnes qui en dépit de leur statut, n'ont jamais retourné leur veste. Un bel exemple d'intégrité et de sincérité qui méritait d'être ici salué.
Je ne pense pas trop me fourvoyer en pensant qu'une forte majorité des gens de ma génération ont, ou ont eu, chez eux un Veuillez Rendre L'Âme et autre Du Ciment Sous Les Plaines. Ces albums restent inaltérables en dépit des années et se conservent d'ailleurs étrangement mieux qu'un 666.667 Club par exemple. Le En Public (tournée 2002) de ce groupe au militantisme discret mais autrement plus intelligent et efficace que tous ces lénifiants artistes supporters de la gauche adepte des néologismes douteux possède bien évidemment tous les ingrédients pour rassembler la ménagère et le teenager dans une même communion électrique.
Quiconque a vu Noir Désir sur scène sait que le groupe développe une puissance, un son noisy sans comparaison avec les productions studios, toujours un peu trop léchées à mon goût. Alors on dit tous merci à M. Teyssot-Gay pour ce son de guitare délicieusement sale, et merci à M. Cantat pour ces vocalises écorchées, mais merci également aux deux autres escogriffes Denis Barthe et Jean-Paul Roy (accompagnés d'un tas d'invités) qui font du bon boulot, sans fioritures inutiles, que ça fait plaisir à entendre !
Le live débute en douceur : "Si Rien Ne Bouge", "Septembre En Attendant" et un "One Trip One Noise" aux relents dub plutôt surprenants. Un coup d'harmonica et, me concernant, je me revois tout jeune ado, fredonnant "Aux Sombres Héros De L'Amer" (un tube à l'époque), accompagné chez le disquaire par ma mère qui m'acheta Du Ciment Sous Les Plaines... L'attachement que l'on peut porter à ce groupe est bien plus que musical, il renvoie trop à des premiers émois rock, à l'écriture, à la découverte de Lautréamont... Le concert se poursuit dans le feutré, l'intimiste, avec "A L'Endroit À L'Envers". Ce n'est pas ma période favorite, si tant est qu'il y en ait une, mais je dois admettre que les arrangements, nombreux, apportés à chaque titre, permettent une dynamique nouvelle que le studio ne retranscrit qu'imparfaitement. Du coup, le morceau passe bien et je me dis que la variété, ça peut aussi être de qualité et rien que pour ça, ce groupe est d'utilité publique.
Les choses s'emballent un peu plus avec "Les Ecorchés". Volontairement plus primitive que la version originale, Noir Désir nous rappelle habilement qu'il est avant tout un groupe de rock et que son récent succès commercial n'a en rien atténué sa flamme. Et si je ne sais toujours pas ce que signifie être "calme et tranquille", 15 ans plus tard, ce morceau procure toujours les émotions d'antan, l'amère lucidité du temps en plus...
Même si je suis moins amateur de la période Des Visages..., force m'est d'admettre que dans le mix presque parfait (nous pourrions regretter l'absence d'"Ici Paris", des "Sombres Héros" ou de "No, No, No") de tous les albums du groupe (même "Pyromane" est présent), on ne peut que reconnaître une unité stylistique indéniable et un talent d'écriture partagé par trop peu. "La chaleur" est tendue comme un nerf de boeuf... Cantat toujours au point de rupture, Teyssot-Gay jouant de la distorsion... Et ce putain de riff de "Tostaky" ! Cyclique, hypnotique, surplombé par cette poésie désenchantée, urbaine... Certes, l'on pourrait lui reprocher la facilité de l'assemblage aléatoire des mots qui s'entrechoquent, et admettre que l'anglais ou l'espagnol ne sont pas vraiment pas ses langues de prédilection, mais ce ne sont là que détails n'occultant jamais le talent du quatuor...
Ce live ne distille pas le même sentiment d'urgence qui se dégageait du Jour De Colère. On y retrouve un groupe plus adulte, assagi mais jamais résigné... L'album balaye les années, vous rappelle des époques... Et quand les bordelais reprennent Brel (le sublime "Ces Gens Là"), on se dit que l'affiliation est naturelle tant ce titre prend une ampleur incroyable, tant la voix fait vivre le texte, le rend palpable... Quand je pense que les médias se sont branlés sur les reprises sans saveur d'un représentant de ponchos, ça a de quoi horripiler non ?
Il ne faut pas s'y tromper, En Public n'a rien du truc extraordinaire, il ne s'agit pas d'un concert démesuré créé dans un désir de gloire narcissique et mégalomane, ni d'un objet voué à devenir culte... On y retrouve juste l'humilité, la simplicité et la chaleur de personnes qui en dépit de leur statut, n'ont jamais retourné leur veste. Un bel exemple d'intégrité et de sincérité qui méritait d'être ici salué.
Bon 15/20 | par Arno Vice |
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