Flying Donuts

C'est le problème d'énormément de groupes rock aux prestations scéniques efficaces: la reproduction sur disque de cette énergie. Quand, en plus, le groupe ne dispose pas de moyen infini en studio, la tâche est encore plus ardue. C'est exactement ce qui vient à l'esprit avant d'écouter une galette de Flying Donuts. Mais comment cet excellent groupe de scène pourrait-il bien être aussi palpitant en studio? Difficile à deviner mais le résultat est là: Until The Morning Comes tabasse les oreilles comme rarement. Mission accomplie de ce côté. Production adéquate, l'impact est intact.
Mais l'intérêt principal du groupe réside dans un dosage alambiqué et précis de puissance punk et de mélodies pops. Attention! Ici, point de niaiseries skate punk fatigantes, composées entre deux parties de Tony Hawk. Non. Même si le chant est particulièrement mélodique (osant même parfois les harmonies vocales), instrumentalement parlant ça défouraille sans sourciller. Les riffs de guitare amples et sauvages viennent vite défigurer les enluminures vocales pour insuffler une énergie ravageuse. Et tout ça sans compter la féroce session rythmique qui fait des copeaux de ses instruments à l'arrière. L'ajout de quelques arrangements typiques de l'alternatif nineties (changement de rythmes, arpèges...) permet également une respiration supplémentaire sur certains titres ("Stuck", "In The Mirror").
Flying Donuts en piochant à droite à gauche a su se façonner un style original. Loin des inoffensifs groupes de métal, loin des hurluberlus punk-rock hirsutes en vans/baggies mais tirant le meilleur de ces deux courants. Seul bémol : la longueur excessive de l'album. Ecarter les morceaux les moins bons ("Second Skin", "Cannot Resist") aurait rendu l'écoute encore plus efficace. Enfin, ne crachons pas dans la soupe. Les groupes originaux et intéressants dans ce style ne sont pas légion en France...