Eels
End Times |
Label :
Vagrant |
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Les Français d'une manière générale se méprennent complétement sur le sens de Eels. Déjà, le nom, contrairement à tout ce qu'on peut dire, ne vient pas des anguilles mais d'une technique de caractérisation et d'exploration de la matière. Un truc de notre bonne vieille physique classique, dont le père du chanteur, E, était un fervent défenseur. Ensuite, ils caricaturent bien trop souvent ce groupe à Beautiful Freak, sorti en 1996 chez Dreamworks. Ajouté à ca un "hit" dans le film Shrek de la même boite quelques années plus tard, l'amalgame est fait. Eels n'est pour beaucoup qu'un groupe de dépressif, d'une facilité aberrante, et à la voix de lover mal aimé.
S'il n'y a pas que du faux là dedans, c'est au fur et à mesure des années que Mark Oliver Everett a su imposer son style dans la musique rock indé. Bien que souvent caricaturé à son premier album, l'homme a puisé et puisé encore dans ses ressources pour nous offrir des textes poignants et émouvants, des mélodies à se jeter d'un pont, et surtout des hymnes variés à la tristesse, la mélancolie. Enfin variés, oui et non.
Non car comme beaucoup le ressentent, Everett a surtout "capté un truc", qu'il récupère en différentes couleurs, différentes formes. Mais un chat, siamois ou bâtard, reste un chat.
Et oui, parce que les albums ont un esprit, un âme chez Eels. Certains, très durs et éprouvants, racontent les décès successifs dans la famille d'Eels, comme Electroshock Blues. D'autres se la jouent juste sur l'aspect musical, bourrin et experimental comme un Souljacker. On passe donc d'un CD de rock presque blues, à un autre plus orchestral et plus posé; à encore un autre, gigantesque film audio, ballades de pianos et sons aériens en tête, comme le féérique Blinking Lights And Other Revelations.
Mark est un vieux pote. Un vieil oncle plutôt. Le genre qui sera toujours là pour vous dépanner, vous tendre une oreille attentive. Celui qui a du vécu dans sa vie, celui qui porte tant de cicatrices, qu'on dirait qu'il n'a que ça, en débit du bonheur. Oh bien sur, il pourrait s'en plaindre simplement et répondre aux caricatures. Mais non, il en rirait presque. Comme cette scène diffusée à son concert, tiens!
Dans un mini-film introspectif, Mr. E nous dit qu'il va voir sa mère. Ses pas nous guident au cimetière. On --le public-- avale sa salive nerveusement. Puis il tourne la tête de gauche à droite, semble chercher quelque chose puis annonce: "Ah, ma sœur doit être par là aussi. "
Sa barbe dense cache un sourire triste et mélancolique. Ce sourire est l'essence de toute la musique d'Eels.
Alors pour cet album, car nous y venons, j'ai ma théorie. Hombre Lobo était l'ardent désir d'obtenir une femme. L'attirance de la chair fraîche, et comme si cela avait marché pour lui, l'album sent bon le rock crasseux, les paroles "in love" et le sous-titres, 12 chansons du désir, nous ferait presque croire au bonheur mérité, enfin, pour ce cher E. Fin de l'histoire ?
Non, surement plaqué par la dame obtenue quelques mois plus tard, notre loser préféré rentre vite en studio pour dit-il, sortir un album dont les thèmes seront plutôt centrés sur la rupture amoureuse. Argh. Courage Dear Uncle me dis-je, pendant que je lance End Times, huitième opus s'il en est.
Entièrement enregistré chez lui --presque dans sa cave apparemment, l'album s'ouvre sur le lo-fi et triste "The Beginning". Le ton est donné. Hombre Lobo ressort ses sons crasseux ("Gone Man") pour nous écarter du plaisir de l'Amour charnel, et nous ramener à ces petites choses qui éclatent. Nos cœurs. Nos vies parfois.
Le son semble lointain. Comme si Blinking Lights avait été passé dans un grand broyeur marqué "garageband". Enfin "band"... On se comprend.
L'album contient tout de même ces petites perles qui font qu'un album d'Eels reste un album d'Eels. "Mansions of Los Feliz" (là ou est en partie enregistré l'album donc) nous emmène à vol d'oiseau rejoindre la fratrie des Daisies Of The Galaxy. Le jaune de nos sourires s'efface enfin, laissant place au blanc de la sincérité. Oui, jaune est une métaphore.
Et sinon en dehors de ça?
Comme je l'ai précédemment dit, un album d'Eels reste un album d'Eels. On y retrouve ses ballades pianistiques, simples, bien écrites ("A Line In The Dirt"). C'est émouvant, ça pourrait être dans un film, lors de la fameuse rupture qui arrache une larme aux plus sensibles d'entre nous.
On y retrouve aussi ces petites mélodies à la guitare électrique + capodastre placé préalablement. Des musiques sympathiques, tristounettes, parfois justes mais jamais bien marquantes. La grande peur des fans était d'avoir affaire à un album mou du genou. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est pas là dessus qu'on va danser. Très peu de distorsion dans le son, et quand cela arrive comme sur Paradise Blues , la voix éloignée et pleine de chorus font garder à tout cela un petit côté bien pépère tout de même. On se prend à se souvenir de E en taré, en gros fou des pédales de disto, en énergétique. Bah, tout le monde vieillit. Sa pochette en est l'exemple et l'illustration parfaite, finalement. Bon choix.
Donc finalement, on obtient un disque qui sent l'urgence de la tristesse, aussi urgente puisse-t-elle être. Peu de surprises; beaucoup de sad songs et quelques titillements (harmonica par çi, guitares (presque) violentes par là). Rien de transcendant à proprement parlé, en somme. Mark nous offre ce qui est loin d'être son meilleur album. Mais peut-on dire le pire ?
Non. Car d'une part, chaque album d'Eels est assez unique, et surtout en général, ils sont tous égaux dans la qualité. Certains s'envolent un brin au dessus, ou décollent parfois. Mais on ne passe pas des nuages à l'espace, ou même au sol. Notre cher barbu nous accompagne pour "la fin des temps" en ballades et mélancolies. Il est sincère et ces petites phrases lancées comme des piques ("I need a mother, I'm sorry but it's true... I need a lover, not someone like you") nous ferait toujours presque verser une larme. Mais l'habitude à l'émotion est passée pour qui s'est déjà tapé les précédents volets. "Agony", "Going to Your Funeral" ou "Suicide Life" ne pourront être, par ces quelques titres, dépassées dans la tristesse et le mal-être. Rien que les titres perçaient nos yeux. Cependant, ça reste attendrissant.
Concernant la note, je me fis au terme "sympa", car c'est dur de juger un vieux bonhomme qui a quand même suivi toutes mes ruptures amoureuses, toutes mes larmes aux fil des années lycée.
Donc, un album encore bon, mais qui laisse planer un désagréable doute cependant quant au suivant. Une remise en question serait peut-être envisageable et à envisager? Oh et puis après tout, c'est notre vieil oncle vous disais-je! On pourrait l'écouter raconter ses histoires encore et encore, la nostalgie dans l'œil humide.
S'il n'y a pas que du faux là dedans, c'est au fur et à mesure des années que Mark Oliver Everett a su imposer son style dans la musique rock indé. Bien que souvent caricaturé à son premier album, l'homme a puisé et puisé encore dans ses ressources pour nous offrir des textes poignants et émouvants, des mélodies à se jeter d'un pont, et surtout des hymnes variés à la tristesse, la mélancolie. Enfin variés, oui et non.
Non car comme beaucoup le ressentent, Everett a surtout "capté un truc", qu'il récupère en différentes couleurs, différentes formes. Mais un chat, siamois ou bâtard, reste un chat.
Et oui, parce que les albums ont un esprit, un âme chez Eels. Certains, très durs et éprouvants, racontent les décès successifs dans la famille d'Eels, comme Electroshock Blues. D'autres se la jouent juste sur l'aspect musical, bourrin et experimental comme un Souljacker. On passe donc d'un CD de rock presque blues, à un autre plus orchestral et plus posé; à encore un autre, gigantesque film audio, ballades de pianos et sons aériens en tête, comme le féérique Blinking Lights And Other Revelations.
Mark est un vieux pote. Un vieil oncle plutôt. Le genre qui sera toujours là pour vous dépanner, vous tendre une oreille attentive. Celui qui a du vécu dans sa vie, celui qui porte tant de cicatrices, qu'on dirait qu'il n'a que ça, en débit du bonheur. Oh bien sur, il pourrait s'en plaindre simplement et répondre aux caricatures. Mais non, il en rirait presque. Comme cette scène diffusée à son concert, tiens!
Dans un mini-film introspectif, Mr. E nous dit qu'il va voir sa mère. Ses pas nous guident au cimetière. On --le public-- avale sa salive nerveusement. Puis il tourne la tête de gauche à droite, semble chercher quelque chose puis annonce: "Ah, ma sœur doit être par là aussi. "
Sa barbe dense cache un sourire triste et mélancolique. Ce sourire est l'essence de toute la musique d'Eels.
Alors pour cet album, car nous y venons, j'ai ma théorie. Hombre Lobo était l'ardent désir d'obtenir une femme. L'attirance de la chair fraîche, et comme si cela avait marché pour lui, l'album sent bon le rock crasseux, les paroles "in love" et le sous-titres, 12 chansons du désir, nous ferait presque croire au bonheur mérité, enfin, pour ce cher E. Fin de l'histoire ?
Non, surement plaqué par la dame obtenue quelques mois plus tard, notre loser préféré rentre vite en studio pour dit-il, sortir un album dont les thèmes seront plutôt centrés sur la rupture amoureuse. Argh. Courage Dear Uncle me dis-je, pendant que je lance End Times, huitième opus s'il en est.
Entièrement enregistré chez lui --presque dans sa cave apparemment, l'album s'ouvre sur le lo-fi et triste "The Beginning". Le ton est donné. Hombre Lobo ressort ses sons crasseux ("Gone Man") pour nous écarter du plaisir de l'Amour charnel, et nous ramener à ces petites choses qui éclatent. Nos cœurs. Nos vies parfois.
Le son semble lointain. Comme si Blinking Lights avait été passé dans un grand broyeur marqué "garageband". Enfin "band"... On se comprend.
L'album contient tout de même ces petites perles qui font qu'un album d'Eels reste un album d'Eels. "Mansions of Los Feliz" (là ou est en partie enregistré l'album donc) nous emmène à vol d'oiseau rejoindre la fratrie des Daisies Of The Galaxy. Le jaune de nos sourires s'efface enfin, laissant place au blanc de la sincérité. Oui, jaune est une métaphore.
Et sinon en dehors de ça?
Comme je l'ai précédemment dit, un album d'Eels reste un album d'Eels. On y retrouve ses ballades pianistiques, simples, bien écrites ("A Line In The Dirt"). C'est émouvant, ça pourrait être dans un film, lors de la fameuse rupture qui arrache une larme aux plus sensibles d'entre nous.
On y retrouve aussi ces petites mélodies à la guitare électrique + capodastre placé préalablement. Des musiques sympathiques, tristounettes, parfois justes mais jamais bien marquantes. La grande peur des fans était d'avoir affaire à un album mou du genou. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est pas là dessus qu'on va danser. Très peu de distorsion dans le son, et quand cela arrive comme sur Paradise Blues , la voix éloignée et pleine de chorus font garder à tout cela un petit côté bien pépère tout de même. On se prend à se souvenir de E en taré, en gros fou des pédales de disto, en énergétique. Bah, tout le monde vieillit. Sa pochette en est l'exemple et l'illustration parfaite, finalement. Bon choix.
Donc finalement, on obtient un disque qui sent l'urgence de la tristesse, aussi urgente puisse-t-elle être. Peu de surprises; beaucoup de sad songs et quelques titillements (harmonica par çi, guitares (presque) violentes par là). Rien de transcendant à proprement parlé, en somme. Mark nous offre ce qui est loin d'être son meilleur album. Mais peut-on dire le pire ?
Non. Car d'une part, chaque album d'Eels est assez unique, et surtout en général, ils sont tous égaux dans la qualité. Certains s'envolent un brin au dessus, ou décollent parfois. Mais on ne passe pas des nuages à l'espace, ou même au sol. Notre cher barbu nous accompagne pour "la fin des temps" en ballades et mélancolies. Il est sincère et ces petites phrases lancées comme des piques ("I need a mother, I'm sorry but it's true... I need a lover, not someone like you") nous ferait toujours presque verser une larme. Mais l'habitude à l'émotion est passée pour qui s'est déjà tapé les précédents volets. "Agony", "Going to Your Funeral" ou "Suicide Life" ne pourront être, par ces quelques titres, dépassées dans la tristesse et le mal-être. Rien que les titres perçaient nos yeux. Cependant, ça reste attendrissant.
Concernant la note, je me fis au terme "sympa", car c'est dur de juger un vieux bonhomme qui a quand même suivi toutes mes ruptures amoureuses, toutes mes larmes aux fil des années lycée.
Donc, un album encore bon, mais qui laisse planer un désagréable doute cependant quant au suivant. Une remise en question serait peut-être envisageable et à envisager? Oh et puis après tout, c'est notre vieil oncle vous disais-je! On pourrait l'écouter raconter ses histoires encore et encore, la nostalgie dans l'œil humide.
Sympa 14/20 | par S. |
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