Dj Krush

Shinso

Shinso

 Label :     Epic 
 Sortie :    lundi 30 septembre 2002 
 Format :  Album / CD   

Bizarre, comme les critiques changent pour un même support d'un auditeur à l'autre.
Là où certains voyaient l'apparition d'une touche r'n'b trop prononcée pour être honnête sur Code 4109, et voient en ce Shinso le retour d'un abstract hip hop sombre, l'écoute du septième opus du japonais est pour moi totalement inversée.

La première moitié de l'album, de "Trihedron" à "Song For John Walker" est d'une noirceur sourde et bien plus désespérée, certes, que les fourberies parfois sucrées de Code 4109.

"Trihedron" fait dans l'ambient minimaliste bien dark, et le duo avec le rappeur nippon Inden sur "Toki No Tabiji" annonce le "Supreme Team" (avec les pour une fois très moyens Antipop Consortium) ou la mi-fabuleuse "Song For John Walker" (avec les excellents Anticon).

Ces six premières pistes, sans être follement inédites, s'enfoncent dans la spirale initiée au départ ("Sanity Requiem"), jusqu'à sombrer totalement dans les vapeurs anxiogènes chères au DJ ("The Black Hole").

Et voilà donc "Song For John Walker". Distortion sonore, compression, tempo chaotique et flows hargneux pour un texte marqué par un certain double crash dirigé sur un certain symbole de l'arrogante toute-puissance américaine.
Le label Anticon s'est fait remarqué quasiment simultanément avec Antipop Consortium, avec sous son bras tout un "possee" de Mc's aux flows innovants, dont un certain Dose One. Ses prestations mi-rappées mi-chantées laissent rarement indifférent, et disons qu'à tout le moins je me situe du côté des réfractaires. A son apparition dans le morceau, celui-ci change complètement de tonalité, passant d'un minimalisme très abstract hip hop à une sorte de dancehall très étrange. Même si l'ensemble est cohérent et le morceau plutôt original, il faut avouer que le choc peut être rude.

Et c'est justement après ce morceau que les choses se gâtent pour ce Shinso, Dj Krush multipliant alors les prestations accompagnées par du chant. Pas des blaireaux les invités hein: Sly and Robbie ou Angela Esperenza. Mais il faut adhérer, et c'est loin d'être mon cas.
Krushy, mon Krushy, tu t'es perdu mon garçon ? Comment enfiler cette World Music certes âpre mais à l'opposé des ténèbres denses du début de l'album ?

C'est sûrement le concept même de ce disque, mais le résultat c'est que la seconde moitié reste difficilement accessible à ceux qui auront adhéré à la première. Et inversement certainement.


Moyen   10/20
par Gérard Cousin


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