XTC

Il y a cette chanson qui résume tout : "Stupidly Happy". Cette chanson vous infuse en 4 minutes la même gaieté grasse qu'un pack de 6 devant une rediff d'Agences Tous Risques. Son riff, telle une chatouille maléfique, vous entraînant irrémédiablement dans la niaiserie abyssale décrite : 'I'm stupidly happy/My heart pumping wine/I'm stupidly happy/With idiot grin'.
Cette chanson résume tout car cette niaiserie comme effet secondaire immédiat, n'est pas de son seul apanage. À moins de ne pas être tout à fait humain ou d'être fan de Deathspell Omega (ce qui revient sans doute à peu près au même...), c'est tout ce Wasp Star, ce volume 2 d'Apple Venus, qui par la seule force de sa pop, rock et maousse, vous rendra gai comme un italien quand il sait qu'il aura de l'amour et du vin (ou un grand prix du jury à Cannes). Ce qui, Nicole Croisille pourra confirmer, est de l'ordre de la prouesse fantastique. L'album n'est pourtant pas exempt de défaut : une production trop clinquante, des derniers titres moins bons que les premiers (un poil) et une déception (énorme) : seulement 3 chansons de Colin Moulding... Bon ok, c'est son quota habituel mais il suffit de ce "Standing In For Joe" papillotant avec bonhomie McCartneyenne, pour en être terriblement frustré.
Nous sommes en 1999-2000. XTC qui s'était tu durant cette décennie (Nonsuch sorti en 91 et puis plus rien), venait de voir défiler les Blur et autres branquignols de l'outre-manche désirant nous faire croire à coup de singles tout juste moins mauvais que leurs albums, qu'ils étaient les dignes descendants d'un savoir-faire pop so english. Avec les Apple Venus, XTC reprenait sa place de maître, sonnait la fin de la récréation et les bons élèves, forcément un peu soulagés, obéissaient avec entrain au glas délectable.