Fleet Foxes
Helplessness Blues |
Label :
Sub Pop |
||||
Les renards sont de retour dans leur taverne, trois ans après un éponyme qui leur a valu bien plus qu'ils n'espéraient. Épuisés par les tournées et un succès trop fulgurant (mais non moins mérité), ils ont dû déployer toute leur ruse pour ne pas s'échouer sur cette barre casse gueule du deuxième album. La fraîcheur et la féodalité de leur deux premières réalisations sont ici reléguées au rang d'ébauche tant Helplessness Blues révèle une facette qu'on ne leur connaissait pas jusqu'alors : l'ancrage de leurs mélodies pastorales dans la dure modernité de la machine musicale et, par extension, de notre monde.
Il ne faut pas oublier que la bande des six vient de Seattle, ville ô combien prolifique musicalement mais où l'air semble vicié dès que la reconnaissance frappe à ses portes industrielles. Robin Pecknold, catapulté nouvelle figure de proue d'un mouvement qu'il maitrise pourtant mal, s'est retrouvé au centre des attentions médiatico-musicales, chose qu'il n'aurait jamais imaginée en faisant cuire ses buritos dans son ancien job de cuisinier. De là à y voir un parallèle avec un autre barbu aux cheveux longs et blonds, il n'y a qu'un pas que les femmes de ménage de la musique auront tôt fait de ranger bien proprement dans leurs catégories nauséabondes.
Pourtant du talent, il en a au bout des doigts le Robin, et ce n'est pas les douze pistes de ce deuxième album qui viendront contredire ce fait avéré. L'ambiance est toujours à majorité acoustique et folk mais avec cette fois-ci plusieurs couches musicales, souvent au sein d'un même morceau ("Battery Kinzie" ou le monumental "The Shrine/An Argument") qui nous transportent bien au-delà des sphères médiévales de leurs débuts. Pour un grand amateur du premier album comme moi, la claque est rude et la joue reste rougie le temps de quelques écoutes initiatiques où seuls les chœurs font le lien avec la bande de joyeux drilles qui autrefois se contentait de faire un morceau à base de "lay me down" répété tout du long.
Là les choses sont différentes ; On sent que le groupe a souffert de sa reconnaissance, s'est posé beaucoup de questions et veut les partager avec ce public qui les a portés aux nues, au risque de se couper d'eux définitivement. Le pari est osé mais le résultat est excellent pour peu que l'on passe la frustration des premiers instants pour se laisser plonger dans ce maelström d'émotions brutes, apportées davantage par les paroles directes de Pecknold (mention spéciale au morceau titre "Helplessness Blues") que par les chœurs, sur une musique d'une complexité bien à l'image de l'évolution de leurs personnalités.
Le psychédélisme 70's est toujours présent, notamment par le biais de cette voix toujours perchée parmi les étoiles, mais aussi de ces breaks multi-instrumentaux, parfois inspirés de grands noms du progressif comme Sweet Smoke ou King Crimson sans encore en atteindre la portée.
Les renards ont grandi, c'est un fait. Mais leur musique reste un régal pour les oreilles qui aiment réfléchir à ce qui leur passe par le conduit et révèle, avec ce deuxième album, une facette inédite de leur talent, bien plus large que ce que leurs débuts ne laissaient espérer. J'en serais presque à leur souhaiter un crash commercial pour avoir enfin la vraie sève de ce qui se cache sous ces chevelures dorées.
Il ne faut pas oublier que la bande des six vient de Seattle, ville ô combien prolifique musicalement mais où l'air semble vicié dès que la reconnaissance frappe à ses portes industrielles. Robin Pecknold, catapulté nouvelle figure de proue d'un mouvement qu'il maitrise pourtant mal, s'est retrouvé au centre des attentions médiatico-musicales, chose qu'il n'aurait jamais imaginée en faisant cuire ses buritos dans son ancien job de cuisinier. De là à y voir un parallèle avec un autre barbu aux cheveux longs et blonds, il n'y a qu'un pas que les femmes de ménage de la musique auront tôt fait de ranger bien proprement dans leurs catégories nauséabondes.
Pourtant du talent, il en a au bout des doigts le Robin, et ce n'est pas les douze pistes de ce deuxième album qui viendront contredire ce fait avéré. L'ambiance est toujours à majorité acoustique et folk mais avec cette fois-ci plusieurs couches musicales, souvent au sein d'un même morceau ("Battery Kinzie" ou le monumental "The Shrine/An Argument") qui nous transportent bien au-delà des sphères médiévales de leurs débuts. Pour un grand amateur du premier album comme moi, la claque est rude et la joue reste rougie le temps de quelques écoutes initiatiques où seuls les chœurs font le lien avec la bande de joyeux drilles qui autrefois se contentait de faire un morceau à base de "lay me down" répété tout du long.
Là les choses sont différentes ; On sent que le groupe a souffert de sa reconnaissance, s'est posé beaucoup de questions et veut les partager avec ce public qui les a portés aux nues, au risque de se couper d'eux définitivement. Le pari est osé mais le résultat est excellent pour peu que l'on passe la frustration des premiers instants pour se laisser plonger dans ce maelström d'émotions brutes, apportées davantage par les paroles directes de Pecknold (mention spéciale au morceau titre "Helplessness Blues") que par les chœurs, sur une musique d'une complexité bien à l'image de l'évolution de leurs personnalités.
Le psychédélisme 70's est toujours présent, notamment par le biais de cette voix toujours perchée parmi les étoiles, mais aussi de ces breaks multi-instrumentaux, parfois inspirés de grands noms du progressif comme Sweet Smoke ou King Crimson sans encore en atteindre la portée.
Les renards ont grandi, c'est un fait. Mais leur musique reste un régal pour les oreilles qui aiment réfléchir à ce qui leur passe par le conduit et révèle, avec ce deuxième album, une facette inédite de leur talent, bien plus large que ce que leurs débuts ne laissaient espérer. J'en serais presque à leur souhaiter un crash commercial pour avoir enfin la vraie sève de ce qui se cache sous ces chevelures dorées.
Très bon 16/20 | par Palo_santo |
Posté le 21 février 2012 à 02 h 57 |
Rappelez-vous en 2008, Fleet Foxes sortait son premier EP, Sun Giant, et vous avez été nombreux à accrocher sur le titre "Mykonos". C'était un espèce de revival du groupe America, pour ne pas dire Crosby, Stills, Nash & Young. Faites écouter le morceau à n'importe quel moustachu de plus de cinquante ans et il vous le confirmera rapidement : "Ah oui, ça s'entend à des kilomètres, c'est surement du son des années 70 ça... ma jeunesse quoi."
Perdu ! Sun Giant c'est bien du 2008, enregistré à Seattle, par des mecs de Seattle.
Et ce sera d'ailleurs l'unique critique à donner à ces braves chevelus: refaire ce qui a été très bon jadis.
Il n'empêche que les Fleet Foxes ont réussi à faire ce que le public à toujours voulu d'un nouveau groupe : confirmer le succès . Après un premier album qui a cartonné en 2008, voilà-t-il pas que le 2 mai 2011, sort le très attendu Helplessness Blues. Et là, deuxième surprise : les Fleet Foxes confirment une fois de plus. L'album est très bon.
Fleet Floxes, aka le groupe cool et barbu : à suivre de très très près.
Helplessness Blues trouve sa place dans le son des années 2000 et vient se ranger en haut de la file. On pourra (enfin) dire à nos éventuels gosses : "Quand j'avais la vingtaine, il y avait eux, là, les Fleet Foxes." Et si vous avez déjà des mioches, vous pouvez donc leur offrir un sujet de conversation.
Et oui parce que les bons morceaux de l'album sont majoritaires, c'est malheureusement souvent l'inverse. Helplessness Blues est une compilation de bonnes vibes avec des changements de ton et d'ambiance qui arrivent à des moments où on s'y attend le moins.
Il y a clairement eu du travail de qualité pour ce second album, surtout avec le titre "Sim Sala Bim", "Helplessness Blues" ou encore avec le morceaux de huit minutes "Shrine/An Argument" dans lequel Robin Pecknold offre une sacré performance vocale. En revanche, quelques petites chansons chiantes, du genre "Someone You'd Admire". Ma foi, Il en faut toujours un peu.
Ce qu'il faut retenir pour l'instant, c'est que Fleet Foxes aime surprendre son public. Plus important, ils arrivent, le temps d'un EP et de deux albums, à maintenir une bonne qualité de musique. Ce n'est pas tous les groupes qui parviennent à être aussi bon que leur tout premier tube. True story.
Perdu ! Sun Giant c'est bien du 2008, enregistré à Seattle, par des mecs de Seattle.
Et ce sera d'ailleurs l'unique critique à donner à ces braves chevelus: refaire ce qui a été très bon jadis.
Il n'empêche que les Fleet Foxes ont réussi à faire ce que le public à toujours voulu d'un nouveau groupe : confirmer le succès . Après un premier album qui a cartonné en 2008, voilà-t-il pas que le 2 mai 2011, sort le très attendu Helplessness Blues. Et là, deuxième surprise : les Fleet Foxes confirment une fois de plus. L'album est très bon.
Fleet Floxes, aka le groupe cool et barbu : à suivre de très très près.
Helplessness Blues trouve sa place dans le son des années 2000 et vient se ranger en haut de la file. On pourra (enfin) dire à nos éventuels gosses : "Quand j'avais la vingtaine, il y avait eux, là, les Fleet Foxes." Et si vous avez déjà des mioches, vous pouvez donc leur offrir un sujet de conversation.
Et oui parce que les bons morceaux de l'album sont majoritaires, c'est malheureusement souvent l'inverse. Helplessness Blues est une compilation de bonnes vibes avec des changements de ton et d'ambiance qui arrivent à des moments où on s'y attend le moins.
Il y a clairement eu du travail de qualité pour ce second album, surtout avec le titre "Sim Sala Bim", "Helplessness Blues" ou encore avec le morceaux de huit minutes "Shrine/An Argument" dans lequel Robin Pecknold offre une sacré performance vocale. En revanche, quelques petites chansons chiantes, du genre "Someone You'd Admire". Ma foi, Il en faut toujours un peu.
Ce qu'il faut retenir pour l'instant, c'est que Fleet Foxes aime surprendre son public. Plus important, ils arrivent, le temps d'un EP et de deux albums, à maintenir une bonne qualité de musique. Ce n'est pas tous les groupes qui parviennent à être aussi bon que leur tout premier tube. True story.
Très bon 16/20
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