Liz Phair

Initialement balancé directement et contre toute attente sur son site web en téléchargement au début de l'été 2010, Funstyle était accompagné d'un message de Liz insistant sur le caractère hautement personnel de cette nouvelle galette, qu'on adore ou qu'on déteste.

Funstyle, comme ses précédents albums, Liz Phair (2003) et Somebody's Miracle (2005), s'est fait descendre par la critique.
À la première écoute, l'auditeur est littéralement largué. Elle parodie M.I.A. en rappant sur "Bollywood" (sur fond de musique indienne); elle utilise abondamment la technique du collage sur de nombreux titres ("Smoke", "U Hate It"), alternant couplets et bavardages; elle s'essaie au minimalisme hip-hop et indianisant sur "Beat Is Up", au porn groove ("My My"), et, plus traditionnel depuis le début des 2000s, au rock fm (le sympa "Satisfied", qui sonne presque comme un tube pour les radios).
L'opus, pour les plus patients, réserve néanmoins quelques jolies surprises. Entre ambiant, indé et trip hop, l'abyssal et aérien "Bang! Bang!" est, en effet, sa plus belle chanson depuis très, très longtemps et son superbe final au piano n'est pas sans rappeler un certain "Canary", sur le fondamental Exile In Guyville (1993). "And He Slayed Her", plus brut dans la prod, rappelle lui aussi le grand frère de Guyville.

Funstyle est un suicide, et Liz le sait. Funstyle est le fruit d'une ex-Queen of Indie Rock, définitivement hors jeu commercialement, et dont les derniers opus ont fortement déçu sa fan base indé, sans qu'elle réussisse, en échange, a en gagné une nouvelle. Funstyle est cependant aussi le fruit d'une artiste libérée, débarrassée du conflit interne entre underground et mainstream, une artiste qui a perdu beaucoup et ne cherche plus rien à gagner, juste à se faire plaisir et à rester fidèle à elle-même. Funstyle ou, dans un sens, le Metal Machine Music de Liz Phair.