Crass
Penis Envy |
Label :
Crass |
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Crass, le collectif britannique d'artistes punks, revient en 1981, après deux brûlots anarcho-punks, nous proposer son meilleur album.
Concernant l'art de Crass, les critiques négatives de l'époque prétendaient qu'il gagnait plus à être lu qu'à être écouté. Je leur donne raison sur un point ; les textes sont un travail d'orfèvre, de véritables poèmes punks percutants et d'une profonde justesse. En revanche, la musique vaut également son pesant de louanges. Les deux précédents essais présentaient un groupe habité par une rage sonique délivrant ses courtes pistes corrosives avec une esthétique punk radicale. Sur Penis Envy, seuls 4 morceaux peuvent encore s'apparenter au punk "classique" des deux premiers opus. La remise en question musicale du collectif fait ses preuves ; des morceaux comme "What The Fuck?" (une récitation de 6 minutes d'un texte assez hermétique sur l'environnement (?) noyée au milieu de voix radiophoniques enregistrées et d'une plainte féminine aiguë) marquent une rupture nette avec leurs habitudes. "Berketex Bribe" intrigue également l'oreille avec des percussions presque groovies et une guitare catchy... jusqu'à l'explosion finale inévitable de fiel punk.
La plus grande réussite parolière de Crass se cache entre ces deux derniers morceaux. "Where Next Colombus?" est probablement le morceau le plus représentatif de la quintessence de Crass, avec sa guitare saturée et sa batterie tonitruante. Les textes sont géniaux de justesse et d'inventivité, dénoncent l'interprétation erronée des paroles et pensées d'hommes ayant mené à un désastre ou un massacre. Einstein, Jung, Marx, Mussolini, Jesus, Sartre sont ainsi repris par d'aveugles crétins qui créeront selon la situation la bombe atomique (Einsten had an idea from the confusion of his knowledge/Then there were a thousand more turning to advantage./They realised that their god was dead/So they reclaimed power through the bomb instead.) ou un état totalitaire (Mussolini had an idea from the confusion of his heart,/Then there were a thousand more waiting to play their part./The stage was set, the costumes worn/And anothers empire of destruction born.)
Dans la plupart des chansons, la cause féministe est défendue ardemment par la voix furieuse d'Eva Libertine (et Joy De Vivre sur "Health Surface"). Steve Ignorant est en effet présenté comme "membre de Crass absent de l'enregistrement), au profit de Libertine qui se donne à coeur joie sur des morceaux comme "Dry Weather", qui peint un portrait peu flatteur des attitudes macho sur fond de groove fracassé, ou encore "Smother Love" qui crache sur l'idée populaire de l'amour (Love don't make the world go round, it holds it right in place [...] Another way to make men slaves and women at their beckon.)
Crass arrive donc en l'an de grâce 81 à fournir ce qui restera peut-être comme le plus intéressant des manifestes littéraires de punk, tout en mettant en avant de nombreuses innovations musicales dignes d'être prises en compte. On notera également la présence d'une piste cachée, "Our Wedding", parodie de chanson de mariage envoyée anonymement à un magazine de jeune fille qui la diffusa jusqu'à ce que l'on s'aperçoive de la supercherie. Ce canular militant n'est qu'un des nombreux pieds-de-nez que Crass s'évertuera à perpétrer à l'encontre du gouvernement conservateur de Margaret Thatcher tout au long de sa carrière, jusqu'à sa fin digne en 1984.
Concernant l'art de Crass, les critiques négatives de l'époque prétendaient qu'il gagnait plus à être lu qu'à être écouté. Je leur donne raison sur un point ; les textes sont un travail d'orfèvre, de véritables poèmes punks percutants et d'une profonde justesse. En revanche, la musique vaut également son pesant de louanges. Les deux précédents essais présentaient un groupe habité par une rage sonique délivrant ses courtes pistes corrosives avec une esthétique punk radicale. Sur Penis Envy, seuls 4 morceaux peuvent encore s'apparenter au punk "classique" des deux premiers opus. La remise en question musicale du collectif fait ses preuves ; des morceaux comme "What The Fuck?" (une récitation de 6 minutes d'un texte assez hermétique sur l'environnement (?) noyée au milieu de voix radiophoniques enregistrées et d'une plainte féminine aiguë) marquent une rupture nette avec leurs habitudes. "Berketex Bribe" intrigue également l'oreille avec des percussions presque groovies et une guitare catchy... jusqu'à l'explosion finale inévitable de fiel punk.
La plus grande réussite parolière de Crass se cache entre ces deux derniers morceaux. "Where Next Colombus?" est probablement le morceau le plus représentatif de la quintessence de Crass, avec sa guitare saturée et sa batterie tonitruante. Les textes sont géniaux de justesse et d'inventivité, dénoncent l'interprétation erronée des paroles et pensées d'hommes ayant mené à un désastre ou un massacre. Einstein, Jung, Marx, Mussolini, Jesus, Sartre sont ainsi repris par d'aveugles crétins qui créeront selon la situation la bombe atomique (Einsten had an idea from the confusion of his knowledge/Then there were a thousand more turning to advantage./They realised that their god was dead/So they reclaimed power through the bomb instead.) ou un état totalitaire (Mussolini had an idea from the confusion of his heart,/Then there were a thousand more waiting to play their part./The stage was set, the costumes worn/And anothers empire of destruction born.)
Dans la plupart des chansons, la cause féministe est défendue ardemment par la voix furieuse d'Eva Libertine (et Joy De Vivre sur "Health Surface"). Steve Ignorant est en effet présenté comme "membre de Crass absent de l'enregistrement), au profit de Libertine qui se donne à coeur joie sur des morceaux comme "Dry Weather", qui peint un portrait peu flatteur des attitudes macho sur fond de groove fracassé, ou encore "Smother Love" qui crache sur l'idée populaire de l'amour (Love don't make the world go round, it holds it right in place [...] Another way to make men slaves and women at their beckon.)
Crass arrive donc en l'an de grâce 81 à fournir ce qui restera peut-être comme le plus intéressant des manifestes littéraires de punk, tout en mettant en avant de nombreuses innovations musicales dignes d'être prises en compte. On notera également la présence d'une piste cachée, "Our Wedding", parodie de chanson de mariage envoyée anonymement à un magazine de jeune fille qui la diffusa jusqu'à ce que l'on s'aperçoive de la supercherie. Ce canular militant n'est qu'un des nombreux pieds-de-nez que Crass s'évertuera à perpétrer à l'encontre du gouvernement conservateur de Margaret Thatcher tout au long de sa carrière, jusqu'à sa fin digne en 1984.
Excellent ! 18/20 | par X_Wazoo |
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