Cloud Nothings

Attack On Memory

Attack On Memory

 Label :     Carpark 
 Sortie :    mardi 24 janvier 2012 
 Format :  Album / CD  Vinyle   

D'emblée, ce qui frappe chez le nouveau cru Cloud Nothings, c'est la production. Steve Albini est aux machines et ça s'entend ; batterie lourde et percussive, voix très près du micro et guitares agressives (bien que débarrassées d'effets). Mais là s'arrête sa contribution, et il serait malhonnête de maximiser son importance dans l'œuvre du groupe. Dylan Baldi, tête pensante et seul membre à part entière, le dit lui même ; pendant l'enregistrement d'Attack On Memory, Albini s'est contenté de "jouer au Scrabble sur Facebook". Ce qui est un compliment quand on connaît la règle du producteur de laisser les musiciens maîtres de leur boulot.

Que vaut donc le travail de Baldi sur Attack On Memory ? Le titre, déjà, doit être ironique tant les spectres de Nirvana et Fugazi (ainsi que des premiers groupes Emo) surgissent constamment tout au long de l'album. Et de fait, Attack On Memory commence extrêmement bien ! Quand on connaît la musique du groupe, on ne s'attend pas à le voir commencer par une piste telle que "No Future/No Past", lente montée en puissance hypnotique qui pour le coup rappelle les grandes envolées de Slint. Exercice complètement maîtrisé par la bande à Baldi dont le message à ce stade de l'album semble être clair ; le nouveau Cloud Nothings sera ambitieux ou ne sera pas.
Sauf que ce morceau sera finalement le seul trempant dans ce style, et de fait le moins représentatif de l'album ; on enchaîne rapidement sur le deuxième et dernier morceau de bravoure de l'album. "Wasted Days", à presque 9 minutes, parvient après un début punk décapant, débordant de riffs lumineux et de roulements de toms, à orienter l'auditeur vers une transe aux accents stoner (sur fond d'égosillements lointains de Baldi, mis en retrait par le mix d'Albini) qui après une nouvelle montée d'adrénaline explose par un final hurlant de toute beauté.

La suite de l'album, en revanche, bien qu'empreinte du même son que les deux premières pistes épiques, donnera grosso-modo dans un punk-pop inspiré mais somme toute assez classique. "Fall In", qui succède à "Wasted Days", est une pop-song calibrée FM bien inoffensive pour qui aura dégusté avec délice le combo précédent. Au fil de l'album, on accepte que le flamme épique du début de la face A ne reviendra plus qu'épisodiquement, notamment durant la sombre "No Sentiment".

Au final, Attack On Memory aurait pu être véritablement excellent s'il avait suivi tout au long de sa demi-heure le culot contenu dans "No Future/No Past" et "Wasted Days". L'album donne néanmoins un bilan très positif en révélant des qualités insoupçonnées de compositions chez Baldi (même si sa voix de geignard punk 1er-de-la-classe peut irriter sur la longueur) et en laisse apparaître une session rythmique performante qui donne l'agréable impression que Cloud Nothings devient enfin un vrai groupe plutôt qu'un projet solo. Dylan Baldi est encore en pleine mutation ; à lui de prouver, si là est son objectif, qu'il peut se donner les moyens de son ambition.


Bon   15/20
par X_Wazoo


 Moyenne 15.33/20 

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Posté le 16 avril 2012 à 17 h 23

Cloud Nothings n'était pas un nom franchement évocateur il y a quelques mois encore.
Auteur d'un premier effort qui était surtout le fruit du travail solo d'un certain Dylan Baldi, Cloud Nothings est entre temps devenu un vrai groupe, puisque les gars qui accompagnaient le frontman en live ont ensuite intégré la formation.
Ajoutons à cela la présence de Steve Albini derrière les manettes et nous voici en présence d'un des premiers (mini) buzz de l'année 2012. Mais qui dit buzz ne dit pas forcément grand disque, l'expérience nous ayant appris à rester prudent. Alors voyons concrètement ce que ce disque a dans le bide.

Petit avertissement pour commencer, puisque le single de lancement, le titre "No Future/No Past" (qui bénéficie au passage, d'un clip assez déroutant), n'est pas représentatif du contenu global de l'album. En effet, ce morceau de près de 5min, lancinant et dépressif (mais fort réussi, notamment sur l'explosion finale), n'est pas à l'image d'un disque qui s'avère nettement moins sombre que ce qu'on pouvait supposer à l'écoute de ce morceau d'ouverture.
Au contraire, "Wasted Days" qui suit juste après est une véritable synthèse du contenu de l'album, avec une intro à la mélodie ultra efficace, un chant punk négligé comme il faut, un gros passage noisy, le tout accompagné d'un son garage bien dégeu, notamment la batterie qui n'a manifestement pas donné lieu à un gros travail d'accordage.
Attack On Memory est un disque aux références multiples, on pense parfois à la power-pop de Weezer pour les mélodies catchy et les airs naïfs de certains morceaux, alors qu'on lorgne parfois beaucoup plus vers un punk-garage plutôt bordélique et bruyant.
Après seulement 8 morceaux, il est déjà temps de baisser le rideau et de compter les morts.

Attack On Memory est un disque assez bancal, avec quelques bons, voire très bons titres. Mais avec seulement 8 compositions au compteur, on pouvait attendre un peu plus de régularité dans la qualité des morceaux.
Le travail de Steve Albini à la production n'a rien de bien folichon et dans l'ensemble, on reste un peu sur sa faim.
L'album n'est pas dénué de qualités pour autant et certains devraient apprécier le petit parfum de décennie 90 qui s'en dégage.
Cependant, Cloud Nothings n'est pas encore un groupe culte, loin de là, et ce contrairement à ce que tente de nous faire gober l'étiquette collée sur l'album...
Sympa   14/20



Posté le 22 juin 2012 à 15 h 10

Je ne sais pas si le titre de l'album doit se comprendre ainsi, mais en effet, Attack on Memory est agressif et en effet, Cloud Nothings ne fait pas dans la pure nouveauté. On pourrait faire une très longue liste des groupes du passé auquel cet album fait penser, je me contenterai de citer Wipers, pour l'alternance de titres catchy et rapides et de morceaux plus longs et intenses. L'album s'ouvre d'ailleurs sur deux d'entre eux, et oui, vraiment, intense est le mot. Les neuf minutes de ce "Wasted Days" sont absolument phénoménales et on se retrouve bien vite à s'époumoner comme le chanteur. Le gros de l'album reste tout de même composé de titres plutôt pop punk à tendance emo, mais gardant leur part de sauvagerie. Ces "Fall in", "Stay Useless" et "Our Plans" sont autant d'hymnes poignants à la jeunesse où la voix fébrile se fait des plus tranchantes. Un mot sur "Our Plans" d'ailleurs, titre qui m'exaspérait relativement au début par son refrain un peu trop répétitif mais qui a finit par me convaincre totalement. C'est tellement rare qu'une chose comme ça m'arrive, alors ça mérite bien d'être mentionné. L'album ne s'attarde pas et passe en 33 minutes, et c'est une de ses forces comme l'est son ambivalence entre les deux styles de morceaux. Seul point regrettable, l'instrumental "Separation" qui renoue avec l'esprit des deux premiers titres, est à mon avis la moins bonne composition, dommage. Reste que Cloud Nothings s'impose avec cet album comme un groupe à surveiller de très près car son leader semble ambitieux et prolifique. S'il parvient à rendre ses influences moins visibles et à évoluer vers un son plus personnel, on pourrait se retrouver avec quelque chose de très intéressant...
Parfait   17/20







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