Gonjasufi
MU.ZZ.LE |
Label :
Warp |
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Décembre 2011. Les fêtes de fin d'année approchent. Tout le monde célèbre ; les familles se retrouvent et s'immergent de cadeaux, les pochtrons s'imbibent joyeusement de bière. Les uns font leur bonnes résolutions avec dans le dos leurs doigts croisés, les autres pestent contre les saletés à venir. Certains prophétisent maladroitement l'apocalypse, d'autres se contentent se grommeler. Sumach Ecks (alias Gonjasufi) , pour son réveillon, a choisi de s'enterrer une nouvelle fois dans son studio.
Au 145, sentier du Désert Mojave, Californie, Ecks est seul. Plus de Flying Lotus, de Gaslamp Killer, de cohortes de participant(e)s divers et variés, juste sa femme qui prête sa voix à deux de ses compositions et Psychopop qui aide à en produire trois. Pour le reste, il est seul maître à bord. Une fois cela acquis, on comprend mieux l'atmosphère qui habite MU.ZZ.LE. Solitaire, Ecks semble fatigué, encore plus stone que d'habitude. Le son typé "Gonjasufi" a toujours été crade, mais ici c'est une crasse différente. Tandis que sur A Sufi and a Killer on l'imaginait s'ébattre joyeusement dans la boue avec ses choristes, une seringue plantée dans l'épaule, il apparait sur MU.ZZ.LE comme flottant dans un marécage du Bayou en marmonnant des insanités saccadées.
Empli de contradiction, en colère contre lui-même, Gonjasufi semble prêt à imploser dans des textes dont on discerne très difficilement le sens tant la moindre de ses paroles est distordue et couverte par les beats. Son songwriting est fragmentaire ; l'album ne dure que 24 minutes, ses morceaux dépassent rarement deux minutes et seuls le single "Nickels and Dimes" et "The Blame" semblent être achevés. Pour le reste on flotte de piste en piste, guidé par le Sufi enfumé et sa voix, qui semble encore plus hypnotisante qu'à l'accoutumée dans cet album abyssal. On s'arrête de temps en temps sur des points de repères qui émergent rarement comme la basse de "Venom" et sa complainte répétitive ou la guitare acide de "Feedin' Birds".
MU.ZZ.LE est cafardeux comme aucun travail de Gonjasufi ne l'a jamais été. L'écouter et le réécouter encore, c'est se confronter à la tentation de s'allonger là, dans les brumes opaques de la production caverneuse de l'homme, d'y rester et de se mettre à contempler le monde à travers un filtre noir de désenchantement...
Et pour cette raison, l'album est puissant. Il fourmille moins que A Sufi..., il est moins luxuriant, moins explosé, moins délirant, mais aussi plus personnel. On tient là ce qui pourrait passer pour la moelle de Gonjasufi, débarrassée des influences annexes dont il se nourrissait sur son précédent LP. Un album introspectif où le chanteur se replie sur lui-même ; idéal pour qui a toujours voulu entrer dans l'esprit dérangé de Sumach Ecks !
Au 145, sentier du Désert Mojave, Californie, Ecks est seul. Plus de Flying Lotus, de Gaslamp Killer, de cohortes de participant(e)s divers et variés, juste sa femme qui prête sa voix à deux de ses compositions et Psychopop qui aide à en produire trois. Pour le reste, il est seul maître à bord. Une fois cela acquis, on comprend mieux l'atmosphère qui habite MU.ZZ.LE. Solitaire, Ecks semble fatigué, encore plus stone que d'habitude. Le son typé "Gonjasufi" a toujours été crade, mais ici c'est une crasse différente. Tandis que sur A Sufi and a Killer on l'imaginait s'ébattre joyeusement dans la boue avec ses choristes, une seringue plantée dans l'épaule, il apparait sur MU.ZZ.LE comme flottant dans un marécage du Bayou en marmonnant des insanités saccadées.
Empli de contradiction, en colère contre lui-même, Gonjasufi semble prêt à imploser dans des textes dont on discerne très difficilement le sens tant la moindre de ses paroles est distordue et couverte par les beats. Son songwriting est fragmentaire ; l'album ne dure que 24 minutes, ses morceaux dépassent rarement deux minutes et seuls le single "Nickels and Dimes" et "The Blame" semblent être achevés. Pour le reste on flotte de piste en piste, guidé par le Sufi enfumé et sa voix, qui semble encore plus hypnotisante qu'à l'accoutumée dans cet album abyssal. On s'arrête de temps en temps sur des points de repères qui émergent rarement comme la basse de "Venom" et sa complainte répétitive ou la guitare acide de "Feedin' Birds".
MU.ZZ.LE est cafardeux comme aucun travail de Gonjasufi ne l'a jamais été. L'écouter et le réécouter encore, c'est se confronter à la tentation de s'allonger là, dans les brumes opaques de la production caverneuse de l'homme, d'y rester et de se mettre à contempler le monde à travers un filtre noir de désenchantement...
Et pour cette raison, l'album est puissant. Il fourmille moins que A Sufi..., il est moins luxuriant, moins explosé, moins délirant, mais aussi plus personnel. On tient là ce qui pourrait passer pour la moelle de Gonjasufi, débarrassée des influences annexes dont il se nourrissait sur son précédent LP. Un album introspectif où le chanteur se replie sur lui-même ; idéal pour qui a toujours voulu entrer dans l'esprit dérangé de Sumach Ecks !
Parfait 17/20 | par X_Wazoo |
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