Robert Fripp
Exposure |
Label :
E.G. |
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Après avoir fait imploser pour la première fois l'entité King Crimson en 74, Robert Fripp s'était reconverti en une "petite cellule libre, mobile et intelligente", multipliant ainsi ses collaborations en louant son inventivité sonore partout où la création l'appelait. S'invitant chez Bowie pour sa trilogie berlinoise, chez Eno pour nombre de ses travaux, ou encore chez Blondie, il devint un acteur important dans le fleurissement de la new-wave.
Ses expérimentations avec Eno donneront lieu au développement d'une nouvelle technologie sonore ; le "Frippertronics", qui marque un grand pas en avant pour l'électronique en offrant un système à base de loops pré-enregistrés (plus tard exploités à fond dans ses albums ambiants "Soundscapes").
Au milieu de ses multiples projets, on notera ici la MOR Trilogy dont Exposure est censé être le troisième mouvement, les deux autres étant le deuxième album de Peter Gabriel et le Sacred Songs de Dary Hall. Le résultat de ce projet est assez difficile à jauger tant la variété des styles est grande et la répartition des morceaux bordéliques sur les 3 disques ("Exposure" se retrouve également sur l'album de Gabriel tandis que "Urban Landscape" et "You Burn Me Up" sont inclus dans le disque de Hall)... Mais, aussi hétérogène que puisse être l'album, les pistes prises unes par unes dévoilent des qualités de composition et d'interprétations indéniables.
Le choix des nombreux vocalistes, déjà, est extrêmement judicieux. La voix aiguë de crooner agité de Dary Hall, crédité en co-compositeur, fait remuer le rockabilly de "You Burn Me Up" et imprègne "Chicago" de théâtralité affectée. Et question prestation théâtrale, celle de Terre Roche en est une autre ; elle déchire purement et simplement la trame harmonique calme du morceau "Exposure" par ses hurlements passionnés ! Peter Hamill, la tête pensante de Van Der Graaf Generator, fait fonctionner son organe à plein régime dans "Disengage", où il se fait plus que jamais menaçant, délivrant une prestation violente du niveau de celles qui, quelques années plus tôt traumatisèrent Johnny le pourri. Peter Gabriel, enfin, fait bénéficier "Here Comes The Flood" de sa voix triste.
Et Fripp dans tout ça ? Il s'occupe, lui, en compagnie de Brian Eno, Tony Levin, Phil Collins, etc, de donner un son unique à son album. Ses étranges bidouillages sonores imprègnent le disque d'un ton aquatique, comme s'il faisait sonner ses guitares depuis le fond d'un lac... Tantôt contemplatif sur "Water Music II" ou "Urban Landscape", il sait aussi se montrer menaçant sur des pistes comme "Breathless", où il convoque les fantômes de Red, ou encore "Disengage" sur lequel est préfiguré le son des futurs King Crimson, The Power To Believe en tête.
En concevant l'album, Fripp se voulait complaisant avec l'industrie musicale, fermée à l'expérimentation. Dans son esprit, Exposure est donc commercial, mais il se révèle au final riche en expérimentations ; une espèce de condensé "calibré" de ses travaux précédents avec Eno.
Non, Fripp n'a pas vendu son âme au Démon Corporatiste, il s'est seulement ouvert au grand public, s'est essayé à la concision sans perdre sa crédibilité ou son authenticité.
Ses expérimentations avec Eno donneront lieu au développement d'une nouvelle technologie sonore ; le "Frippertronics", qui marque un grand pas en avant pour l'électronique en offrant un système à base de loops pré-enregistrés (plus tard exploités à fond dans ses albums ambiants "Soundscapes").
Au milieu de ses multiples projets, on notera ici la MOR Trilogy dont Exposure est censé être le troisième mouvement, les deux autres étant le deuxième album de Peter Gabriel et le Sacred Songs de Dary Hall. Le résultat de ce projet est assez difficile à jauger tant la variété des styles est grande et la répartition des morceaux bordéliques sur les 3 disques ("Exposure" se retrouve également sur l'album de Gabriel tandis que "Urban Landscape" et "You Burn Me Up" sont inclus dans le disque de Hall)... Mais, aussi hétérogène que puisse être l'album, les pistes prises unes par unes dévoilent des qualités de composition et d'interprétations indéniables.
Le choix des nombreux vocalistes, déjà, est extrêmement judicieux. La voix aiguë de crooner agité de Dary Hall, crédité en co-compositeur, fait remuer le rockabilly de "You Burn Me Up" et imprègne "Chicago" de théâtralité affectée. Et question prestation théâtrale, celle de Terre Roche en est une autre ; elle déchire purement et simplement la trame harmonique calme du morceau "Exposure" par ses hurlements passionnés ! Peter Hamill, la tête pensante de Van Der Graaf Generator, fait fonctionner son organe à plein régime dans "Disengage", où il se fait plus que jamais menaçant, délivrant une prestation violente du niveau de celles qui, quelques années plus tôt traumatisèrent Johnny le pourri. Peter Gabriel, enfin, fait bénéficier "Here Comes The Flood" de sa voix triste.
Et Fripp dans tout ça ? Il s'occupe, lui, en compagnie de Brian Eno, Tony Levin, Phil Collins, etc, de donner un son unique à son album. Ses étranges bidouillages sonores imprègnent le disque d'un ton aquatique, comme s'il faisait sonner ses guitares depuis le fond d'un lac... Tantôt contemplatif sur "Water Music II" ou "Urban Landscape", il sait aussi se montrer menaçant sur des pistes comme "Breathless", où il convoque les fantômes de Red, ou encore "Disengage" sur lequel est préfiguré le son des futurs King Crimson, The Power To Believe en tête.
En concevant l'album, Fripp se voulait complaisant avec l'industrie musicale, fermée à l'expérimentation. Dans son esprit, Exposure est donc commercial, mais il se révèle au final riche en expérimentations ; une espèce de condensé "calibré" de ses travaux précédents avec Eno.
Non, Fripp n'a pas vendu son âme au Démon Corporatiste, il s'est seulement ouvert au grand public, s'est essayé à la concision sans perdre sa crédibilité ou son authenticité.
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
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