S / S / S
Beak & Claw |
Label :
Anticon |
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On se demande rarement s'il existe une sorte de concurrence dans l'industrie indépendante du disque. Que pense Sufjan Stevens de l'arrivée de Son Lux dans la cour des miracles multi instrumentaux polishés ? A-t-il poussé vers l'électro sur The Age Of Adz pour le suivre sur un chemin qui allait de toute façon un beau jour croiser le sien ou alors était-ce pour tenter de le devancer avant que ce dernier ne lui fasse de l'ombre en devenant la référence de la profusion sans effusion ?
Beak & Claw nous apporte la réponse dans ce cas ci : il n'en est rien. Pour preuve, suite à leur collaboration sur la charitable compilation Dark Was The Night, Sufjan Stevens et le rappeur chicagoan Serengeti veulent faire perdurer la rencontre des extrapolations oniriques du premier et l'univers rap du second au-delà de cette levée de fonds contre le sida. Rapidement enlisé après quelques tentatives, le duo s'ouvre sans hésitation vers une troisième figure de marque : Son Lux. Le passif du jeune dernier complémentaire à celui des deux instigateurs est en toute logique propice à la réussite d'un cocktail encore bien meilleur et constituera même les fondations de ce triptyque. Trois initiales facile à retenir et s / s / s est né.
Cet EP, diffusé sur la toile via Anticon, est ainsi l'occasion inespérée pour les fans de Stevens et Lott de les entendre œuvrer ensemble et pigmenter quatre morceaux de leur sens de la composition et de l'orchestration racé. Ce Beak & Claw est un mets de choix puisqu'il permet de goûter en même temps à l'aplomb de Sufjan et la pudeur de Son Lux, de se perdre dans le lyrisme sous autotune et la richesse éclatante de The Adz Of Adz, et de ressentir les déflagrations métalliques de We Are Rising compressant les murmures de fausset du fils lumière. Les basses n'ont jamais été aussi profondes et pénétrantes, les violons si sinueux et les claviers cosmiques dont les échos que l'on croit perdus reviennent comme des boomerangs. Sûrement la plus riche de toutes, "Museum Day", pièce d'ouverture, marque de ses six minutes l'immense pouvoir des deux mélomanes à connecter leurs savants esprits. Audacieux orfèvres, ils condensent une atmosphère arquée entre pop, rap et glitch avec pour base la mélancolie prégnante de Son Lux qui, l'air de rien, a raflé la clé des tonalités aux deux autres et marque donc cet EP de sa détresse que l'on sait de toute façon gage de fertilité.
Et alors, Serengeti dans tout ca ? Une fois la machine lancée, le rappeur trouve sa place dans cet univers plombé par les basses et les grondements électroniques grâce à sa voix quasi robotique, proche d'un Buck 65. Avec son flow grave et solennel, son rôle s'approche de celui d'un médiateur. Porte parole du trio, il se charge de la morale, avec discernement et une bonne dose d'humour mais aussi froid que le marbre, presque effacé. Il faut dire que ses acolytes, bien qu'ils laissent le champ libre occupés sur leurs machines à tisser, impressionnent dans leur coin. Même s'il se contentent de faire échos, leurs voix à l'unisson dans un respect quasi religieux, immaculé ont un impact inégalable. D'ailleurs il faudra compter sur Shara Worden (My Brightest Diamond) pour le jovial "If This Is Real" ou DoseOne (Subtle, Themselves) sur "Octomom" et sa country à guimbarde pour restaurer cet équilibre bien qu'il n'aille pas forcément dans le sens de Serengeti. Lui restera finalement le ciment entre les morceaux, le fils conducteur dans ces différentes ambiances changeantes, pour le rythme supplémentaire qu'il insuffle en chantant plutôt que son sens du verbe.
Ainsi, si l'on retiendra de ce projet s / s / s surtout les noms de Sufjan Stevens et Son Lux, c'est parce qu'il marque une façon supplémentaire pour ses deux super actifs de briller abondamment et surtout en se trouvant l'un l'autre. En aucun cas de rivaliser bec et ongles ou bec et pinces ! Ces prémisses étant tout à fait prometteuses on ne peut qu'espérer que leur collaboration scintillante se s'arrête pas là. Avec Serengeti, ou même mieux sans...
Beak & Claw nous apporte la réponse dans ce cas ci : il n'en est rien. Pour preuve, suite à leur collaboration sur la charitable compilation Dark Was The Night, Sufjan Stevens et le rappeur chicagoan Serengeti veulent faire perdurer la rencontre des extrapolations oniriques du premier et l'univers rap du second au-delà de cette levée de fonds contre le sida. Rapidement enlisé après quelques tentatives, le duo s'ouvre sans hésitation vers une troisième figure de marque : Son Lux. Le passif du jeune dernier complémentaire à celui des deux instigateurs est en toute logique propice à la réussite d'un cocktail encore bien meilleur et constituera même les fondations de ce triptyque. Trois initiales facile à retenir et s / s / s est né.
Cet EP, diffusé sur la toile via Anticon, est ainsi l'occasion inespérée pour les fans de Stevens et Lott de les entendre œuvrer ensemble et pigmenter quatre morceaux de leur sens de la composition et de l'orchestration racé. Ce Beak & Claw est un mets de choix puisqu'il permet de goûter en même temps à l'aplomb de Sufjan et la pudeur de Son Lux, de se perdre dans le lyrisme sous autotune et la richesse éclatante de The Adz Of Adz, et de ressentir les déflagrations métalliques de We Are Rising compressant les murmures de fausset du fils lumière. Les basses n'ont jamais été aussi profondes et pénétrantes, les violons si sinueux et les claviers cosmiques dont les échos que l'on croit perdus reviennent comme des boomerangs. Sûrement la plus riche de toutes, "Museum Day", pièce d'ouverture, marque de ses six minutes l'immense pouvoir des deux mélomanes à connecter leurs savants esprits. Audacieux orfèvres, ils condensent une atmosphère arquée entre pop, rap et glitch avec pour base la mélancolie prégnante de Son Lux qui, l'air de rien, a raflé la clé des tonalités aux deux autres et marque donc cet EP de sa détresse que l'on sait de toute façon gage de fertilité.
Et alors, Serengeti dans tout ca ? Une fois la machine lancée, le rappeur trouve sa place dans cet univers plombé par les basses et les grondements électroniques grâce à sa voix quasi robotique, proche d'un Buck 65. Avec son flow grave et solennel, son rôle s'approche de celui d'un médiateur. Porte parole du trio, il se charge de la morale, avec discernement et une bonne dose d'humour mais aussi froid que le marbre, presque effacé. Il faut dire que ses acolytes, bien qu'ils laissent le champ libre occupés sur leurs machines à tisser, impressionnent dans leur coin. Même s'il se contentent de faire échos, leurs voix à l'unisson dans un respect quasi religieux, immaculé ont un impact inégalable. D'ailleurs il faudra compter sur Shara Worden (My Brightest Diamond) pour le jovial "If This Is Real" ou DoseOne (Subtle, Themselves) sur "Octomom" et sa country à guimbarde pour restaurer cet équilibre bien qu'il n'aille pas forcément dans le sens de Serengeti. Lui restera finalement le ciment entre les morceaux, le fils conducteur dans ces différentes ambiances changeantes, pour le rythme supplémentaire qu'il insuffle en chantant plutôt que son sens du verbe.
Ainsi, si l'on retiendra de ce projet s / s / s surtout les noms de Sufjan Stevens et Son Lux, c'est parce qu'il marque une façon supplémentaire pour ses deux super actifs de briller abondamment et surtout en se trouvant l'un l'autre. En aucun cas de rivaliser bec et ongles ou bec et pinces ! Ces prémisses étant tout à fait prometteuses on ne peut qu'espérer que leur collaboration scintillante se s'arrête pas là. Avec Serengeti, ou même mieux sans...
Bon 15/20 | par TiComo La Fuera |
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