My Bloody Valentine
MBV |
Label :
Not On Label (My Bloody Valentine Self-released) |
||||
Je dois avouer que j'ai vite été gagné par l'excitation générale quand le troisième album de My Bloody Valentine a été annoncé en début d'année. La courte discographie du groupe a fini par passer en boucle chez moi pendant un mois et le trépignement atteignit des magnitudes rarement vues depuis la sortie de PokéMon Snap sur Nintendo 64.
Et au final, patatras, vlan, bruit de vieille baudruche qui se dégonfle, bide. Les trois premières pistes augurent de quelque chose dans la lignée de Loveless... ça commence doucement, on se dit que les choses vont prendre de l'ampleur, que le volume sonore va grossir, qu'une quelconque forme d'intensité va pointer le bout de son nez... Sauf que non. Au mieux, ces trois chansons pourraient passer pour des faces B de Loveless, mais du genre pas très intéressant... Allez, le titre d'ouverture "She Found Now" aurait même pu trouver sa place sur l'album mythique, mais il aurait fallu le placer entre deux titres énergiques pour qu'il fasse office d'interlude calme (à la manière de ceux qui existent déjà sur Loveless) chargé d'une légère tension. Le problème c'est qu'il n'y a quasiment rien sur m b v qui soit vraiment plus excité que ça.
Le groupe enfile ses perles neurasthéniques avec un manque de passion assez navrant, ne distillant qu'un ennui même pas confortable. Qu'ils jouent la carte de la tranquillité atmosphérique enivrante, pourquoi pas, mais le problème c'est qu'il n'y a quasiment aucune mélodie pour aller avec. Quelques ébauches naissent ici et là mais restent à l'état d'embryons bien peu entraînants. En apparence, on retrouve pourtant bien le son de Loveless avec ces guitares noyées dans des échos psychédéliques ou ces rythmes vaguement apparentés baggy / madchester comme sur "Soon" ("New You"), mais si l'on gratte un peu... On ne tombe que sur du vide. Là où, sur Loveless, on pouvait avoir l'impression de naviguer parmi dix couches de guitares en permanence, dans un océan de marshmallows en fusion constante, m b v aura bien du mal à donner le vertige ou à filer des caries tant le son est plat, fade et peu excitant.
Je ne suis pourtant pas du genre à descendre un nouvel album attendu quand il ne renoue pas avec succès avec la recette du précédent, mais dans ce cas m b v tente justement désespérément de reproduire la recette magique de son aîné, mais manque cruellement d'ingrédients et de consistance. On s'en fiche que ça sonne comme si c'était sorti en 1993, on n'attendait pas vraiment My Bloody Valentine pour entendre quelque chose qui n'avait rien à voir avec du shoegaze (genre un peu difficile à faire évoluer). Non, on attendait bien My Bloody Valentine pour nous refaire rêver soit avec une collection de tubes noise pop imparables à la Isn't Anything ou pour nous noyer sous un océan rose sucré à la Loveless. Et c'est bien pour cette dernière option que le groupe à opté, mais le problème, c'est que c'est clairement marée basse...
Le groupe tente tout de même quelques expérimentations rythmiques étranges sur les trois dernières pistes, mais le résultat est loin d'être parfait, entre un "Nothing Is" trois fois trop long et tout simplement inécoutable et un "Wonder 2" plus intéressant avec un beat semblant échappé du Tri Repetae d'Autechre évoluant vers un capharnaüm noisy assez ébouriffant. Hélas le mixage étrange peine à hisser ces titres au-delà du stade de l'expérimentation... Au final donc, pas un album spécialement désagréable, surtout si on ne l'écoute que d'une oreille, mais une suite bien décevante qui ne parvient aucunement à captiver les sens. Allez, comme pour Godspeed You! Black Emperor, on espère que cet album du retour n'est qu'un échauffement (quoique très réussi pour les Canadiens) avant un véritable retour au studio qui nous offrira d'incroyables albums dans le futur !
PS : désolé pour toutes les métaphores culinaires et marines qui se sont glissées dans cette lamentable chronique.
Et au final, patatras, vlan, bruit de vieille baudruche qui se dégonfle, bide. Les trois premières pistes augurent de quelque chose dans la lignée de Loveless... ça commence doucement, on se dit que les choses vont prendre de l'ampleur, que le volume sonore va grossir, qu'une quelconque forme d'intensité va pointer le bout de son nez... Sauf que non. Au mieux, ces trois chansons pourraient passer pour des faces B de Loveless, mais du genre pas très intéressant... Allez, le titre d'ouverture "She Found Now" aurait même pu trouver sa place sur l'album mythique, mais il aurait fallu le placer entre deux titres énergiques pour qu'il fasse office d'interlude calme (à la manière de ceux qui existent déjà sur Loveless) chargé d'une légère tension. Le problème c'est qu'il n'y a quasiment rien sur m b v qui soit vraiment plus excité que ça.
Le groupe enfile ses perles neurasthéniques avec un manque de passion assez navrant, ne distillant qu'un ennui même pas confortable. Qu'ils jouent la carte de la tranquillité atmosphérique enivrante, pourquoi pas, mais le problème c'est qu'il n'y a quasiment aucune mélodie pour aller avec. Quelques ébauches naissent ici et là mais restent à l'état d'embryons bien peu entraînants. En apparence, on retrouve pourtant bien le son de Loveless avec ces guitares noyées dans des échos psychédéliques ou ces rythmes vaguement apparentés baggy / madchester comme sur "Soon" ("New You"), mais si l'on gratte un peu... On ne tombe que sur du vide. Là où, sur Loveless, on pouvait avoir l'impression de naviguer parmi dix couches de guitares en permanence, dans un océan de marshmallows en fusion constante, m b v aura bien du mal à donner le vertige ou à filer des caries tant le son est plat, fade et peu excitant.
Je ne suis pourtant pas du genre à descendre un nouvel album attendu quand il ne renoue pas avec succès avec la recette du précédent, mais dans ce cas m b v tente justement désespérément de reproduire la recette magique de son aîné, mais manque cruellement d'ingrédients et de consistance. On s'en fiche que ça sonne comme si c'était sorti en 1993, on n'attendait pas vraiment My Bloody Valentine pour entendre quelque chose qui n'avait rien à voir avec du shoegaze (genre un peu difficile à faire évoluer). Non, on attendait bien My Bloody Valentine pour nous refaire rêver soit avec une collection de tubes noise pop imparables à la Isn't Anything ou pour nous noyer sous un océan rose sucré à la Loveless. Et c'est bien pour cette dernière option que le groupe à opté, mais le problème, c'est que c'est clairement marée basse...
Le groupe tente tout de même quelques expérimentations rythmiques étranges sur les trois dernières pistes, mais le résultat est loin d'être parfait, entre un "Nothing Is" trois fois trop long et tout simplement inécoutable et un "Wonder 2" plus intéressant avec un beat semblant échappé du Tri Repetae d'Autechre évoluant vers un capharnaüm noisy assez ébouriffant. Hélas le mixage étrange peine à hisser ces titres au-delà du stade de l'expérimentation... Au final donc, pas un album spécialement désagréable, surtout si on ne l'écoute que d'une oreille, mais une suite bien décevante qui ne parvient aucunement à captiver les sens. Allez, comme pour Godspeed You! Black Emperor, on espère que cet album du retour n'est qu'un échauffement (quoique très réussi pour les Canadiens) avant un véritable retour au studio qui nous offrira d'incroyables albums dans le futur !
PS : désolé pour toutes les métaphores culinaires et marines qui se sont glissées dans cette lamentable chronique.
Moyen 10/20 | par Jumbo |
Posté le 21 avril 2014 à 09 h 49 |
Les ados qui ont découvert Loveless (1991) à sa sortie ont eu le temps de voir leur crâne se dégarnir quelque peu et des cheveux blancs apparaître au niveau des tempes avant qu'un successeur au disque ultra-culte n'atterrisse dans les bacs... ou plutôt sur la toile (eh ouais, on est en 2013 maintenant). Vingt-deux ans. Vingt-deux ans d'attente ont en effet été nécessaire : Kevin Shields et sa bande ont livré un samedi soir de février sur leur site internet ce MBV à la pochette abstraite couleur bleu nuit. Maintes fois annoncé, maintes fois reporté, voire abandonné, le nouvel et troisième opus des Irlandais, véritable petite Arlésienne du rock indé, se laisse enfin découvrir. Qu'en est-il alors ? Chef-d'oeuvre ? Pétard mouillé ? Disque inégal ? Album pour les nostalgiques ? Album du renouveau ?
Ce qui tout d'abord est certain, c'est que MBV pouvait difficilement réussir le pari de rassembler tout le monde. D'abord parce qu'il suit Loveless et qu'il s'ajoute à une discographie très courte mais irréprochable. Ensuite parce qu'il est attendu depuis – on l'a dit – plus de deux décennies. Et, enfin, parce que chacun a eu durant ces deux décennies le temps de se construire l'Album Idéal ("le digne successeur de Loveless" en quelque sorte) qu'il voulait entendre de la part de My Bloody Valentine. Certains le voulaient dans la continuité de l'album rose, d'autres espéraient qu'il définirait le futur du shoegazing, d'autres encore l'imaginaient totalement en rupture avec ce que le groupe avait proposé par le passé ou bien alors dans une veine plus expérimentale.
Ceux qui attendaient une évolution aussi significative que ce que vingt-deux années auraient pu ou auraient dû logiquement impliquer seront forcément déçus. MBV s'ouvre sur un "She Found Now" au charme lovelessesque : un titre assez proche d'un "Sometimes", par exemple. "New You", probablement l'un des morceaux phares de l'album, a un côté délicieusement dansant et funky qui le rapproche de "Soon". Quant à "If I Am", il n'est pas sans rappeler "To Here Knows When". L'ensemble des (neuf) morceaux que composent la galette 2013 de My Bloody Valentine a le goût incontestable des années 1990, comme un volume deux qui serait ajouté à la bible du shoegazing que constitue Loveless. Même "In Another Way" et son synthé et la pièce instrumentale "Nothing Is", qui s'écartent un tout petit peu des sentiers battus du shoegaze à la Valentine, revêtent tous deux une coloration "jungle" qui évoque les 1990s.
Outre la pointe de déception qui peut être ressentie par l'absence réelle de prise de risque et par le manque d'évolution, on ne peut que constater que MBV s'avère être un très, très bon album. De "She Found Now" au superbe et vibrant final "Wonder 2", en passant par le poppy "New You" ou par le puissant "In Another Way", le groupe déploie les très belles couleurs qui ont fait et qui font aujourd'hui My Bloody Valentine en ancrant sa musique dans le présent.
Ce qui tout d'abord est certain, c'est que MBV pouvait difficilement réussir le pari de rassembler tout le monde. D'abord parce qu'il suit Loveless et qu'il s'ajoute à une discographie très courte mais irréprochable. Ensuite parce qu'il est attendu depuis – on l'a dit – plus de deux décennies. Et, enfin, parce que chacun a eu durant ces deux décennies le temps de se construire l'Album Idéal ("le digne successeur de Loveless" en quelque sorte) qu'il voulait entendre de la part de My Bloody Valentine. Certains le voulaient dans la continuité de l'album rose, d'autres espéraient qu'il définirait le futur du shoegazing, d'autres encore l'imaginaient totalement en rupture avec ce que le groupe avait proposé par le passé ou bien alors dans une veine plus expérimentale.
Ceux qui attendaient une évolution aussi significative que ce que vingt-deux années auraient pu ou auraient dû logiquement impliquer seront forcément déçus. MBV s'ouvre sur un "She Found Now" au charme lovelessesque : un titre assez proche d'un "Sometimes", par exemple. "New You", probablement l'un des morceaux phares de l'album, a un côté délicieusement dansant et funky qui le rapproche de "Soon". Quant à "If I Am", il n'est pas sans rappeler "To Here Knows When". L'ensemble des (neuf) morceaux que composent la galette 2013 de My Bloody Valentine a le goût incontestable des années 1990, comme un volume deux qui serait ajouté à la bible du shoegazing que constitue Loveless. Même "In Another Way" et son synthé et la pièce instrumentale "Nothing Is", qui s'écartent un tout petit peu des sentiers battus du shoegaze à la Valentine, revêtent tous deux une coloration "jungle" qui évoque les 1990s.
Outre la pointe de déception qui peut être ressentie par l'absence réelle de prise de risque et par le manque d'évolution, on ne peut que constater que MBV s'avère être un très, très bon album. De "She Found Now" au superbe et vibrant final "Wonder 2", en passant par le poppy "New You" ou par le puissant "In Another Way", le groupe déploie les très belles couleurs qui ont fait et qui font aujourd'hui My Bloody Valentine en ancrant sa musique dans le présent.
Parfait 17/20
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