Colin Stetson
New History Warfare Vol.3 : To See More Light |
Label :
Constellation |
||||
5 ans après la parution du spectaculaire premier volume de sa trilogie New History Warfare, le saxophoniste mutant Colin Stetson sort le troisième et dernier volume ; To See More Light. L'intitulé est on ne peut mieux choisi, pour un album qui se présente comme une véritable quête initiatique vers la lumière divine -la mystique est très présente dans la musique de Stetson, notamment dans les titres de ses morceaux. Le précédent album Judges justifiait son nom par la présence de Laurie Anderson, dont la grâce glaciale pouvait se comparer à l'incarnation d'un ange de la justice. Dans celui-ci, c'est Justin Vernon alias Bon Iver, le canadien aux harmonies angéliques qu'on ne présente plus, que Colin Stetson a judicieusement choisi pour être le Yang humain de son Ying cuivré.
Un bref rappel pour les deux du fond ; la technique du saxophoniste a ceci d'unique qu'elle permet, grâce à une science des microphones d'enregistrer simultanément les harmonies du saxophone, les percussions de touches de l'instrument et la voix intérieure de Stetson lui-même. Aussi improbable que cela puisse paraître, les morceaux présents sur le disque ont ainsi tous été enregistré live en studio (exception faite des titres avec Bon Iver). Le tout est ensuite arrangé de main de maître par le mix et la production sonique de l'artiste drone-métal Ben Frost. Les paysages sonores ainsi plantés sont rigoureusement inclassables et uniques dans la scène musicale actuelle, ce que ne semblent pas remarquer les colleurs d'étiquettes qui se bornent encore à appeler ça du jazz. Pourtant Stetson propose bien plus que du jazz ou du rock ou de l'ambient. Bien sûr, certains styles sont évoqués dans les 11 pistes de To See More Light, du gospel le plus léger ("What Are You Doing In Heaven Today") jusqu'à l'indus/metal le plus dur (l'étonnant "Brute", dans lequel Stetson se fait plus lourd qu'une locomotive tandis que Vernon imite à merveille le grunt du death-metal).
Mais ce qui épate le plus, c'est la cohérence de l'album ; un tout bien supérieur à la somme de ses parties, témoin d'une vision indiscutablement authentique. Je ne plaisantais pas en parlant plus haut de quête initiatique ! La succession des morceaux et des ambiances est réfléchie en vue de nous donner le sentiment d'une progression le long des harmonies conjointes du saxo de Stetson et du chant de Vernon. Le but est de "voir plus de lumière". Sauf qu'il faudra pour cela passer par les plus noires abysses ("Hunted", "Brute", "Who the Waves Are Roaring For") comme par les vertes vallées ("And In Truth", "What Are They Doing In Heaven Today"), les bois inquiétants ("High Above A Grey Green Sea", "In Mirrors") et les paisibles oasis ("Among the Sef", "Part of Me Apart from You"). Le tour de force de l'album est sans doute la pièce éponyme, morceau de bravoure de 15 minutes et véritable microcosme de l'album. On est ainsi trimbalés avec fluidité entre sentiers tortueux et routes éclairées précédant l'apaisement final.
Une véritable aventure que ce nouveau disque de Colin Stetson... On peut s'attrister que To See More Light ne soit le chant du cygne de la trilogie New History Warfare qui nous a apporté tant de perles depuis 2008, mais tant qu'à faire autant se réjouir de la promesse future d'un nouveau projet cuivré du saxophoniste qui est probablement loin d'avoir dévoilé toutes ses cartes !
Un bref rappel pour les deux du fond ; la technique du saxophoniste a ceci d'unique qu'elle permet, grâce à une science des microphones d'enregistrer simultanément les harmonies du saxophone, les percussions de touches de l'instrument et la voix intérieure de Stetson lui-même. Aussi improbable que cela puisse paraître, les morceaux présents sur le disque ont ainsi tous été enregistré live en studio (exception faite des titres avec Bon Iver). Le tout est ensuite arrangé de main de maître par le mix et la production sonique de l'artiste drone-métal Ben Frost. Les paysages sonores ainsi plantés sont rigoureusement inclassables et uniques dans la scène musicale actuelle, ce que ne semblent pas remarquer les colleurs d'étiquettes qui se bornent encore à appeler ça du jazz. Pourtant Stetson propose bien plus que du jazz ou du rock ou de l'ambient. Bien sûr, certains styles sont évoqués dans les 11 pistes de To See More Light, du gospel le plus léger ("What Are You Doing In Heaven Today") jusqu'à l'indus/metal le plus dur (l'étonnant "Brute", dans lequel Stetson se fait plus lourd qu'une locomotive tandis que Vernon imite à merveille le grunt du death-metal).
Mais ce qui épate le plus, c'est la cohérence de l'album ; un tout bien supérieur à la somme de ses parties, témoin d'une vision indiscutablement authentique. Je ne plaisantais pas en parlant plus haut de quête initiatique ! La succession des morceaux et des ambiances est réfléchie en vue de nous donner le sentiment d'une progression le long des harmonies conjointes du saxo de Stetson et du chant de Vernon. Le but est de "voir plus de lumière". Sauf qu'il faudra pour cela passer par les plus noires abysses ("Hunted", "Brute", "Who the Waves Are Roaring For") comme par les vertes vallées ("And In Truth", "What Are They Doing In Heaven Today"), les bois inquiétants ("High Above A Grey Green Sea", "In Mirrors") et les paisibles oasis ("Among the Sef", "Part of Me Apart from You"). Le tour de force de l'album est sans doute la pièce éponyme, morceau de bravoure de 15 minutes et véritable microcosme de l'album. On est ainsi trimbalés avec fluidité entre sentiers tortueux et routes éclairées précédant l'apaisement final.
Une véritable aventure que ce nouveau disque de Colin Stetson... On peut s'attrister que To See More Light ne soit le chant du cygne de la trilogie New History Warfare qui nous a apporté tant de perles depuis 2008, mais tant qu'à faire autant se réjouir de la promesse future d'un nouveau projet cuivré du saxophoniste qui est probablement loin d'avoir dévoilé toutes ses cartes !
Très bon 16/20 | par X_Wazoo |
En ligne
617 invités et 0 membre
Au hasard Balthazar
Sondages