Melt Banana
Fetch |
Label :
A-Zap |
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" Fameux... " Dirait un vieillard corse circonspect, esquissant un léger rictus descendant, dans un monde tel que nous pourrions le rêver. " S'il y a un album qui mérite de s'appeler " The Shape Of Punk To Come ", c'est bien celui-ci ! " hurlerait sans doute un jeune fan passionné, emporté par son enthousiasme. " Putain y' sont baisés ces japonais... " soupirerait, interdit, un élève du collège Paul Vaillant Couturier de Sarcelles. Et tous auraient raison au sujet de Fetch, dernier album sidérant des Melt Banana.
Dès la première piste, "Candy Gun", miracle. Traversant un ruisseau électronique sur la surface duquel miroitent les sinueux reflets de la lune, portés à mi-chemin par la basse langoureuse de Rika Mm', nous gagnons enfin, au terme d'une navigation mentale d'une minute et demie, le torrent de la section rythmique. Tout se passe comme si, soudain, la musique du groupe Neu! devenait intéressante. Les nappes de guitares superposées et malmenées de Ichirou Agata explosent dans une sorte de feu d'artifice exalté et romantique, le ton de la section rythmique se durcit, et à travers cet orchestre dionysiaque perce la voix de cartoon de Yasuko Onuki, sèche et précise. Et nous voilà entraînés dans un ouragan d'énergie, joyeux au plus haut point.
Oui, joyeux, je n'insisterai jamais assez. Voilà ce qui fait ici la réussite de Melt Banana. Cet album, avant d'être la (véritable) matrice du punk de l'avenir, est un hymne à la joie, une invitation à la fête et à l'extase. Ce qui le place dans la filiation heureuse et débridée de Hüsker Dü et de son printanier Zen Arcade, ou du légendaire Surfer Rosa des Pixies par exemple, toutes choses égales par ailleurs.
L'utilisation très particulière que fait Itchirou Agata du delay, des samplers et de la whammy, pour superposer ses leads, les couper, les bloquer, les prolonger indéfiniment et en modifier à loisir le pitch, semble ici entièrement inspiré par une joie enfantine. Pourtant, son art n'a peut être jamais été porté à un tel degré de maîtrise, car de multiples puissances son convoquées par son jeu infernal et rapide. Une rage hardcore issue des Bad Brains, notamment sur des morceaux comme "Left Dog", qui reprennent et perpétuent quelque chose - un élan, un cri juvénile et absurde, un enthousiasme dans le désespoir - qui a été laissé en friche depuis une bonne vingtaine d'années. Une inventivité dans le détournement qui n'est pas sans évoquer celle de Tom Morello, mais qui devient ici totalement expressionniste, hors de contrôle, aux confins de la musique électronique. Une fougue dans le jeu enfin, et quelque chose de typiquement japonais (l'utilisation de gammes ou modes particuliers peut être?), qui peut évoquer lointainement d'autres guitaristes plus sages comme Sou Yoshikane par exemple, du groupe Zazen Boys... Et mille et une choses encore, qui n'épuisent pas la singularité de son style.
On retrouve cette même innocence, cette même énergie, cette même précision dans la voix de Yasuko Onuki, qui ose même aborder un registre plus mélodique avec succès, le temps d'une chanson (vous avez le droit de fredonner) ou l'on se surprend à entendre un contre-chant ! Le tout soutenu par une section rythmique solide, emmenée par la bassiste Rika mm' et... Mystère ! Très efficace en tout cas. Et quelle merveilleuse idée de faire s'écraser la comète Fetch sur cette note scandaleusement pop : "Zero". Les adieux d'une fanfare surréaliste, sans arrières pensées, purement musicale et joyeuse.
Dès la première piste, "Candy Gun", miracle. Traversant un ruisseau électronique sur la surface duquel miroitent les sinueux reflets de la lune, portés à mi-chemin par la basse langoureuse de Rika Mm', nous gagnons enfin, au terme d'une navigation mentale d'une minute et demie, le torrent de la section rythmique. Tout se passe comme si, soudain, la musique du groupe Neu! devenait intéressante. Les nappes de guitares superposées et malmenées de Ichirou Agata explosent dans une sorte de feu d'artifice exalté et romantique, le ton de la section rythmique se durcit, et à travers cet orchestre dionysiaque perce la voix de cartoon de Yasuko Onuki, sèche et précise. Et nous voilà entraînés dans un ouragan d'énergie, joyeux au plus haut point.
Oui, joyeux, je n'insisterai jamais assez. Voilà ce qui fait ici la réussite de Melt Banana. Cet album, avant d'être la (véritable) matrice du punk de l'avenir, est un hymne à la joie, une invitation à la fête et à l'extase. Ce qui le place dans la filiation heureuse et débridée de Hüsker Dü et de son printanier Zen Arcade, ou du légendaire Surfer Rosa des Pixies par exemple, toutes choses égales par ailleurs.
L'utilisation très particulière que fait Itchirou Agata du delay, des samplers et de la whammy, pour superposer ses leads, les couper, les bloquer, les prolonger indéfiniment et en modifier à loisir le pitch, semble ici entièrement inspiré par une joie enfantine. Pourtant, son art n'a peut être jamais été porté à un tel degré de maîtrise, car de multiples puissances son convoquées par son jeu infernal et rapide. Une rage hardcore issue des Bad Brains, notamment sur des morceaux comme "Left Dog", qui reprennent et perpétuent quelque chose - un élan, un cri juvénile et absurde, un enthousiasme dans le désespoir - qui a été laissé en friche depuis une bonne vingtaine d'années. Une inventivité dans le détournement qui n'est pas sans évoquer celle de Tom Morello, mais qui devient ici totalement expressionniste, hors de contrôle, aux confins de la musique électronique. Une fougue dans le jeu enfin, et quelque chose de typiquement japonais (l'utilisation de gammes ou modes particuliers peut être?), qui peut évoquer lointainement d'autres guitaristes plus sages comme Sou Yoshikane par exemple, du groupe Zazen Boys... Et mille et une choses encore, qui n'épuisent pas la singularité de son style.
On retrouve cette même innocence, cette même énergie, cette même précision dans la voix de Yasuko Onuki, qui ose même aborder un registre plus mélodique avec succès, le temps d'une chanson (vous avez le droit de fredonner) ou l'on se surprend à entendre un contre-chant ! Le tout soutenu par une section rythmique solide, emmenée par la bassiste Rika mm' et... Mystère ! Très efficace en tout cas. Et quelle merveilleuse idée de faire s'écraser la comète Fetch sur cette note scandaleusement pop : "Zero". Les adieux d'une fanfare surréaliste, sans arrières pensées, purement musicale et joyeuse.
Parfait 17/20 | par HoleOfFame |
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