Celeste
Animale(s) |
Label :
Denovali |
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Toujours ces parenthèses singulières sur les pluriels, toujours ces photos en noir et blanc d'enfants quelque part entre l'artistique, le cliché anthropométrique et le truc glauque que l'on trouverait dans le disque dur d'un pédophile. Toujours cette même impression de malaise en contemplant ces instantanés où Eros et Thanatos se côtoient, toujours la même révulsion épidermique dès que jaillissent les premières notes de "Laissé Pour Compte Comme Un Bâtard", toujours la même haine, le même dégoût, la même inspiration issue des latrines et des pires pourrissoirs connus, là où s'écoule la boue putride de vivants charniers.
Céleste poursuit le chemin qu'il s'est créé, bête solitaire sur les territoires de l'infamie. Céleste est de plus en plus ambitieux, a la confiance de ceux qui sont sûrs de la droiture de leur démarche purificatrice et prend le pari de composer un double album sans pitié, né dans la fange et l'ordure, nourrit de putrescence et de fraîches charognes. Toujours ce contraste saisissant entre la part d'angélisme qui s'échappe des clichés et le viol sonore auquel s'applique le groupe et dont le traumatisme perdure chez l'auditeur longtemps après l'écoute.
Si l'on compare Animale(s) aux albums précédents, Céleste semble bien souvent ralentir le tempo et aérer ses compositions mais comment en aurait-il pu être autrement ? Quel être humain serait capable de supporter sans sourciller près de soixante-dix minutes d'abjection pure, de rhétorique de l'obscène, de désespoir sanglant et de chair martyrisé ? Encore une fois, la formation transporte l'auditeur dans un monde où la littérarité des titres n'a pour pendant que la sordidité de la musique incroyablement opaque, étouffante.
Comme à l'accoutumée, ce nouvel album est une pièce brute et monolithique d'où aucune composition ne surnage réellement. Écouter Animale(s), c'est comme regarder un corps couler dans un lac glacé et espérer voir remonter une bulle d'oxygène. Chaque seconde est l'espoir d'un miracle ainsi qu'un enfoncement plus définitif et sans retour vers la puanteur aigre des tréfonds décomposés. Un ralentissement, une envolée d'arpèges, le corps se gonfle de gaz et fait mine de remonter à la surface mais non. Il coule, inéluctablement, et vous coulez avec lui. Les dernières images qui rattachaient votre esprit aux notions de beauté et de confort s'écoulent devant vos yeux hagards dans un ruisseau d'humeurs nauséabondes auquel les presque morts s'abreuvent en jappant.
Céleste pratique toujours ce subtil mélange de screamo hyper violent et de post black metal funèbre qu'il amène à la perfection dans des pièces monumentales de noirceur (les neuf minutes de "Dans Ta Salive, Sur Sa Peau", les huit de l'outro, entre autres) et flétrit nos âmes à la pisse d'adolescentes syphilitiques. Le résultat est d'une beauté incomparable, un pamphlet nécrologique applaudissant la ruine de la candeur et des espérances virginales, une incitation à l'éclatement des perversions refoulées trop longtemps noyées dans l'acide corrosif de la bienséance. Animale(s) est l'avènement des pleurs et des grincements de dents dans un déluge de décibels crasseux. Céleste ne décrit que trop bien toute la noirceur des âmes, j'en garde une terreur que je traînerai des mois durant derrière moi comme Lady Macbeth ne parvenant jamais à laver le sang sur ses mains.
Céleste poursuit le chemin qu'il s'est créé, bête solitaire sur les territoires de l'infamie. Céleste est de plus en plus ambitieux, a la confiance de ceux qui sont sûrs de la droiture de leur démarche purificatrice et prend le pari de composer un double album sans pitié, né dans la fange et l'ordure, nourrit de putrescence et de fraîches charognes. Toujours ce contraste saisissant entre la part d'angélisme qui s'échappe des clichés et le viol sonore auquel s'applique le groupe et dont le traumatisme perdure chez l'auditeur longtemps après l'écoute.
Si l'on compare Animale(s) aux albums précédents, Céleste semble bien souvent ralentir le tempo et aérer ses compositions mais comment en aurait-il pu être autrement ? Quel être humain serait capable de supporter sans sourciller près de soixante-dix minutes d'abjection pure, de rhétorique de l'obscène, de désespoir sanglant et de chair martyrisé ? Encore une fois, la formation transporte l'auditeur dans un monde où la littérarité des titres n'a pour pendant que la sordidité de la musique incroyablement opaque, étouffante.
Comme à l'accoutumée, ce nouvel album est une pièce brute et monolithique d'où aucune composition ne surnage réellement. Écouter Animale(s), c'est comme regarder un corps couler dans un lac glacé et espérer voir remonter une bulle d'oxygène. Chaque seconde est l'espoir d'un miracle ainsi qu'un enfoncement plus définitif et sans retour vers la puanteur aigre des tréfonds décomposés. Un ralentissement, une envolée d'arpèges, le corps se gonfle de gaz et fait mine de remonter à la surface mais non. Il coule, inéluctablement, et vous coulez avec lui. Les dernières images qui rattachaient votre esprit aux notions de beauté et de confort s'écoulent devant vos yeux hagards dans un ruisseau d'humeurs nauséabondes auquel les presque morts s'abreuvent en jappant.
Céleste pratique toujours ce subtil mélange de screamo hyper violent et de post black metal funèbre qu'il amène à la perfection dans des pièces monumentales de noirceur (les neuf minutes de "Dans Ta Salive, Sur Sa Peau", les huit de l'outro, entre autres) et flétrit nos âmes à la pisse d'adolescentes syphilitiques. Le résultat est d'une beauté incomparable, un pamphlet nécrologique applaudissant la ruine de la candeur et des espérances virginales, une incitation à l'éclatement des perversions refoulées trop longtemps noyées dans l'acide corrosif de la bienséance. Animale(s) est l'avènement des pleurs et des grincements de dents dans un déluge de décibels crasseux. Céleste ne décrit que trop bien toute la noirceur des âmes, j'en garde une terreur que je traînerai des mois durant derrière moi comme Lady Macbeth ne parvenant jamais à laver le sang sur ses mains.
Excellent ! 18/20 | par Arno Vice |
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